Madres Paralelas
El Deseo

Sacrée à Venise, Penelope Cruz rayonne dans sa septième collaboration avec Pedro Almodóvar. A (re)voir ce soir sur Canal Plus.

Madres Paralelas ouvrait l'an dernier la Mostra de Venise, puis l'une de ses interprètes principales, Penélope Cruz, est repartie du festival avec une Coupe Volpi de la meilleure actrice. Une consécration méritée pour la comédienne, effectivement marquante aux côtés d'Aitana Sánchez-Gijón

Alors que la 79e édition de la Mostra s'ouvre aujourd'hui (cette année, c'est White Noise, de Noah Baumbach, qui a été choisi pour démarrer les festivités), Canal + diffusera ce drame réussi de Pedro Almodovar, suivi de son court-métrage La Voix humaine, avec Tilda Swinton. Une oeuvre qui a elle aussi été montrée à Venise. La chaîne est partenaire du festival et proposera cette soirée spéciale juste après la cérémonie d'ouverture.

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Où aller après Douleur et Gloire, le torrent de louanges qui l’a accueilli et le sentiment, unanimement partagé, que son auteur était parvenu à un sommet ? Comme son alter ego incarné par Antonio Banderas, Almodóvar aurait pu rester claquemuré chez lui, à décliner ses architectures baroques à l’infini, dans le confort de son appartement-musée. Mais Madres Paralelas montre clairement qu’il refuse de s’endormir sur ses lauriers. Une pique adressée à Mariano Rajoy au détour d’un dialogue, un t-shirt « à message » arboré par Penélope Cruz (« We should all be feminists ») : autant d’indices qui prouvent qu’Almodóvar entend continuer à être dans le monde, à se nourrir de l’air du temps. L’argument, pourtant, a des airs de mélo intemporel : deux femmes ayant accouché au même moment vont voir leurs vies s’entremêler à la suite d’un coup du sort. A ce premier film, à la fois morbide et sensuel, almodovarien en diable, se greffe une réflexion sur le souvenir du franquisme, la transmission de la mémoire historique et la folie de notre ère « post-vérité ». L’aisance avec laquelle Almodóvar articule parcours individuels et destin collectif est celle d’un grand maître très sûr de ses effets. Pourtant, c’est aussi le côté imparfait du film qui séduit, une forme d’ardeur juvénile, un tremblement peut- être dû à son côté militant, et qui viennent embraser la surface post-hitchcockienne ultra- raffinée. Tant pis, donc, si le troisième acte tire en longueur, si quelques scènes de dialogue sonnent empruntées. Tout, plutôt que de rester enfermé dans la prison de sa propre maîtrise.


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