De bas étage de Yassine Qnia
Shana Besson/ Le Pacte

Révélé par Patients et vu récemment dans Lupin, le comédien trouve son premier rôle en tête d’affiche dans De bas étage et raconte son parcours

Comment arrivez vous sur De bas étage ?

Soufiane Guerrab : Dans tous ses courts, Yassine (Qnia) avait pour habitude de ne travailler qu’avec des non- professionnels. Mais, pour son premier long, il a souhaité changé de méthode. Et j’ai donc reçu un appel de sa directrice de casting Christel Baras qui m’a expliqué que Yassine souhaitait me rencontrer pour me proposer un rôle. Je suis donc allé au rendez- vous. Et ce qui est dingue c’est que j’ai un frère qui n’est pas du tout dans le cinéma, qui n’a jamais partagé aucun de ses coups de cœur avec moi… sauf une fois. Pour Fais croquer… dont j’apprends en discutant avec Yassine qu’il en est le réalisateur ! La coïncidence était trop énorme ! Et dans ce premier échange avec Yassine, je l’ai découvert humainement avant qu’il me parle de son projet, en l’écoutant me raconter son parcours. J’ai immédiatement senti chez lui énormément de bienveillance, son amour pour les acteurs, une incroyable douceur. Puis j’ai lu son scénario et j’ai aimé l’histoire de ce petit voyou trentenaire qui s’effondre peu à peu. Et Yassine a su trouver les bons mots pour m’expliquer pourquoi il me voyait dans ce personnage. Il m’a dit qu’il me voyait, d’après mes précédents films, comme une balle bondissante (rires). Et qu’il voulait là que je devienne… une boule de pétanque ! Donc l’inverse. Il ne souhaitait pas que je bouge, que je sois ancré au sol. Ca a été le déclic pour moi. C’est un emploi que j’avais envie d’essayer

C’est aussi votre premier rôle en tête d’affiche…

Et ça aide à cet ancrage au sol que voulait Yassine. Ca change tout ! C’est passionnant de construire et d’accompagner un personnage sur la longueur, dans son intimité. Yassine a réussi à faire rentrer le spectateur dans la tête de ce personnage, dont le monde s’effondre doucement.

DE BAS ETAGE : LA REVELATION D'UN CINEASTE [CRITIQUE]

Qu’est-ce qui vous avez donné envie de faire ce métier ?

Jamais je ne me serais imaginé ce qui m’arrive. Au mieux du mieux, faire de la figuration, flou, à l’arrière- plan, dans une pub. Ca aurait été mon moment de gloire ! (rires) J’ai conscience de l’immense chance que j’ai de pouvoir faire ce métier et de m’y épanouir depuis 15 ans. J’ai eu des hauts, des bas, j’en apprends tous les jours et j’essaie d’avancer. Doucement mais sûrement. Tout a commencé avec un peu d’audace. Même s’il y a chez moi une vocation que je n’arrivais sans doute au départ à appréhender. Depuis tout petit, j’écris, je fais de la musique, je squatte jour et nuit des studios d’enregistrement. Mais le cinéma m’est toujours apparu comme un autre monde. D’ailleurs la première fois où je me suis approché d’un plateau de cinéma, je devais avoir une dizaine d’années, un vigile est venu tout de suite me trouver pour me dire que je n’avais rien à faire là et que si je voulais voir le film, j’avais qu’à attendre qu’il passe au cinéma ! (rires) Et moi, je trouvais ça normal.

Mais comment s’est fait alors votre rencontre avec le cinéma ?

Une nuit, pour m’abriter de la pluie, à Paris, je me retrouve par hasard devant une scène en train de se tourner. Il est 3 heures du matin et je commence à démonter en détails la scène à mon voisin qui, mort de rire, me demande si je suis comédien. Je lui dis que non ! Il kiffe mon énergie, me demande si ça m’intéresserait. Il m’explique qu’il est agent et il me parle d’un casting où le réalisateur cherchait mon profil. Il me demande si ça me dit d’y aller. Et je n’hésite pas une seconde. Je n’y connais rien mais je suis pris et ce mec devient mon premier agent ! J’ai 17 ans. Et là je découvre un monde où on prend soin de moi, où on m’accorde une petite importance. Et j’ai le sentiment de trouver celui que j’étais.

Et parmi les grandes rencontres de votre parcours, quelles sont celles qui vous ont marqué et ont été décisives à vos yeux ?

Enormément de directeurs de casting. Leur soutien est essentiel dans les moments de moins bien. Certains me suivent depuis que j’ai 17 ans ! Sinon, évidemment, il y a eu pour moi le tournant de la rencontre avec Grand Corps Malade et Medhi Idir. Ils m’ont sorti de mon emploi habituel en m’offrant des rôles débordant d’humanité dans deux films magnifiques, Patients et La Vie scolaire. Ils savent de quoi ils parlent. Ils savent où ils vont. Pour La Vie scolaire, ils m’ont même écrit le rôle du prof de maths, sans jamais m’en parler avant de me le donner à lire. Mehdi et lui restent pour moi LA rencontre de mon parcours. Celle qui permet celle de Yassine et de me retrouver dans De bas étage. Et je le répète. Je mesure ma chance qui est la mienne.