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Bienvenue dans le monde de Wes Anderson, celui des robes à col Claudine et des gros gilets en laine, des dialogues décalés et des décors stylisés, du spleen et de la béatitude. Modèle de mise en scène, le prologue nous fait découvrir l’intérieur de la maison des Bishop au moyen de somptueux travellings latéraux, circulaires et verticaux. Chaque pièce y est conçue comme un tableau dans lequel les personnages sont statiques ou réduits à la pantomime. Tout est en place, sous contrôle, c’est le cinéma d’un marionnettiste doublé d’un ventriloque – les acteurs disent leurs répliques avec un détachement tel qu’on les croirait soufflées par le cinéaste. Plus encore que dans ses précédents films (Fantastic Mr. Fox mis à part), Anderson pousse la sophistication à l’extrême. Ce parti pris est totalement raccord avec l’univers du conte qu’embrasse Moonrise Kingdom, film éminemment graphique qui suscite une émotion similaire à celle éprouvée devant une toile de maître. Anderson évoque notamment l’influence de l’illustrateur Norman Rockwell et ses scènes du quotidien flirtant avec la caricature. On pense aussi aux impressionnistes, et en particulier à Auguste Renoir, qui savait mieux que quiconque donner vie à ses tableaux avec un pouvoir de suggestion sans limites. Au service de la vision d’Anderson, les acteurs s’amusent avec leur image, Bruce Willis en tête, parfait en flic neurasthénique gagné par l’optimisme.
Toutes les critiques de Moonrise Kingdom
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce septième film d'Anderson (...) est le plus beau depuis "La Vie aquatique" et une somme de son art dont la maîtrise affole plus encore qu'elle n'impressionne.
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Entre idéalisme et dérision, le cinéma [de Wes Anderson] a quelque chose d'insulaire depuis toujours. Chacun de ses films est une bulle défiant la réalité, même quand il s'agit de traverser l'Inde A bord du Darjeeling Limited. Il va, cette fois, au bout de son autarcie : non seulement il ignore le continent, mais il invoque le paradis forcément perdu d'une Amérique encore innocente, guindée et prospère — celle des sixties. (...) Une satire stylée et nostalgique
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Si le cinéma de Wes Anderson n'évolue guère sur la forme (l'utilisation quasi mécanique de travellings), le réalisateur gagne ici en intensité et livre un de ses films les plus tourmentés. L'un des plus beaux, aussi. Un savant cocktail de savoir-faire, à commencer par un casting au diapason et une magnifique bande originale signée Alexandre Desplat. La palme du cœur.
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Wes Anderson se frotte comme personne à la nature et aux grands sentiments avec cette belle histoire d'amour entre deux gamins (...) Il y a de l'humour et aussi beaucoup de nostalgie (...) avec le réalisateur (...) le merveilleux est au bout du chemin.
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Wes Anderson nous dépayse une nouvelle fois avec son univers empreint de poésie, de nostalgie, et d'humour décalé. Un bonheur auquel on ne saurait résister.
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Moonrise Kingdom" est un film en forme d'arc-en-ciel. (...) Wes Anderson, a réuni des comédiens complices (...) pour offrir aux spectateurs une belle palette d'émotions.
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Sans sombrer dans le bégaiement, Wes Anderson creuse son sillon et signe un conte initiatique solaire d'une rare maîtrise.
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Entre les lignes, Anderson recompose une famille comme s'il composait un orchestre. Sans en avoir l'air, ses personnages déclinent des thèmes, des figures rythmiques, des répétitions. (...) Naguère marionnettes, ses acteurs sont désormais des instruments qu'il manie à la perfection et dont il a tiré les notes qu'il voulait.
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Si l'errance magique des deux amoureux dans un lumière bucolique de fin d'été offre un des sommets de l'oeuvre de l'auteur, c'est que l'esprit d'aventure qui courait dans ses film précédents (...) semble brusquement se libérer. Cette libération ne passe pas par une confrontation directe avec le sauvage - qui s'intègre parfaitement au doux et majestueux roulis de la mise en scène - mais par un extraordinaire jeu d'allers-retours entre l'authenticité un peu abrupte des décors et la puissance de fantasme qu'ils recèlent.
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Après un magnifique (premier) baiser de cinéma, la détermination des "mini-lovers" fait craquer le vernis du décorum. (...) Et convoque nos souvenirs d'enfance avec un délicieux mélange de violence et d'humour. On savoure.
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Ceux qui aime l'univers singulier, mélancolique, ludique du jeune dandy col du cinéma indépendant US (...) ne rateront pas ce conte décalé à la folie douce, à la tendresse nonchalante et aux images superbes.
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regarder ce Moonrise Kingdom c'est comme ouvrir son vieux "manuel des castors juniors" et voire qu'on peut enfin fabriquer un talkie-walkie avec des boîtes de conserve. C'est la plus jolie façon de prendre au sérieux les histoires d'amour d'enfance.
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Sentiment de déjà-vu pour le spectateur fan de « la Famille Tenenbaum » ou de « la Vie aquatique », dont « Moonrise Kingdom » reprend peu ou prou les mêmes procédés ? Oui et non, puisque ce nouveau cru reprend le meilleur de la virtuosité andersonienne et déplace ses enjeux sur un terrain jusqu’alors effleuré. L’amour et la solidarité enfantine sont ici au centre d’un film plus que jamais comprimé dans le temps – pas de fresque, cette fois, mais une belle et fugace échappée qui va conditionner le destin de tous les personnages.
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Même si le film privilégie la forme plutôt que le fond, ce Moonrise Kingdom ravira les fans de non-sens, et lèvera agréablement le rideau du Festival de Cannes.
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Fidèle à lui-même, Wes Anderson, convoque un casting 5 étoiles délirants pour raconter une histoire d'amour enfantine pleine de grâce et de clins d'oeil. Un film charmant (...)
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Cette réunion de proches collaborateurs finit par laisser le spectateur loin derrière quand le réalisateur délaisse son histoire d'amour pour des scènes plus grandiloquentes, mais peu motivées.
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C'est un drôle d'objet cinématographique qui ouvrira ce 65ème festival de Cannes. Moonrise Kingdom est un voyage coloré au coeur du pays merveilleux et totalement loufoque de l'américain Wes Andreson. Une élucubration poétique très "auteuriste" (...)
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["Moonrise Kingdom"] redresse la barre, mais n'échappe pas au maniérisme. Habile et virtuose, c'est sûr, car Anderson est un grand cinéaste, mais quand même. On se lasse un peu de ses afféteries narratives et esthétiques.
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Une oeuvre très personnelle, aux accents "mélancoliques", qui malgré un démarrage trop long, offre de réels moments de grâce.
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C’est donc encore une histoire de famille (dysfonctionnelle) et d’enfance sacrifiée qu’observe Wes Anderson, mais cette fois-ci sur un mode volontiers mineur et plus buissonnier qui constitue au final la petite réussite du film et sa relative originalité.
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Le film situé dans les années 60, se lit comme une conte moral sur l'éducation et le rapport à la jeunesse. Wes Anderson amplifie l'aspect fable de son histoire par la mise en scène surréaliste, très dessinée (...) Moonrise Kingdom aurait presque pu être un dessin animé ! Un regret cependant : à trop creuser le sillon du symbole, Wes Anderson oublie de rendre ses personnages attachants et coupe le spectateur de toute émotion.
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Bruce Willis, Edward Norton et Tilda Swinton, ont beau jouer l'ironie avec sérieux, l'enquête est trop lente et l'humour, trop rare.
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["Moonrise Kingdom"] se révèle une équipée bouffonne pas très drôle, voire ennuyeuse. Au secours ! Heureusement que Bruce Willis dans la peau d'un flic triste est, lui, très convaincant.
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L'imaginaire du cinéphile, vous répète-t-on, qui fait défiler des longs métrages en arrière-plan comme sur un fond vert. Déjà dans "À Bord du Darjeeling Limited", le réalisateur organisait un complexe oedipien et sentimental à partir des souvenirs émus du Narcisse noir de Powell et Pressburger. Pour "Moonrise Kingdom", Anderson nous refait le même coup.