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Rouve trempe son film dans une sincère nostalgie, y compris quand il cambriole une mémoire collective via des emprunts flagrants aux comédies policières de Philippe de Broca ou aux musiques de Lalo Schifrin. Alors qu'est ce qui empêche de crier à la contrefaçon? Une vision toute personnelle de Spaggiari. En vidant vraiment ses coffres, il aurait fait un beau braquage. En l'état, Sans arme ni haine ni violence ne reste qu'un intriguant faisceau d'indices sur un metteur en scène sans doute prometteur mais qui préfère être en cavale plutôt qu' affronter ses failles.
Toutes les critiques de Sans Arme Ni Haine Ni Violence
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Télé 7 jourspar Julien Barcilon
A l'instar de son héros, dont il brosse le portrait contrasté, tragi-comique et sans complaisance, le comédien signe, pour son coup d'essai, un coup de maître. Astucieuse, soignée dans sa peinture vintage de l'époque, joliment rythmée, la mise en scène, façon puzzle, séduit et nous met dans sa poche avec la complicité d'interprètes impeccables.
- Fluctuat
Alors que Jean-François Richet prépare un diptyque très sérieux sur Mesrine, Jean-Paul Rouve s'attaque à Spaggiari avec humour et lucidité. Une tragi-comédie hésitante mais pleine d'ambition et de promesses où le comédien trouve un personnage à sa hauteur.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaCette semaine, ici même, on dit beaucoup de bien de Passe-passe, la nouvelle comédie romantique mutante de Tonie Marshall. On aurait donc pu prendre plus de temps pour en parler, mais on a préféré s'attarder sur un autre cas, plus complexe parce que moins évident, Sans arme, ni haine, ni violence, premier film de et avec Jean-Paul Rouve, sur le célèbre cambrioleur qui défraya la chronique dans les années soixante-dix, Albert Spaggiari. Il faut être clair, d'emblée, le film est un peu raté, mais loin d'être négligeable. D'abord parce qu'il s'inscrit dans une double voie. Une haute, qui navigue entre le revival seventies, l'amour des chemises col pelle à tarte et costumes pied de poule, une image pas très propre mais où la fantaisie et la couleur l'emportent, soit le refuge tendre et nostalgique des années de philippe de broca époque L'Homme de Rio, une esthétique vintage pleine de charme à laquelle Rouve ajoute un beau romanesque lucide et une envie d'exotisme. L'autre, basse, ventre mou de la production frenchy balisée, qui ne prend pas de risques avec son casting sans relief (Alice Taglioni, Gilles Lellouche, bof), et surtout qui n'a pas les épaules assez larges pour tenir un tel projet, en soi assez enthousiasmant.Ni symboles, ni sensationnelEnsuite parce que Rouve a eu une idée de génie. C'est sa trouvaille et à la fois un pari risqué : éviter le spectaculaire, jusqu'à le tuer dans l'oeuf quand il menace. Tendance kamikaze - déjà à l'oeuvre à l'époque des Robin des bois -, qui dès le générique peut gêner (un split screen sur l'évasion de Spaggiari dans le bureau du juge auquel s'ajoutent les titres, l'écran est saturé, l'action illisible). Car tout le principe est de contrarier, ne jamais enjoliver le personnage, ses actions ou sa personnalité. Rien pour le sensationnel donc, encore moins les symboles, Spaggiari n'est pas Mesrine. Au contraire, Rouve tire d'un côté son film vers le bas, en direction d'une comédie lose, presque triste et réaliste, de l'autre son héros, pas pour en faire une ordure, mais trouver un équilibre, une vérité dessinée à coup de nuances. Ainsi chaque morceau de bravoure attendu est éludé, inutile d'espérer une grande scène de cambriolage, Rouve s'acharne à la morceler, l'éparpiller, la noyer. Ce qui l'intéresse c'est pas que Spagiarri ait réussi le casse du siècle, mais comment, avec "alain delon" rec="0" et Arsène Lupin comme modèles, il a voulu être une star, s'inventer une vie pour faire la une des journaux ; et surtout quelle était sa réalité lorsqu'en fuite, fauché, dans un appartement modeste quelque part en Amérique du sud, il vivait avec sa femme, ancienne bourgeoise blasée qui lui aura tout pardonné par amour.En quête de faillesUn portrait en quête de failles donc, de dualité, où Spaggiari apparaît par moments comme un beauf narcissique, un type en mal de reconnaissance, avec ses relents idéologiques d'anar de droite, ses vieux réflexes d'ex para lecteur de jean Lartéguy, son penchant pour le bling-bling, et à d'autres instants comme un naïf attendrissant, un séducteur sympathique et généreux, un gambler fabuleux, un génie du travestissement au réel panache, un prince du faux qui se plaît en conteur. Ainsi de la forme empruntée par le film, celle de l'entretien où chaque plongée dans le passé crée un flash back où défile l'histoire que Spaggiari raconte à l'autre personnage principal du film, un prétendu journaliste qui lui a promis la une de Paris Match (son rêve). Sur le principe, la structure du récit colle parfaitement à l'image du personnage, dans la réalité le film a du mal à relier les bouts, passé, présent, il s'embrouille, ne sait pas toujours comment faire le joint. Problème de mise en scène peut-être, qui ne sublime pas quand il faut Spaggiari pour mieux le faire descendre ensuite de son nuage, ou problème tout simplement d'un premier film qui se cherche, ne maîtrise pas toutes ses idées. Là des personnages trop présents et trop flous à la fois, ici un récit parallèle qui s'accommode mal du principal, bref un film hésitant mais qui pourtant, dans le paysage cinématographique français, se défend pour son ambition et la sympathie de son auteur qui a trouvé ici un personnage à sa mesure. Sans arme, ni haine, ni violence
De Jean-Paul Rouve
Avec Jean-Paul Rouve, Alice Taglioni, Gilles Lellouche
Sortie en salles le 16 avril 2008Illus. © Mars Distribution
- Exprimez-vous sur le forum cinéma
- Lire les fils comédie, film policier, biopic sur le blog cinémaEllepar Françoise DelbecqSi le casse en lui-même est formidablement bien reconstitué, la vie du réfugié ne nous émeut guère. Le panache, si souvent loué au sujet de ce gentleman cambrioleur, est à peine esquissé. Où est le romanesque?
Pariscopepar Virginie GaucherPas de suspense, pas de poursuites -le réalisateur place avec culot le braquage historique à la fin du film- : on est loin du policier classique. Pour sa première réalisation, Jean-Paul Rouve peint la vraie fausse bio d’un grand gosse qui se déguise, parade et mène la belle vie dans les palaces, affirme bien connaître Alain Delon et dont il ne cache pas quelques traits peu sympathiques. Dans de beaux décors qui ne jouent pas la carte facile du rétro, cette chronique mélancolique d’un homme au bout de ses rêves, sa dernière « opération séduction », sa dernière amitié sont élégamment mise en scène, raccorde très habilement présent et flashs back.