Soderbergh emballe un thriller techno-claustro avec l’énergie d’un débutant et le savoir-faire d’un grand pro. Tout petit film, peut-être, mais immense plaisir.
Disponible aux Etats-Unis sur HBO, Kimi, le nouveau film de Steven Soderbergh, est sorti en France ce jeudi 10 mars en VOD (notamment sur Première Max). Notre critique :
Steven Soderbergh ne perd pas le rythme. Alors que la plupart de ses confrères sont complètement déboussolés par la révolution du streaming, lui n’a jamais semblé aussi épanoui que depuis qu’il enchaîne les « micro » films pour Netflix ou HBO Max. Cet homme était fait pour les plateformes. Il y a toujours eu un téléaste (ce n’est pas un gros mot) qui sommeillait en lui. Il a travaillé la grande forme, certes, mais ses opus majeurs sont presque systématiquement les plus « petits » - ramassés, concis, pensés comme des haïkus. Après La Grande traversée (Meryl Streep et ses copines sont dans un bateau) et No sudden move (Don Cheadle et ses copains sont dans un braquo), voici Kimi, son troisième film en 15 mois (!). Zoë Kravitz y joue une informaticienne agoraphobe, qui ne quitte jamais son loft de Seattle, où elle analyse les flux de données d’un serveur à commande vocale nommé Kimi (une petite sœur de Siri), dans le but d’améliorer les performances de l’intelligence artificielle. Sa vie ordonnée à l’excès va se dérégler quand elle tombe sur l’indice audio d’un crime et qu’elle essaye de remonter la piste… Soderbergh plonge ses références de thriller claustro et parano (Conversation secrète, Seule dans la nuit…) dans notre monde ultra-connecté et ultra-confiné, qu’il dépeint dans un mélange grisant de voyeurisme technophile, de rouerie artisanale et d’élégance laconique. 1h29 au compteur, un tempo imparable, les bonnes chansons au bon moment, et voilà, c’est fini. Vivement le prochain. A priori, il devrait débarquer dans moins de six mois.
De Steven Soderbergh. Avec Zoë Kravitz, Betsy Brantley, Rita Wilson… Durée 1h29
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