Affiche sorties de films mercredi 30 juin 2021
Metropolitan FilmExport/ The Bookmakers- The Jokers/ Universal Pictures

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT

HITMAN & BODYGUARD 2 ★★★☆☆
De Patrick Hughes
L’essentiel
Encore plus fou, encore plus trash, la suite des aventures du bodyguard et du hitman sont pimentées par l’apparition de la femme du tueur, plus folle que tout.

Si Hitman & Bodyguard reliftait le buddy movie 80’s à coups d'ultraviolence, d'ironie crasse et de mise en scène épileptique avec les aventures d’un garde du corps méthodique (Ryan Reynolds) devant protéger un tueur à gages instinctif (Sam Jackson), sa suite n’a plus qu’une seule boussole : celle de la déviance pure et de l'irrévérence totale. Cette fois-ci le garde du corps et le tueur doivent déjouer les plans d’un milliardaire fou furieux qui veut détruire le monde grâce à un virus informatique. Leur arme fatale ? La femme du tueur, incarnée par Salma Hayek. C’est souvent hilarant, parfois éreintant, mais ça fait du bien de voir que le (gros) cinéma US sait encore être un peu transgressif. Ne cherchez ni l’élégance ni la morale de l’affaire. Vous venez de trouver le vrai plaisir coupable de l’été.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A AIME

TEDDY ★★★☆☆
De Ludovic et Zoran Boukherma

Quatre ans après Grave, deux semaines après La Nuée, et en attendant Ogre, voici le film de loup-garou des frères Boukherma (Willy 1er), bombardé fer de lance d’une nouvelle génération de films de genre français, qui se situe sur un territoire appartenant autant à Stephen King (tendance Carrie) qu’au Bruno Dumont de P’tit Quinquin. Teddy est un jeune mec de 19 ans qui rêve d’un pavillon avec pergola pour lui et sa copine, mais va se heurter à la violence des barrières de classe. Sentiment d’injustice bientôt amplifié par la morsure d’un loup qui hante la région… Construit sur une lente montée en puissance, vers la métamorphose attendue du héros en lycanthrope, Teddy se révélera assez décevant sur le plan du fantastique pur et dur, à force d’ellipses et d’escamotages. Sa force est ailleurs, dans les dialogues souvent très drôles des Boukherma, leur sens du loufoque white-trash, et dans la performance ravageuse d’Anthony Bajon, boule d’énergie et d’intensité hallucinantes, qui porte le film de son humanité monstre.

Frédéric Foubert

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SOUS LE CIEL D’ALICE ★★★☆☆
De Chloé Mazlo

Son geste cinématographique est ambitieux. Lauréate du César du court d’animation 2015 avec Les Petits cailloux, Chloé Mazlo raconte ici le destin d’une jeune Suissesse aventureuse qui, dans les années 50, quitte son pays natal pour devenir employée de maison à Beyrouth où elle va tomber amoureuse d’un astrophysicien libanais (Wajdi Mouawad, excellent) qui travaille à envoyer son premier compatriote dans l’espace. Sous le ciel d’Alice s’ouvre donc comme une comédie romantique et espiègle dans un mélange parfaitement orchestré d’animation et de prises de vue réelles. Il y a quelque chose de volontairement désuet dans l’atmosphère visuelle créée en pellicule par la chef op’ Hélène Louvart (Heureux comme Lazzaro). Comme si on feuilletait un album de cartes postales anciennes. Mais ce Paradis va devenir un enfer quand vont éclater la première guerre du Liban et les tragédies intimes et collectives qui en découlent. Pour autant, Chloé Mazlo ne change pas de style visuel et le contraste rend encore plus puissants la descente aux enfers d’un pays et le refus pour cette exilée volontaire de laisser tomber ce Liban qu’elle a fait sien. Et pour ce personnage si riche, Chloé Mazlo a eu la merveilleuse idée de faire appel à Alba Rohrwacher. Car elle est exactement à l’image de son film. A l’aise sur tous les terrains avec une puissance et une profondeur incroyablement naturelles. Rares sont les comédiennes qui peuvent tout jouer. Voilà pourquoi Alba Rohrwacher est aujourd’hui l’une des plus grandes en activité.

Thierry Cheze

MY ZOE ★★★☆☆
De Julie Delpy

My Zoe s’ouvre sur une chronique du déchirement à la Marriage Story : un couple formé par la généticienne Isabelle (que Julie Delpy interprète dans une composition riche en nuances) et son mari James est d’emblée séparé et embarqué dans une rude confrontation pour la garde de leur fille Zoé. Mais très vite, on comprend que ce film va s’émanciper de ce seul genre. Impossible d’en révéler trop sous peine de gâcher les surprises imaginées par la réalisatrice mais disons qu’après la mort soudaine de Zoé, le film va basculer vers le thriller psychologique puis vers la fable métaphysique troublante quand on comprend qu’Isabelle est prête à tout, y compris flirter avec les interdits de la génétique, pour compenser l’absence insoutenable de son enfant. Audacieux, ce mélange des genres s’opère à l’écran dans une grande fluidité. On en ressort tout à la fois déstabilisé et conquis par le geste d’une cinéaste embarqué loin de sa zone de confort.

Thierry Cheze

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DE L’OR POUR LES CHIENS ★★★☆☆
De Anna Cazenave Cambet

Voilà un premier film qui se vit comme des montagnes russes émotionnelles. Un récit initiatique à l’intérieur duquel se déploie un manifeste féministe diablement intense. Son héroïne, Esther, 17 ans, se cherche, se cogne, se construit sous nos yeux et finira par s’accomplir mais sans l’approbation d’un homme, souvent quête principale des héroïnes de ce genre d’intrigue. En suivant ses pas, De l’or pour les chiens offre un voyage en terres de cinéma. Il s’ouvre comme 37°2 le matin et voit planer sur son récit les ombres jamais écrasantes de Sans toit ni loi, Un poison violent et Hadewijch tant la puissance du cinéma d’Anna Cazenave- Cambet vous saisit dès le premier plan pour ne plus vous lâcher. Avec une apparition : Tallulah Cassavetti. Pour son premier rôle, elle parvient magnifiquement à traduire par son corps, son visage et son regard la métamorphose de son personnage.

Thierry Cheze

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MIDNIGHT TRAVELER ★★★☆☆
De Hassan Fazili

Tout commence en 2015. Le réalisateur afghan Hassan Fazili signe Peace in Aghanistan, le portrait d’un commandant taliban qui a choisi d’arrêter de rendre les armes. Une provocation pour ses anciens camarades. Peu après sa diffusion télé, ce gradé est assassiné et la tête de Fazili mise à prix. Pour survivre, une seule option : fuir son pays avec sa femme cinéaste (Fatima Hussaini) et leurs deux enfants. Midnight traveler raconte ce périple de trois ans vers l’Europe occidentale. Un documentaire à la première personne du pluriel puisque filmé par ses protagonistes au smartphone. Pour témoigner de l’enfer du quotidien, entre brimades, intimidations, camps aux conditions insalubres, démarches administratives kafkaïennes... Pour essayer de rendre la vie aussi normale que possible à leurs deux enfants. Mais aussi pour se sentir vivant, en continuant à exercer leur métier. Le résultat est passionnant. Parce que ces cinéastes ne se censurent pas plus qu’ils ne se font de cadeaux, comme dans cette scène où agacée par une remarque qu’elle juge inappropriée de Hassan sur une ado, Fatima le lui fait remarquer vertement et insiste pour qu’il cesse de filmer. Parvenir à un film de 90 minutes avec autant de rushes et un récit aussi douloureusement intime tient de la gageure. Hassan Fazili y parvient en étant capable de questionner avec sa femme leur position d’artiste dans ce capharnaüm et d’offrir des moments de poésie avec quelques flocons de neige saisis au vol ou de joie avec sa fille dansant sur They don’t care about us. Comme pour refuser avant tout de s’apitoyer sur son sort.

Thierry Cheze

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FEVRIER ★★★☆☆
De Kamen Kalev

En cherchant la vidéo à un million de vues, un YouTuber spécialiste d'Urbex (l'exploration de lieux abandonnés) emmène sa copine en plongée dans une maison intacte au fond d'un lac, engloutie par la construction d'un barrage. La demeure se révèle chargée de forces surnaturelles menaçantes. Filmer une maison hantée en apesanteur aquatique : voilà une très bonne idée ! Et une belle douche froide : le défi technique réel du tournage n'accomplit pas la jolie, et originale, promesse de cinéma annoncée fièrement par The Deep House, et ne compense certainement pas un script d'une paresse terrifiante. Le film empile les clichés et les effets les plus éculés du cinéma de maison hantée avec une telle candeur qu'on se prend à s'interroger sur les motivations des cinéastes, qui livrent ici l'une des déclinaisons les plus basses du genre.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

PRESIDENTS ★★☆☆☆
De Anne Fontaine

Toute ressemblance avec des personnages existants est tout sauf fortuite. Un ex Président, Nicolas va retrouver en Corrèze son successeur, François, lui aussi retiré de la vie politique, pour le convaincre de faire équipe avec lui et battre Emmanuel aux prochaines élections. Ce pitch a tout d’une blague du 1er avril. Mais Anne Fontaine s’emploie à le développer avec un très pertinent ton empathique à mille lieux du cynisme ambiant dès lors qu’on parle des politiques. On passe cependant quasiment tout le film à se demander où elle veut en venir… sans avoir résolu l’énigme au bout de ces 100 minutes jamais désagréables par leur côté poético- burlesque mais donnant la sensation de toujours rester à la surface des choses. Reste – même si Dujardin fait le job en Nicolas Sarkozy- la composition impressionnante de Grégory Gadebois en François Hollande, jamais dans l’imitation mais dans une incarnation pleine et sans faille.

Thierry Cheze

 

LA FINE FLEUR ★★☆☆☆
De Pierre Pinaud

Créatrice de roses hors pair, Rose voit sa petite entreprise péricliter et semble n’avoir d’autre issue qu’un rachat par un concurrent aussi puissant qu’arrogant. A mois que l’idée de sa secrétaire de faire appel à trois employés en insertion mais sans expérience ne sauve la mise… La Fine fleur ne tenant guère du suspense hitchcockien, l’issue de ce combat entre le pot de terre et le pot de fer ne fait d’emblée guère de doute. Et le film déroule son programme à un train de sénateur, jamais désagréable mais sans aspérité, avec Catherine Frot en pilote automatique et Vincent Dedienne moins à l’aise en méchant que dans L’Etreinte. Mais un trio vient sauver la mise : le rappeur Omerta, Marie Petiot et Fatsah Bouyahmed qui, dans les rôles des trois bras cassés - rappelant les héros de La Part des anges de Loach - apportent un charme espiègle à un récit trop dans ses charentaises pour séduire.

Thierry Cheze

 

SOEURS ★★☆☆☆
De Yamina Benguigui

Une histoire de famille et de reconnexion à ses racines algériennes. Impossible en découvrant Soeurs de ne pas penser à ADN. D’autant plus que Maiwenn campe avec Isabelle Adjani et Rachida Brakni les héroïnes de ce film. Trois sœurs franco- algériennes partant en Algérie au chevet de leur père mourant afin qu’il leur révèle où se trouve leur frère qu’il a enlevé dans gamin pour l’emmener en Algérie. Certes le sujet n’est pas strictement le même. Evidemment, la comparaison est injuste car Yamina Benguigui n’est pas responsable des calendriers de sorties. Mais, au- delà, il manque à Sœurs l’énergie bouillonnante et maladroite qui faisaient tout le charme de son Inch’Allah dimanche. On a le sentiment ici que la cinéaste, tout au message sur ces familles écartelées entre deux continents qu’elle veut faire passer, sacrifie moins la manière de le transmettre et cadre trop les choses pour que son récit se déploie.

Thierry Cheze

 

SOLO ★★☆☆☆
De Artemio Benki

Fiction ou documentaire ? On se pose d’emblée la question dans ce film qui raconte le combat acharné d’un pianiste virtuose argentin contre une agoraphobie dévastatrice qui l’empêche de pratiquer sa son art en public. L’image est particulièrement travaillée, les cadres extrêmement soignés. On pense donc reconstitution quand pourtant tout n’est ici que captation de la réalité, conduite avec une pudeur de chaque instant, sans une once de voyeurisme, en dépit des situations rudes rencontrées. Et pourtant quelque chose cloche, rien qui ne vienne mettre totalement l’édifice mais une propension à vouloir précisément un peu trop compliquer les choses, notamment dans la chronologie du récit. Un parti pris que Artemio Benki semble avoir adopté pour mettre le spectateur littéralement dans la tête de cet homme où régne une confusion permanente. Un peu trop littéralement hélas.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

PIERRE LAPIN 2 ★☆☆☆☆
De Will Gluck

« L’adorable petit rongeur espiègle créé par Beatrix Potter est le héros d’une fable aussi impolie qu’hilarante » écrivait Première à propos de Pierre Lapin, les aventures de ce cousin de Paddington placées sous le signe de la loufoquerie et du second degré. Autant de notions en berne dans cette suite où Béa, Thomas et la bande de lapins forment désormais une famille recomposée. Tout le scénario gravite ici autour d’un méchant éditeur londonien qui voudrait trahir les romans graphiques inspirées à la gentille Béa par les fameux lapins pour doper les ventes. Oublié le second degré, tout n’est qu’archétype et en sortant ses héros de leur potager, Will Gluck reproduit étrangement que ce qu’il « dénonce » dans son histoire : l’oubli des fondamentaux. Sans compter que lorsqu’on a la chance de réunir des comédiens de la trempe de Rose Byrne, Domhnall Gleeson et David Oyelowo, leur donner si peu à jouer tient de la provocation !

Thierry Cheze

LE PROCES DE L’HERBORISTE ★☆☆☆☆
De Agnieszka Holland

Le destin du personnage central du nouveau Agnieszka Holland est hors normes : Jan Mikolášek, un des plus grands guérisseurs du 20ème siècle soignant sans distinction de classe sociale ou de place sur l’échiquier politique ceux qui venaient lui demander son aide. Sauf qu’à force de traiter de la même manière Allemands nazis sous l’Occupation et fonctionnaires communistes d’après-guerre, sa popularité ne pouvait que susciter la jalousie et provoquer sa chute, une fois ses soutiens chassés du pouvoir. Quel dommage que ce film traite cette épopée insensée et les secrets douloureusement enfouis de Mikolášek (son homosexualité présumée…) avec aussi peu de relief. Avec son parti pris de se concentrer sur l’intériorité de son héros, Holland dévitalise son récit, une impression renforcée par l’impersonnalité de sa mise en scène. Une bonne biographie vaut toujours mieux qu’un biopic transparent

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS DU TOUT AIMÉ

THE DEEP HOUSE ☆☆☆☆☆
De Julien Maury et Alexandre Bustillo

En cherchant la vidéo à un million de vues, un YouTuber spécialiste d'Urbex (l'exploration de lieux abandonnés) emmène sa copine en plongée dans une maison intacte au fond d'un lac, engloutie par la construction d'un barrage. La demeure se révèle chargée de forces surnaturelles menaçantes. Filmer une maison hantée en apesanteur aquatique : voilà une très bonne idée ! Et une belle douche froide : le défi technique réel du tournage n'accomplit pas la jolie, et originale, promesse de cinéma annoncée fièrement par The Deep House, et ne compense certainement pas un script d'une paresse terrifiante. Le film empile les clichés et les effets les plus éculés du cinéma de maison hantée avec une telle candeur qu'on se prend à s'interroger sur les motivations des cinéastes, qui livrent ici l'une des déclinaisons les plus basses du genre.

Sylvestre Picard

 

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