Face à l’impérial Fabrice Luchini, elle est l’atout charme de ce film judiciaire de Christian Vincent. Mais qui est Sidse Babett Knudsen ?
A l'occasion de la rediffusion de L'Hermine, ce soir sur France 2, nous republions notre portrait de la comédienne Sidse Babett Knudsen, excellente face à Fabrice Luchini. Depuis ce film, elle a multiplié les projets : la série Westworld, La Fille de Brest, d'Emmanuelle Bercot, ainsi que d'Inferno, le blockbuster de Ron Howard. En 2023, elle est à l'affiche de deux nouveaux films français : Juste ciel ! de Laurent Tirard et Club Zero de Jessica Hausner
Qui est qui dans Westworld ? Le guide pour s'y retrouver
Actualité du 24 novembre 2015 : France, terre d’accueil. La formule s’applique aussi aux acteurs étrangers qui font le bonheur, parfois la grandeur, de notre cinéma. Dans ce domaine, les actrices occupent une place à part : de Léa Massari à Victoria Abril et Monica Bellucci, de Marthe Keller à Kristin Scott Thomas et Diane Kruger, en passant par l’incontournable Romy Schneider, nombreuses sont les stars féminines que le public français a adoptées et intégrées au patrimoine national. La danoise Sidse Babett Knudsen va-t-elle suivre le même chemin ? « Sissé » succédera-t-elle à Sissy dans le cœur des Français ?
La Dame de Fer
2010. La diffusion de la série Borgen au Danemark ébranle la planète sériephile. Tout le monde n’a d’yeux que pour Birgitte Nyborg, cette femme de pouvoir que Sidse Babett Knudsen incarne avec un mélange de séduction froide, de douceur toute féminine et de fermeté martiale. L’influence de la série -louée pour ses qualités d’écriture- est telle au pays d’Andersen qu’elle aurait, selon certains, convaincu des indécis de voter pour Helle Thorning-Schmidt, Première Ministre, elle aussi centriste, de 2011 à 2015. La légende est en marche. Sur Arte, où elle est diffusée à partir de 2012, Borgen fait des cartons d’audience comme partout ailleurs dans le monde. Sidse Babett Knudsen est la première à bénéficier de cette surexposition. La page Wikipedia qui lui est consacrée fait rapidement mention de sa maîtrise de l’anglais mais aussi du français qu’elle a appris pendant les six années passées chez nous lorsqu’elle était étudiante. Précision utile lorsque, comme elle, on vient d’un pays, certes dynamique d’un point de vue cinématographique, mais où ne sont produits que 25 à 30 films par an (contre 200 en France) et d’où n’émergent que trois cinéastes de stature internationale (Lars Von Trier, Thomas Vinterberg, Susanne Bier).
La femme en cuir
C’est bien connu : les Anglais tirent les premiers. Le premier film post-Borgen pour Sidse sera donc britannique. Dans le formidable The Duke of Burgundy de Peter Strickland, elle prend les spectateurs de la série par surprise en interprétant une aristo amatrice de jeux SM qu’elle pratique avec sa bonne à tout faire. Sanglée dans des tenues cuir qui laissent découvrir sa silhouette voluptueuse, Sidse, la quarantaine triomphante, trouble, avec un chic inégalé, les spectateurs de tous âges et de tous sexes. Elle n’est pas seulement belle, elle a du chien, un je-ne-sais-quoi d’animalité latine passée au tamis de la retenue nordique. Surtout, elle perpétue cette image de maîtresse-femme qu’elle a établie dans Borgen et dont ses rôles suivants semblent proposer des variantes subtiles.
La femme mûre
Christian Vincent succombe à son tour au charisme de Sidse. Pour L’Hermine, film qui marque ses retrouvailles avec Fabrice Luchini 25 ans après La Discrète, le réalisateur français fait appel à l’actrice danoise qui interprète une grande chirurgienne appelée à être jurée dans le cadre d’un procès mené par Luchini en président de cour d’assises atrabilaire. Qui mieux qu’elle pouvait donner la réplique au plus grand voleur de scènes français en lui opposant un charisme immédiat, une présence –presque- muette ? Qui mieux qu’elle pouvait incarner le fantasme d’un misanthrope ? Sidse. Deux fois Sidse. Ce duo de contraires, la glace et le feu, bouffe l’écran avec une rare évidence.
La carrière internationale de Sidse ne fait que commencer et épouse, étrangement, la filmo de Tom Hanks qu’elle va retrouver coup sur coup dans A Hologram for the King de Tom Tykwer et dans Inferno de Ron Howard. Elle sera aussi de Westworld, la nouvelle série très attendue de JJ Abrams tirée du film d’anticipation Mondwest. Sidse ne lâche pas l’hexagone pour autant. Emmanuelle Bercot, prix d’interprétation à Cannes pour Mon Roi et réalisatrice de La Tête haute, l’a choisie pour incarner Irène Frachon, cette pneumologue qui a dénoncé le scandale du Mediator. Encore un rôle de femme forte à propos duquel Bercot nous confiait récemment qu’elle ne voyait personne d’autre que Sidse pour s’en emparer. Nous non plus, à vrai dire. « Sissé » sur une voie royale ?
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