Mission : Impossible 5 sera diffusé dimanche soir sur France 2, pour patienter jusqu'à la sortie du n°7, le 12 juillet.
Après Protocole fantôme programmé vendredi, Rogue Nation, le cinquième épisode de la saga Mission : Impossible, reviendra ce soir à la télévision. Nous republions notre critique publiée dans Première à sa sortie, durant l'été 2015. Tom Cruise et Christopher McQuarrie reviendront le 12 juillet prochain avec le n°7, Dead Reckoning - partie 1, qui s'annonce encore plus spectaculaire que ses prédécesseurs.
L'un des plus beaux moments de Mission Impossible : Protocole fantôme, c'était celui où Tom Cruise, vêtu juste d'un futal, est suspendu à un mur et hésite à se jeter trois étages plus bas dans un bac à ordures rempli de sacs poubelles et de bouts de verre. Il hésite et ne le fera pas. Faut pas déconner, quand même. Trente minutes plus tard, le héros finira tout de même par pendouiller à huit cent mètres -pour de vrai- au sommet du Burj Khalifa. Climax du film et de la saga. Après, forcément, Protocole fantôme était à bout de souffle. Même après avoir affirmé la faiblesse et la réalité de son héros, comment redescendre après avoir fait des galipettes dans l'Olympe ? On ne peut pas. Ou alors on doit continuer, de plus en plus fort, de plus en plus loin et c'est comme ça que commence directement Mission : Impossible : Rogue Nation. Par la déjà fameuse cascade en avion, avec Tom accroché pour de bon à la carlingue d'un Airbus A400M Atlas en plein décollage. Envoyez le générique. Rogue Nation vient de décoller en mettant d'emblée le curseur très, très haut.
Mais en ouvrant très fort avec sa scène la plus attendue, à la différence de Protocole fantôme, Rogue Nation économise en fait ses cartouches. Le film enquillera ensuite une série de morceaux de bravoure intelligemment placés, rythmés comme une respiration, mettant au tapis sans peine les derniers James Bond (qui font d'ailleurs le pari de l'introspection depuis Casino Royale). L'avion, une baston à coups de poings, un assassinat follement maîtrisé à l'opéra de Vienne au son de Turandot (la plus belle séquence ?), le casse aquatique, qui enchaîne avec une poursuite motorisée dingo. Lorsqu'elle s'achève, le spectateur est épuisé. Le film s'achève alors avec une scène de thriller sèche et tendue, qui ne joue pas le spectaculaire mais l'efficacité pure. Et on se rend compte que le film synthétise la volonté de ses deux maîtres : Cruise acteur-producteur pour les cascades folles et McQuarrie pour le thriller post-moderne (l'opéra convoque Hitchcock de L'Homme qui en savait trop, et le fight final au couteau vient de son Jack Reacher). Et le Cruise show est véritablement, totalement spectaculaire. Mais le film est aussi -surtout- un film d'équipe. Brandt dans les couloirs de Washington, Benji en tech support devenu définitivement le meilleur allié de Hunt, Luther le hacker, tous jouent un rôle-clef. Et non, le meilleur personnage du film n'est pas Ethan Hunt mais Ilsa Faust (quel nom !), agent trouble et tueuse aguerrie jouée par la splendide Rebecca Ferguson, véritable révélation qui se paye les meilleures scènes de baston du film et n'a même pas besoin d'être le love interest du héros pour ça.
Mission : Impossible Rogue Nation : Rebecca Ferguson est l'autre star du film
Rogue Nation reste dans le cahier des charges de la saga en se déroulant dans l'utopie post-Guerre froide de l'espionnage (très) high-tech, et en mettant en danger la team IMF dès le départ. C'est bien ce que raconte la série depuis le premier film signé De Palma il y a vingt ans : pas de méchant oligarque russe, pas de terroristes barbus le Coran à la main, non, seulement des traîtres, des ennemis de l'intérieur et de la paranoïa - les ombres portées des guerres de services des "monstres froids" étatiques.
On va voir ce film d'action quasi parfait dans le même but qu'on allait voir les films de Douglas Fairbanks, Buster Keaton, plus tard Jackie Chan, héros des actioners primitifs où la star promettait de mettre en jeu son propre corps. Mais en creux se dessine une inquiétude : que pourra faire de plus Cruise dans Mission : Impossible 6 ? Partir dans l'espace sans combinaison ? Escalader un volcan en éruption ? Que peut faire la star hollywoodienne qui n'en finit pas de mourir à l'écran ? Ce n'est pas nouveau, Achille aussi finissait par y passer malgré son ascendance. Derrière son aspect spectaculaire, Rogue Nation -soyons pompeux et reprenons la belle expression de Jean-Louis Backès pour résumer le mouvement de L'Iliade- "est pris tout entier par ce large mouvement qui l'entraîne vers l'abîme".
Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)
Extrait de Mission : Impossible Rogue Nation :
Tom Cruise : "Je ferai des Mission : Impossible tant que le public suivra"
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