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L’année dernière, lorsque le British Film Institute a demandé à Jeff Nichols d’établir sa liste des dix meilleurs films de tous les temps, celui-ci s’est débrouillé pour y caser pas moins de quatre longs métrages avec Paul Newman. Rien que ça. Plutôt qu’un délire monomaniaque, il fallait y voir une profession de foi cinéphile qui ne surprendra aucun spectateur de Mud. En choisissant comme protagoniste de son troisième film un hobo charismatique, le cinéaste a en effet offert à Matthew McConaughey le genre de rôle que Newman tenait dans les 60s. Celui d’un antihéros séduisant et mystérieux, d’un type solitaire qui débarque dans un patelin du sud des États-Unis, chamboule la vie de ses habitants et distille des maximes cool d’une voix traînante avant de repartir dans le soleil couchant. La fascination qu’exerce le fi lm est en grande partie due à la performance radieuse de McConaughey, qui n’aura jamais autant mérité son surnom de « bouddha redneck ». Nichols le met en scène avec l’amour d’un fan, à hauteur d’enfant – l’histoire est racontée du point de vue d’un ado aventureux, sorte d’alter ego du cinéaste. Mud, c’est la rencontre entre Tom Sawyer et Luke la main froide. Un récit initiatique qui aspire à tutoyer les mythes fondateurs de l’Amérique (l’opposition entre la liberté et la loi, l’irruption de la violence dans une nature édénique…) en charriant dans son sillage tout un pan de la culture « Southern Gothic », cette tradition qui va de Mark Twain à Faulkner, de La Nuit du chasseur à La Balade sauvage. Au lieu d’écraser le réalisateur, ces influences lui permettent d’« aérer » son cinéma, de sortir du système claustrophobe mis en place dans Shotgun Stories et Take Shelter. Il y a ici plus de personnages, plus d’intrigues secondaires, plus d’ambition thématique que dans ses deux précédents films, comme si Nichols avait choisi de troquer la forme de la fable contre celle du roman. D’ailleurs, cette ambition nouvelle menace parfois de lui faire perdre le cap : Mud est un peu trop long, pas suffisamment « tenu » ni resserré pour être aussi parfait que dans nos rêves les plus fous. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’aisance avec laquelle le cinéaste s’empare de mythologies séculaires et parvient à redonner une puissance émotionnelle renversante à des clichés vieux comme le (nouveau) monde. Pour son quatrième long métrage, il dit réfléchir à « un film de genre à la John Carpenter, quelque chose dans la veine de Starman ». Cet homme a décidément très bon goût.
Toutes les critiques de Mud : sur les rives du Mississippi
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un thriller hypnotisant avec un Matthew McConaughey transformé.
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Vagabondant au cœur d’un cadre naturel, filmé avec ferveur et insistance, comme s’il était lui-même l’un des personnages clés de cette chronique, la mise en scène de Jeff Nichols cultive, avec une maîtrise formelle et esthétique, les pulsions des sentiments. Les uns et les autres, tous les personnages avancent au nom de l’amour, avec l’inépuisable énergie de leurs convictions et de leurs fantasmes.
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Mud apparaît comme un héros magique (...) le fleuve, rempart bouillonnant sentinelle magnifique du film de Jeff Nicols.
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Jeff Nichols emprunte une passionnante direction introspective. Comment clore un cycle afin d’embrasser au mieux le suivant est l’interrogation qui meut tous les personnages. Profond et humaniste, Mud n’usurpe à aucun moment son statut de grand film.
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Une fable bouleversante sur l'amour, l'enfance et le sud des États-Unis, à mi-chemin entre Mark Twain et Steven Spielberg.
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Après l'étonnant Take Shelter, le surdoué Jeff Nichols compose, entre l'univers de Mark Twain et celui de Terence Malik, une « balade sauvage » en forme de fable initiatique. Sur le thème de l'amitié et du passage à l'âge, adulte avec une nature omniprésente, ce beau film doit beaucoup à la performance de Matthew McConaughey qui, de film en film, s'impose comme un grand.
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Porté par un grand Matthew McConaughey, le troisième film de Jeff Nichols est un récit d'apprentissage à la Tom Sawyer.
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Habité par le charisme animal de Matthew McConaughey, voilà un grand film comme Hollywood sait en faire quand il revient à ses fondamentaux. « Mud » développe un scénario ample aux multiples affluents. Si l’on est en manque de grand cinéma, on peut embarquer sans crainte.
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eff Nichols, après Take Shelter, confirme que le cinéma américain doit compter avec lui. L’air de rien, il signe un classique, quelque chose entre Mark Twain, l’Homme des vallées perdues et Un monde parfait. Son film se hisse à des hauteurs mythologiques.
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Comme Mark Twain, Jeff Nichols fait du Mississippi l'âme des Etats-Unis, hantée par la violence. Celle-ci est ici incarnée par un Matthew McConaughey éblouissant.
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Avec une sensibilité qui rappelle Terrence Malick, Jeff Nichols magnifie la beauté environnante et en fait le théâtre rêvé d'une enfance perdue.
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Même si Jeff Nichols met un peu de temps pour installer son intrigue, le réalisateur inspiré de Take Shelter filme ces destins brisés des bayous avec une intensité rare, et cette relation entre ces gamins et ce Pygmalion enragé à la manière d’un Mark Twain moderne. Le tout servi par un Matthew McConaughey une nouvelle fois étonnant, imposant à l’écran son charisme à travers ce personnage déglingué.
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Parcours initiatique sur fond de suspense et de décors naturels somptueux, Nichols s'empare du Mississippi, pour planter son décor et son intrigue. Il signe un film envoûtant et romantique, brutal et innocent, où la nature sauvage immense, imprime son rythme.
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Aussi simple soit l’évidence morale qui soutient le film, la complexité de la réalité n’est donc jamais oubliée. Mud (le personnage), opaque et incompréhensible, en est la métaphore. Si l’amour, à la fin, connaît une victoire, celle-ci est relative. Il a fallu souffrir, il a fallu des morts, et abandonner l’enfance. Mais l’entièreté farouche de l’aspiration morale qui anime Ellis et rayonne dans tout le film n’est pas disqualifiée ; contre ce à quoi l’on pouvait s’attendre, avec Mud, Jeff Nichols nous livre une anthropologie optimiste.
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Un film qui demande une belle implication.
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L’histoire d’un fugitif attachant qui tisse des liens avec 2 adolescents sur une île au milieu du Mississipi. Ce film met en avant toutes les qualités de la littérature américaine.
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Une excellente et belle surprise après le surestimé et boursouflé Take Shelter. Entre Stand By me et La ballade sauvage. Il y a juste 20 minutes en trop.
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Il est difficile de croire que Nichols est persuadé qu’il va s’en sortir et encore plus inimaginable de réaliser qu’il s’en sort.
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Le film de Nichols n'est heureusement pas un épigone et sur une trame dense et serrée, il trouve matière à traiter quelques-uns de ses thèmes obsessionnels comme l'importance de la famille, la nécessité de se rassembler pour affronter l'horreur du monde ou le tension sourde menaçant à tout instant d'étreindre (la fusillade tant attendue qui n'avait pas lieu à la fin de Shotgun Stories, la fin du monde dans Take Shelter). A l'arrivée, les expériences sont toujours positives parce qu'elles grandissent les personnages: ils ne sont jamais les mêmes au début et à la fin. Mud est donc la confirmation que Nichols donne la possibilité d'y croire avec une absence totale de cynisme : l'innocuité apparente est sans cesse démentie par de nécessaires touches de cruauté.
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Mud, c'est le film d'un homme en proie au romantisme, malmené par des femmes qui font ce qu'elles veulent de lui et la caméra, mobile, s'attache à dérouler le sujet sans jamais l'amoindrir. Parallèlement, c'est le récit d'une Amérique qui perd ses racines, ce mode de vie si particulier au Sud qui est en voie d'extinction que Jeff Nichols dépeint ici. Cette quête vagabonde mêlée à cette douce mélancolie donnent à Mud des accents précieux qu'on aurait aimé voir récompensé à Cannes.
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Cette fable, avec son bateau échoué dans un arbre, charrie les émotions comme un bout de bois sur le fleuve. Laissez-vous porter dans le creux des coudes du Mississippi.
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Le cinéma de Nichols est du côté du pacte et de l'engagement et sa mise en scène y puise, par-delà une certaine pureté romantique, le lyrisme sourd et la sombre gravité des plus beaux récits sur l'enfance
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Jeff Nichols se réapproprie les grandes légendes de l’Amérique, et mêle, avec une maîtrise narrative et visuelle époustouflante, fresque naturaliste, film d’aventures et thriller romantique. Matthew McConaughey, lunaire, est fascinant de sensualité et de complexité. Après l’étonnant Take Shelter, Jeff Nichols confirme son immense talent.
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"Mud" dure plus de deux heure, parfois le temps paraît s'étirer un peu comme le cours paresseux du grand fleuve. Et puis non, on est heureux que cela dure encore (...).
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Dans ce roman d’initiation sous l’influence de Mark Twain, le jeune Ellis découvre les affres de l’amour, de la séparation. Un thème décliné à travers chaque personnage : les parents d’Ellis, Ellis et sa petite amie ingrate, Mud et Juniper (Reese Witherspoon). Entre l’épure de Shotgun stories et la boursouflure de Take Shelter, Nichols tente ici une troisième voix : le lyrisme slow burn. Moins tape à l’œil que le pompiérisme d’un Terrence Malick, la mise en scène de Nichols ressemble au contraire au Mississipi, majestueux et sinueux. Bien sûr, sous la surface calme de l’eau, une violence sourde affleure. La vie, comme le bon cinéma, n’est pas un long fleuve tranquille.
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Ce très beau film sur le croyances enfantines et la perte des illusions offre un nouveau rôle fort à Matthew McConaughey, qui vieillit comme le bon vin.
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Il (Jeff Nichols) s’est un peu assagi, s’éloignant des histoires plus elliptiques et mystérieuses de ses débuts, bouclant ici, avec un soin méthodique, chaque parcelle secondaire du récit. Le film y perd au passage des fragments de la spontanéité et de la fraîcheur qui transpiraient de chaque pore de Shotgun Stories ou de Take Shelter, mais garde la densité romanesque et mélancolique qui constitue sa signature.
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Aventure initiatique sur les rives du Mississippi, et sous l’influence tutélaire de Mark Twain. S’il travaille par endroits la matière sèche et troublante de ses premiers films, Nichols vise ici - et atteint parfois - l’évidence des grands récits classiques.
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Enfin, Jeff Nichols traite du chagrin d'amour de manière si organique qu'il hantera le spectateur longtemps après la fin de la projection. Comme un fleuve qui coule.
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Sur les brisées de Mark Twain ou de La Nuit du chasseur, une œuvre très maîtrisée et très riche sur la présence/absence des pères, réels ou symboliques.
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Le film évolue comme le fleuve qui lui sert de décor. Sa beauté tumultueuse habite ce conte iniatique sur fond d’amour fou et d’apprentissage de l’âge adulte. On pense aux oeuvres de l’écrivain Mark Twain devant les aventures des jeunes héros cherchant à faire la part des choses dans les récits d’un homme mystérieux et inquiétant.
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Classique, certes, mais dans la tradition des grands conteurs américains (Mark Twain en tête). Avec une mise en scène sensuelle et lumineuse.
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Un drame conventionnel qui se regarde sans déplaisir, mais échoue à susciter le trouble et la fascination qu’exerçait le précédent métrage de Jeff Nichols.
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Mud est donc la confirmation que Nichols donne la possibilité d'y croire avec une absence totale de cynisme : l'innocuité apparente est sans cesse démentie par de nécessaires touches de cruauté. Moralité : c'est toujours en se confrontant à plus mauvais que soi qu'on finit par devenir meilleur.
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C’est vraiment dommage qu’un film si harmonieux et fluide tombe dans les travers des clichés Hollywoodiens.
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Sur le papier, il s’agit « des aventures de Huckleberry Finn » mais à l’écran, c’est un mélodrame.
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Un riche et doux échantillon de la culture Américaine, même si le film est un peu plus superficiel et sentimental que prévu.
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On relève beaucoup de clichés dans ce joli petit conte de fée, même si Nichols rend quand même hommage à ses inspirations les plus conventionnelles.