Première
par Sylvestre Picard
Roy, vieux roublard vétéran, monte des arnaques de haut niveau. Il cherche l’ultime gros coup qui lui permettra une retraite dorée sous les cocotiers. Sa prochaine cible : Betty, une veuve millionnaire et un peu trop confiante. Est-elle si dupe ? Qui arnaque qui ? Bon, admettons-le, L’Art du mensonge n’inspire pas une confiance folle : un film d’arnaque « troisième âge » (c’est un genre en soi : cela fait longtemps que Michael Caine paye ses impôts grâce à ça) avec un duo d’acteurs cabotins et des blagues sur le dating carte vermeil à l’ère d’internet autour du tea time. Mais ce n’est pas une comédie, c’est un gros thriller romanesque dont l’intrigue, particulièrement abracadabrante, est beaucoup, beaucoup plus ambitieuse que ses prémisses ne le laissaient deviner. On ne va rien vous spoiler, bien sûr, sauf que l’on peut prendre un certain plaisir à ces rebondissements, finalement plutôt rigolos malgré la noirceur intrinsèque du sujet. Ian McKellen rafle la timbale en jouant sur tous les tableaux. Il parvient à passer en l’espace d’une microseconde d’un personnage à un autre : l’arnaqueur gentleman devient un attendrissant papy gâteau, puis un terrifiant enfoiré garanti chimiquement pur. Tout cela en paraissant beaucoup s’amuser, mais sans jamais oublier la précision de son travail (c’est sa troisième fois devant la caméra du très aléatoire Bill Condon, après Gods and Monsters, inédit en France, en 1998 et Mr Holmes en 2015). C’est réellement très impressionnant.