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Dans le premier volet, Guillermo Del Toro s’était inévitablement concentré sur les origines de son superhéros paradoxal (un démon qui opère pour les forces du Bien). Cette fois, libéré de ces contraintes, le réalisateur avait les coudées franches pour lancer son personnage dans une véritable aventure. C’est ce qu’il réussit ici, inventant – bien mieux que ne l’ont fait avant lui George Lucas et Peter Jackson – un univers parallèle peuplé de démons, de trolls et de demi-dieux. De fait, Del Toro a beaucoup d’atouts pour lui : une culture exceptionnelle doublée d’une passion sincère pour toutes les formes d’expression du fantastique, auxquelles il rend ici hommage à coups de citations généreuses (qui vont de Frankenstein à Miyazaki en passant par lui-même) ; une imagination illimitée qui remplit l’image de manière tellement riche qu’il faut plusieurs visions pour en faire le tour ; une maîtrise exceptionnelle de l’imagerie numérique, qu’il mêle de façon indétectable aux prises de vues réelles. Du coup, il opère une synthèse miraculeuse entre le langage de la BD et celui du cinéma, entre le registre intimiste de ses films d’auteur et les moyens des blockbusters.
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Il paraît que les suites sont systématiquement moins bonnes que les œuvres qui les précèdent. Ce n’est clairement pas le cas avec cet Hellboy II avec lequel le réalisateur Guillermo Del Toro livre un film plus abouti, plus maîtrisé et pour tout dire plus mature. Les influences esthétiques du Labyrinthe de Pan, son précédent long-métrage, paraissent évidentes mais celles-ci apportent une véritable identité graphique à ce film de super héros qui aurait pu au final n’être qu’un film de super héros de plus. S’ajoute à cette esthétique un background écologique qui fait de cet Hellboy II un film en phase avec les préoccupations de notre époque. Un thème qui apporte un peu plus de profondeur à ce personnage néanmoins toujours adepte de la réplique cinglante et du coup de revolver dévastateur. Hellboy II remplit ainsi parfaitement son contrat en faisant qui plus est évoluer intelligemment le personnage créé par Mike Mignola.
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Depuis leur retour en force sur les écrans, les films de superhéros se divisent en trois catégories : cérébrale (X-Men, Spider-Man, Batman), pop-corn (Les 4 Fantastiques), alternative (Hellboy, Iron Man). En changeant de catégorie (alternative pour pop-corn), Hellboy II fait un bond en arrière côté qualitatif. Variante sensible sur le thème de la monstruosité (motif fétiche de Del Toro), le premier opus laissait pourtant espérer une suite à sa hauteur. Paresse ? Manque d’inspiration ? Toujours est-il qu’Hellboy II gâche l’héritage de son prédécesseur. Réduit à une caricature de freak macho, approximatif et vanneur, le démon rouge se montre finalement moins intéressant que son ennemi du moment, décidé à en finir avec le monde méprisant des humains. Pour résumer : une touche de X-Men par-ci, une touche de Star Wars par-là (l’impressionnant bestiaire fantastique est l’arbre qui cache l’indigence du scénario). Question : où est l’auteur ?