-
Il y a dans ce Deuxième souffle, qui en manque un peu, une proposition de cinéma stimulante, à défaut d'être aboutie. Une tentative de renouvellement du grand spectacle populaire plein de stars par l'hybridation et la stylisation extrêmes. Pour preuve, l'audacieux casting de gueules, qui pioche dans différentes familles du 7e art pour se révéler d'une évidente cohérence.
Toutes les critiques de Le Deuxième Souffle
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Alain Corneau stylise à sa manière. Boîtes de nuit éclairées de vert fluo et lampes fuchsia, jets de sang et ralentis esthétisants : il tourne délibérément le dos à l'ambiance noir et blanc ou bleu d'acier qui marqua le genre, pour jouer avec une abstraction moderne, rendre hommage à Sam Peckinpah, aligner les clins d'oeil à Johnny To, user des couleurs rétro saturées d'un Wong Kar-waï. Corneau ne se trahit pas : on retrouve chez Gu le jusqu'au-boutisme de Patrick Dewaere dans Série noire. Il propose une version moderne du polar, revisitée par les cinéastes de Hongkong, poétisée, poignante.
-
Revisité avec un fort parti pris esthétique par Alain Corneau qui fut l'assistant de José Giovanni, l'auteur du roman, ce polar renoue avec la grande tradition du film noir à la française. Captivante de bout en bout, rythmé comme une sulfateuse, cette tragédie policière nous donne à déguster une brochette d'acteurs prestigieux.
-
Les jeunes générations apprécieront un récit tendu jusqu'à l'inexorable, des fusillades et des scènes d'action entre Johnnie To et John Woo. Les autres regretteront justement cette influence asiatique, qui n'ajoute rien à la puissance dramatique de l'oeuvre originelle. La distribution est aussi prestigieuse que bancale.
-
Visuellement séduisant, son remake pâtit hélas d'une mise en scène atone et d'une interprétation étonnamment théâtrale. Faute de chair et de souffle, ce polar n'a pas la gueule d'atmosphère espérée.
-
D'une distribution luxueuse émergent tout de même quelques bonheurs : Jacques Dutronc, Jacques Bonnaffé, Gilbert Melki et même Nicolas Duvauchelle jouent juste parce qu'ils sont dans le plaisir de la composition, et non pas dans le hiératisme du tragique forcé. La mise en scène d'Alain Corneau a parfois l'efficacité des petits maîtres hollywoodiens — la scène du casse, en particulier. Mais il manque à ce Deuxième Souffle un moteur plus puissant que la simple nostalgie d'un genre et d'une époque. Il y manque la vie, tout simplement.