Première
par Thierry Chèze
Guy (Ryan Reynolds à son meilleur) se lève chaque matin de bonne humeur. Et il suit, sans se départir de son sourire, le même rituel : il salue son poisson rouge, enfile une chemisette bleue, va acheter son café puis rejoint la banque pour s’installer au guichet où il travaille. La routine est son mode de vie et rien ne semble devoir la bousculer jusqu’au jour où lui tombe dessus LE coup de foudre. Une jeune femme (Jodie Comer, la révélation de Killing Eve, épatante) sur qui il tombe dans la rue et qu’il va se mettre à suivre pour ne pas la perdre de vue… Soudain, il bouscule donc son programme préétabli se douter que c’est tout son monde, si parfaitement réglé qui va s’effondrer. Guy va en effet découvrir qu’il n’est pas un être humain mais une intelligence artificielle dans un jeu vidéo. Et encore pas la star dudit jeu, juste un personnage en arrière- plan sans saveur, ni relief. Il décide alors de changer son destin, casser les règles du jeu en tentant de devenir à son tour un héros et tenter de vivre une histoire d’amour a priori impossible quand il comprend que celle pour qui il a craqué n’est que l’avatar d’une joueuse, co- créatrice de l’idée de ce jeu avant qu’il ne soit volé par un puissant industriel
Free Guy réussit ici avec l’univers des jeux vidéo, des super- héros Marvel et de Disney, tout ce que la suite de Space : Jam a raté dans les grandes largeurs avec celui des Looney Tunes et de Warner. S’en emparer de manière ludique, rythmé et joyeuse. Comme un parfait mix entre Truman show et Ready Player one saupoudré des Mondes de Ralph, de Jumanji, de Grand Theft Auto et de Fortnite… Et sans se perdre dans ces clins d’œil et références puisqu’ils constituent précisément la colonne vertébrale du récit imaginé par Matt Lieberman et Zak Penn, le scénariste d’Avengers… et de Ready player one, mis en scène avec gourmandise par Shawn Lévy, l’homme de La Nuit au musée
Evidemment il y a ici et là quelques facilités scénaristiques pour rester quand même à peu près dans le cadre d’un blockbuster à réunir le plus grand nombre. Evidemment tous les acteurs ne maîtrisent pas pleinement le second degré qui règne en majesté : le cabotinage de Taika Waititi en méchant de service finit par vous taper autant sur le système que l’autodérision de Channing Tatum amuse. Mais rien de tout cela ne vient empiéter le plaisir adolescent pris devant ce récit qui n’hésite pas aussi savoureusement de verser dans un certain cynisme. Voir Disney célébrer à travers cette production la victoire des petits créateurs contre les grands groupes qui dévorent tout cru leurs créations en les piétinant sans vergogne, c’est quand même gonflé, non ?