Iron Claw, Le Cercle des Neiges, Emilia Perez, City of Darkness... la rédaction a été bluffée par ces quinze oeuvres. Et vous ? Quels sont vos coups de coeur ?
Cette année encore, Première a aimé plein de films (et de séries). Voici 15 longs métrages sortis en 2024 qui nous ont particulièrement plu, pour diverses raisons.
15. L'amour ouf, de Gilles Lellouche
L’Amour ouf démarre tambour battant et pendant 2h45, au rythme d’une BO démente (The Cure, Prince …), Lellouche n’appuiera jamais sur la pédale de frein. Sa mise en scène riche en mouvements de caméra traduit un enthousiasme débordant à mettre en scène cette histoire-là, ces personnages-là, ces acteurs-là. Elle épouse le rêve, le désir de ses deux héros : sortir du déterminisme social qui les condamne à une vie étriquée. Faire exploser les cadres, faire battre son cœur si fort qu’il pourrait imploser à chaque instant.
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14. Furiosa, de George Miller
La vraie star du film, au fond, c’est ce monde. Ce Wasteland que Miller a entrevu en un flash affolé, sur les longues autoroutes sombres des seventies, et qu’il ne veut plus quitter. Furiosa est un chef-d’œuvre de world-building, pas très loin d’Avatar 2 (dans les promesses qu’il tient, dans le plaisir qu’il offre), où le cinéaste s’éclate à peaufiner sa vision, à "augmenter" son univers.
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13. L'Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine
Avec L’Histoire de Souleymane, le cinéaste met cette fois-ci en scène deux jours décisifs dans la vie d’un Guinéen ayant fui son pays, livreur à vélo dans les rues de Paris. Quarante- huit heures avant de passer un entretien qui décidera si oui ou non sa demande d’asile sera acceptée. Lojkine filme donc ici un de ceux qu’on croise tous dans la rue tous les jours, sans leur jeter un regard. En 93 minutes sans temps mort, le film traduit la tension permanente que ce dernier doit affronter.
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12. Skywalker : A Love Story, de Jeff Zimbalist
Deux voltigeurs russes s'aiment au sommet des plus hauts buildings et tentent leur plus grande cascade dans la nuit de la finale de la Coupe du monde. Si les bons blockbusters existaient encore, ils ressembleraient à ce docu fou.
11. Anora, de Sean Baker
On connaissait le tempérament explosif de Mikey Madison depuis Once upon a time… in Hollywood de Quentin Tarantino (une autre histoire de home invasion, où elle jouait l’une des membres de la Famille Manson), mais elle impressionne encore plus dans cette odyssée de 2h20 écrite pour elle par Sean Baker, qui la voit passer par tous les états, tour à tour combattante et abattue, hargneuse et désenchantée.
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10. Le Comte de Monte-Cristo, d'Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte
Evidemment, ce qui impressionne tout de suite, c’est Pierre Niney. D’une élégance et d’une fluidité folle. Ses gestes et ses mots sont précis, mortels. Son Dantes est naïf et solaire, mais il plonge son Monte Cristo dans des abymes de noirceur enivrantes. L'incarnation de cette dualité est étourdissante. Belle idée encore : le héros ici n’est pas un acteur qui s’invente une nouvelle identité (lecture traditionnelle du personnage), c'est un créateur de faux-semblants, un batisseur de décors dans lesquels il va piéger ses proies. C’est un metteur en scène qui trompe son monde et dont la pièce se jouera en trois actes. Mortels.
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9. City of Darkness, de Soi Cheang
Le nouveau film du réalisateur de Limbo est une borne d'arcade en live action : un film de baston épatant dans un décor dantesque, où les vieilles légendes HK affrontent des challengers affamés.
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8. Memory, de Michel Franco
Avec ce mélo bouleversant, Michel Franco fend l’armure comme jamais. Mais en changeant au fur et à mesure le point de vue sur ses personnages, il crée un climat de tension et d’instabilité qui tue dans l’œuf toute mièvrerie. Et si Peter Sarsgaard a décroché le prix d’interprétation à Venise, impossible de le dissocier de Jessica Chastain tout aussi impressionnante que lui.
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7. Emilia Perez, de Jacques Audiard
Ce fut l’un des sommets du festival de Cannes 2024. Emilia Perez en est reparti avec une double récompense : un prix d’interprétation féminine collective et le prix du Jury qui a permis à Jacques Audiard de compléter sa collection de trophées cannois après le Grand Prix d’Un prophète en 2009 et la Palme d’Or de Dheepan en 2015. Mais son dixième long métrage n’a rien d’une redite. Il traduit une fois encore un désir de ne jamais se reposer sur ses lauriers, de se confronter à des univers inédits, après le western avec Les Frères Sisters et la comédie sentimentale avec Les Olympiades.
Notre critique complète d'Emilia Perez est à lire ici
6. Iron Claw, de Sean Durkin
Sean Durkin (Martha Marcy, May Marlene) explore une cellule familiale dévorée de l’intérieur à travers le parcours tragique d’une fratrie de catcheurs. Par sa mise en scène habitée et son interprétation géniale, il a déjà tout d’un classique.
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5. Dune : deuxième partie, de Denis Villeneuve
Padawan de Ridley Scott (qui avait failli faire Dune au début des années 80), Villeneuve emprunte à son maître son écrasante esthétique pubarde et son discours profondément agnostique. Le contraste est là. Là où le premier Dune, film d’exposition et de mise en place, reposait avant tout sur un effet d’échelles parfaitement planant (au gros plan sur le visage de Chalamet répondait un plan immense d’astronefs brutalistes), il n’y a plus qu’une seule échelle dans cette Deuxième partie. Il y a du vertige là-dedans, bien sûr : des engins immenses, des arènes colossales, des dunes infinies - mais tout se joue dans un petit coin de désert dont on ne décollera vraiment qu’à la toute fin, pour s’en aller commettre d’infinis génocides.
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4. Pauvres créatures, de Yorgos Lanthimos
Hilarante bien qu’un peu répétitive, cette quête d’émancipation féminine en équilibre précaire doit beaucoup à la performance hors normes et joyeusement impudique d’Emma Stone : on la savait surdouée, mais jamais on ne l’aurait crue capable d’une incarnation aussi balèze.
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3. The Substance de Coralie Fargeat
Coralie Fargeat signe un film jouissif qui dynamite tout sur son passage. A commencer par ses deux stars : Demi Moore et Margaret Qualley.
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2. Le Cercle des neiges, de Juan Antonio Bayona
Le cinéaste espagnol hollywoodisé retrouve sa langue maternelle pour une relecture prodigieuse d’un fait divers datant de 1972, soixante-dix jours de survie limite après un accident d’avion dans la Cordillère des Andes.
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1. Civil War, d'Alex Garland
Si ces vignettes remplie de fureur et de chaos sonnent si justes, c’est parce que Civil War a été véritablement conçu comme une sorte de blockbuster pour adultes (son budget de 60 millions en fait l’objet le plus cher jamais fabriqué par la très chic maison A24) et qu’il réactive un format de production hollywoodienne à la saveur oubliée, et qu’on pourrait appeler "film du milieu". C’est de cette position médiane, située loin, bien loin, des fractales et des équations insolubles, qu’Alex Garland retrouve aujourd’hui son équilibre et peut redessiner son statut dans le paysage hollywoodien. Vu de là où on est, il parait grand, infiniment grand même.
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