DR

L’affaire avait fait du remous dans les cercles intellectuels et le milieu théâtral parisien : la non reconduction d’Olivier Py à la tête du Théâtre de l’Odéon malgré un bilan salué comme positif de la part de celui-là même qui lui annonçait la nouvelle, à savoir, Frédéric Mitterrand (tout récent ex-Ministre de la Culture) qui décidait tout à trac de le remplacer par le non moins talentueux Luc Bondy, hyper qualifié pour le poste mais à la limite de l'âge butoir pour occuper de telles fonctions. Bref, le feuilleton avait maintenu la presse en haleine pendant quelques jours jusqu'au rebondissement final : Olivier Py, nommé à la direction du Festival d'Avignon pour prendre le relai après le duo de choc formé par Vincent Baudriller et Hortense Archambault.C'est donc la dernière saison d'Olivier Py à l'Odéon et l'on note que le cap est maintenu jusqu'au bout. Le Festival de Jeunes Compagnies, "Impatience", sélection passionnante de spectacles représentatifs de la nouvelle création européenne, vient de se clôturer et de décerner son prix au Raoul Collectif pour Le Signal du Promeneur, traitant avec humour et intelligence de la difficulté et nécessité d'orientation des jeunes générations dans la jungle du monde."Impatience" achevé, on se tourne vers la prochaine pièce à l'affiche, une reprise du Festival d'Avignon 2011, la fameuse Mademoiselle Julie de Strindberg mise en scène et ajustée au goût du jour par Frédéric Fisbach qui réunit pour ce duel de désir et de destruction deux interprètes exceptionnels aux carrières néanmoins très éloignées : Juliette Binoche, star du grand écran au parcours cinématographique inégalable, et Nicolas Bouchaud, star des planches, porté aux nues par le metteur en scène Jean-François Sivadier qui lui a offert ses plus beaux rôles. Les représentations démarrent le 18 mai et courent jusqu'au 24 juin dans l'écrin de la salle à l'Italienne du Théâtre de l'Odéon.Les Ateliers Berthier, salle modulable du 18ème arrondissement, ne sont pas en reste, avec un cycle consacré à l'un des plus talentueux auteurs et metteurs en scène français : Joël Pommerat. Un artiste complet qui invente un théâtre de toutes pièces, inspiré par le réel le plus cru, la misère affective et économique, et dans le même temps échappant à ses situations sordides et dérangeantes, en lui inoculant une dimension onirique troublante. Dans ce théâtre où se côtoient laideur du fond et beauté de la forme, le spectateur est happé dans un dispositif qui l'englobe et l'investit avec une puissance hypnotique. Séduction opérée au premier abord par un travail esthétique abouti et maîtrisé où la scénographie, les lumières et l'ambiance sonore atteignent un niveau de fusion et de perfection absolument bouleversant. Magnétisme opéré en second lieu par les intrigues nouées et des mécanismes narratifs qui vous entraînent dans le piège de leurs maillons-toile d'araignée. On en ressort l'âme en pagaille et le cœur secoué. Au menu donc de ce focus Pommerat : les reprises de Cercles / Fictions (du 23 mai au 3 juin) et de Ma Chambre froide (du 7 au 24 juin). Pour ceux qui ne connaissent pas encore, c'est à ne manquer sous aucun prétexte.Par Marie Plantin.