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Todd Haynes revient à Cannes avec un nouveau film rétro et nostalgique.

Le glam rock, les années 50, Bob Dylan… Depuis bientôt 20 ans et le matriciel Velvel Godmine, Todd Haynes s’attache à revisiter la culture pop américaine avec le regard et les outils narratifs d’aujourd’hui. Du cinéma postmoderne naguère avant-gardiste qui a fini par devenir trop conscient de lui-même, notamment dans le surfait Carol, en compétition à Cannes il y a deux ans. C’est dire qu’on attendait Wonderstruck sans véritable engouement mais avec une certaine curiosité.

L’action principale se situe en 1977. Un garçon perd sa mère dans un accident de voiture. Peu après, frappé par la foudre qui a occasionné chez lui une surdité totale, Ben s’échappe à New York pour retrouver le père qu’il n’a jamais connu. En parallèle, on suit les mésaventures de Rose, jeune fille également perdue à New York, en 1927. Sourde de naissance, elle est déchirée entre son père et sa mère, divorcés. Quel lien mystérieux unit ces deux enfants, à cinquante ans d’intervalle ?

Esthétisant, mais pas trop

Après une mise en route laborieuse qui entretient le flou artistique autour des deux protagonistes, la nature romanesque du récit se déploie délicatement pour aboutir au dénouement émotionnel attendu. L’émerveillement du titre –"wonderstruck" signifie "émerveillé"- tient autant dans cette double quête initiatique que dans le dispositif plastique adopté par Haynes qui joue superbement sur les contrastes : couleur du présent/noir et blanc du passé, bande-originale classique/pop & soul 70’s, cinéma parlant/cinéma muet… Il y a cette fois moins de coquetterie expérimentale que d’envie de raconter, simplement et directement, une belle histoire.