-
Plus que l’histoire d'un homme en quête de rédemption, le dernier Will Smith est un film incroyablement narcissique. Avec ce rôle, la star trouve une figure christique moderne qui va se sacrifier pour sept personnes qui n’ont à priori aucun rapport. Il faut garder le secret, paraît-il, mais celui-ci s’évente pourtant rapidement à mesure que le mélodrame devient nauséabond. Il baigne dans les bons sentiments mais, en biais, vante le don de soi pour la gloire personnelle. Ce qui, il faut bien le dire, est assez peu louable.
Toutes les critiques de Sept vies
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Ce mélo assumé mise sur une scène d'ouverture choc et la structure elliptique de son récit pour ménager le suspense. Dans une atmosphère lourde, chargée de non-dits, le plan de ce bon samaritain en quête de rédemption se déroule de façon implacable. Impuissant, le spectateur n'en est que davantage bouleversé. Mais on n'avait pas besoin de cette fin tire-larme et trop longue.
- Fluctuat
Avec Sept vies, le toujours plus messianique et mégalo Will Smith retrouve Gabriele Muccino pour un nouveau mélo à destination des enfants sans coeur du capitalisme. Un conte moral et pathos où surnagent quelques beaux éclats sentimentaux.Entre deux rôles de bouffon musculeux, Will Smith aime se lancer désormais dans les tours de force dramatique. C'est une question d'image : on ne peut pas jouer éternellement au Bad Boys, d'autant que depuis Ali l'acteur a prouvé de quoi il est capable. Moins un changement de cap donc qu'une continuité pour Will Smith, qui dans Sept vies retrouve l'architecte de cette seconde carrière, l'italien Gabriele Muccino, son nouveau Pygmalion depuis A la recherche du bonheur. Visiblement, les deux hommes vouent une passion contrariée à l'argent et aux héritiers du capitalisme. On se souviendra qu'A la recherche du bonheur, encensé ici ou là, était un vibrant plaidoyer en faveur d'une société matérialiste et individualiste où le travail est considéré comme un projet existentiel définitif. Après avoir ainsi vanté avec sensiblerie et démagogie les mérites d'un héros sans autre utopie que mener une vie bourgeoise de trader (un symbole de réussite sociale), Muccino se la joue Capra du pauvre avec un conte moral qui voudrait renverser à demi mots les valeurs du film précédent. Un peu comme si le Will Smith d'A la recherche, après un évènement tragique, décidait de sacrifier sa vie vouée à l'argent et à son job pour la consacrer à sauver celles de sept inconnus, et pas un de plus.Pourquoi une telle générosité avec un ton si dépressif ? Pourquoi ce type bossant aux impôts veut-il aider cet aveugle ou cette malade du coeur jouée par la belle Rosario Dawson ? Pas de réponse. Monté sur un scénario à conclusion, Sept vies maintient durant deux heures un suspens pervers, laborieux et prévisible sur les motivations de Will Smith - qui en mode mono expressif en a gros sur la patate. Le début est confus, à trop en dire sans en avoir l'air ou jouer la carte du récit éclaté ; la suite décolle quand Muccino, las d'entretenir le mystère et jouer sur l'étrangeté des situations, se focalise sur une intrigue amoureuse. Dans l'attente d'un verdict poussif et limite : un rééquilibrage comptable du destin en forme de rédemption maso, on se laisse alors toucher par ces bribes sentimentales où Rosario Dawson emporte tout. Car au final la mécanique du film est simple : le lacrymal à tout prix. Et Muccino ne mégotte pas sur l'émotion : chaque mouvement confère au plus banal des plans l'intensité d'une tragédie, quand la musique, omniprésente, surligne la moindre scène. Un vrai conte lyrique, ou plutôt du mélo qui tâche et toucherait davantage si on ne rabâchait pas en permanence qu'être sauvé, ça se mérite. Point d'authentique charité chrétienne pour Muccino et Smith, se sacrifier pour les autres c'est comme le travail, rien n'est gratuit. Non merci. Sept viesDe Gabriele MuccinoAvec : Will Smith, Rosario Dawson, Barry PepperSortie en salles le 14 janvier 2008[mediabox id_media="11609" align="null" width="500" height="333"][/mediabox] Illus. © Sony Pictures Releasing France - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le acteur sur le blog cinéma - Will Smith sur Flu : lire les critiques de I, Robot (2004), Je suis une légende (2007), Hancock (2008)