En compétition pour la Palme d'or, Ayka raconte le calvaire d'une jeune mère Kirghize dans la neige de Moscou.
Ca ne rigole pas dans Ayka. Dès la deuxième séquence, Ayka, notre héroïne qui vient d'accoucher, s'échappe par la fenêtre de la maternité et abandonne son enfant. Son téléphone n'arrête pas de sonner. On comprend qu'elle doit de l'argent à des gens violents. Elle se traîne dans la neige moscovite. Et rejoint un atelier sombre où elle déplume des poulets. C'est parti pour cent minutes de plongée en apnée dans la vie infernale des immigrés kirghizes à Moscou : Ayka, que la caméra va suivre pendant quelques jours, se débat pour trouver un boulot pour rembourser une dette -et donc pour survivre, malgré la tempête de neige qui paralyse la ville et malgré le souvenir de son nouveau-né. Ca ne rigole pas, ça non.
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Le cinéma d'Ayka, signé Sergey Dvortsevoy (auteur de la jolie mais pas très fine comédie kazakh Tulpan), est dépouillé à l'os. Peu d'ellipses, peu de hors champ, une caméra portée à l'épaule qui ne lâche pas notre héroïne une seule seconde... C'est fort, étouffant et glacial, dur et violent. Misérabiliste. Mais Ayka est également porté par une énergie suffisamment forte pour maintenir la pression : les plans-séquences nous font traverser frontalement un outremonde russe, de placards en squats, comme une sombre odyssée clandestine. L'énergie du film est évidemment incarnée par l'actrice Salma Yeslyamova, qui se bat avec une force épatante pour se maintenir en vie dans une Russie raciste et congelée. Non, elle n'est vraiment pas là pour rigoler.
Présenté en compétition au 71ème Festival de Cannes, Ayka n'a pas encore de date de sortie.
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