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C’est une des équations les plus compliquée du cinéma français. Comment adapter le menhir de la culture populaire française ? Une réponse a consisté à confondre « populaire » et bling bling, pour convoquer le gotha des stars du moment et touiller une marmite d’humour lourdingue et vulgaire. C’était le cas d’Asterix aux Jeux Olympiques de Thomas Langmann. Une autre a été d’organiser un délire digressif en s’affranchissant de la BD pour trouver un équivalent pop et 2.0 à l’humour de Gosciny et Uderzo. Ce fut la qualité du Chabat qui reste le mètre-étalon du genre.
Canet a choisi une autre voie : il n’adapte pas un album existant et préfère s'approprier les lieux pour ne conserver que l'appareillage essentiel (bastons, banquets, pirates et Jules César)… L’Empire du Milieu raconte donc le voyage d’Astérix et d’Obélix en Chine afin de libérer l’impératrice emprisonnée et délivrer le pays du joug d’un tyran. Tout n’est pas réussi (les combats kung-fu, le défilé de stars accessoires, d’Angèle à McFly et Carlito, l’atonie étrange de certaines scènes), mais l'idée la plus forte est, contrairement à l’adaptation de Chabat, de remettre au cœur du récit la figure d’Astérix et d’Obélix. C’est le nerf de son film, qui ramène son projet sur un terrain à la fois plus personnel (comme le Chabat, c’est un vrai film d’auteur) et plus humain (c’est une histoire d’amitié naissante) et l’empêche de s’écrouler sous son déluge numérique.