Mission : Impossible 4 : Comment Protocole fantôme, de Brad Bird, a relancé la saga
Paramount

Tom Cruise a réussi son come-back grâce à cette suite mise en scène avec brio.

Si la franchise Mission : Impossible cartonne en ce moment grâce aux talents de réalisateur et scénariste de Christopher McQuarrie (qui sortira l'épisode 7 et ses nouvelles cascades incroyables dans quelques jours), il ne faut pas oublier que le retour en force de Tom Cruise dans la peau d'Ethan Hunt a d'abord été possible grâce au succès de Protocole fantôme, le quatrième opus réalisé par Brad Bird (Le Géant de fer, Les indestructibles), en 2011.

A sa sortie, Première insistait d'ailleurs sur ce come-back de Tom Cruise, que ce soit via un portrait de l'acteur à l'instant T, que dans nos critiques, car oui, le film avait eu droit à deux avis, signés Gaël Golhen et Frédéric Foubert. Les voici, en attendant sa rediffusion, à 21h10 sur M6.

Tom Cruise : comment Mission Impossible 4 doit sauver la star

La critique de Frédéric Foubert : Après De Palma, John Woo et J.J. Abrams, Tom Cruise épingle donc un nouveau Pygmalion de luxe au tableau de chasse de la franchise Mission : Impossible, en la personne de Brad Bird, l’homme derrière Les Indestructibles et Ratatouille, génie réputé pour son sens de l’action bouillonnant, virtuose, et sa compréhension intime des grandes mythologies pop.

Aux commandes de ce quatrième opus, Bird livre donc un film d’action… euh… bouillonnant, virtuose, et innervé par une compréhension intime des grandes mythologies pop. Logique. Soit le meilleur épisode de la saga depuis le chef-d’œuvre inaugural de De Palma, un actionner dingo bourré de scènes d’anthologie qui remplirait à elles seules un Top 5 2011 (l’évasion-cartoon de la prison, la poursuite à l’aveugle dans la tempête de sable, l’ascension de la Burj Khalifa… faites votre choix), auquel il ne manque qu’un poil de hauteur de vue théorique – et un McGuffin moins moisi – pour prétendre à la première marche du podium. Mais le plus beau dans l’affaire, c’est Tom Cruise himself, déchaîné, magnétique et iconique comme il ne l’avait plus été depuis les années Spielberg/Michael Mann, très conscient (et manifestement ravi) d’opérer ici un come-back triomphal. « L’échec n’est qu’une répétition pour le succès », philosophe l’agent Ethan Hunt entre deux séquences de haute voltige vertigineuse. Aucun doute qu’à ce moment-là, c’est d’abord de lui dont parle Tom Cruise. De lui, et de son statut de movie-star la plus inoxydable de la planète.

Avec Mission Impossible 4, Brad Bird voulait "faire retrouver le plaisir d’une bonne séance de cinéma"

La critique de Gaël Golhen : Oubliez l'épisode 2 et 3 (ça tombe bien le titre invite expressément au reboot) et revenons au premier Mission : Impossible. Le film de De Palma était un chef d’oeuvre précisément parce que le cinéaste avait été cadré. A l’aise dans le mainstream où ses thèmes sont en sourdine et où son génie visuel prend une dimension classique, le remake de la série 60's était son meilleur film parce qu’il s’agissait d’un projet écrit par une armée de scénaristes et dirigé par la star (Tom Cruise). Classicisme brillant, intrigue délirante et star power à tous les étages.

Tout le contraire de Mission Impossible Protocole Fantôme qui est pourtant un autre miracle. Un miracle parce qu’il tient constamment en équilibre entre les différentes puissances créatrices. A la fois film de (et sur) Tom Cruise et chef d’oeuvre de Brad Bird (c'est aussi un foirage de J. J. Abrams, mais ce n'est pas si grave), la quatrième aventure de l’agent Ethan Hunt remet donc les pendules à l’heure. C’est sans doute trop facile, mais MI4 peut d’abord être vu comme une version live des Indestructibles : le sentiment de flottement et de suspension, de vertige et de vitesse qui fondait le meilleur Pixar est là, intact. La fantaisie visuelle, les idées de mise en scène doivent autant au cartoon (la séquence d’intro avec le claquement de portes digne d’un Tom et Jerry) qu’à la matrice du cinéma des pionniers (Bird cite Chaplin, mais on pense aussi à Schoedsack et aux aventuriers du muet pour la tempête de sable). Et pour son premier film live Bird réussit à mêler challenge technique et logique échevelée de l’aventure comme dans ses meilleures animations.

Pourtant, malgré la volonté de puissance de la réalisation (qui s’échappe même dans des embardées théoriques - la séquence de la mallette), MI4 est aussi le meilleur film de Cruise depuis au moins six ans. Pour Tom Cruise qui a fini par se manger le mur du box office en pleine gueule, MI4 devait être la rédemption. C’est le cas. La dialectique du film (Ethan Hunt est littéralement lâché par tout le monde et doit disparaître pour mieux renaître) est une métaphore à peine déguisé de sa carrière. Mais c’est surtout la manière dont Brad Bird le filme qui (d)étonne. Icône usée (la scène de la benne à ordure), vieillie (l’IMAX montre toutes ses rides), la dernière star Hollywoodienne est de tous les plans et s’offre un comeback tonitruant. Il n'a jamais été aussi félin, aussi balèze et... aussi humain.

On reconnaitra que les personnages sont un peu délaissés sur l'autel de la vitesse et de la performance visuelle, et que, dès que J. J. Abrams reprend le contrôle de l'entreprise (en gros les 10 dernières minutes), le film frôle la catastrophe. Mais il suffit à chaque fois d'une idée de mise en scène ou d'un plan (amoureux) sur Cruise pour que le projet se hisse de nouveau au sommet. En clair ? Le meilleur blockbuster de l'année, le meilleur Cruise depuis un lustre et le meilleur Bird depuis Ratatouille. Ca fait beaucoup.

Bande-annonce :


Les Indestructibles, Ratatouille, Le Géant de fer : Pourquoi Brad Bird est le plus « joueur » des réalisateurs