DR

Bryan Singer montre la voie de ce que devrait être une bonne série fantastique pour le grand public.

Question X-Men, Bryan Singer en connaît un rayon. Le réalisateur de X-Men, X-Men 2, X-Men: Days of Future Past et du petit dernier, X-Men: Apocalypse, transpose ses mutants sur le petit écran, pour une nouvelle super-série, qui n'apporte pas grand chose de neuf au genre, mais réussit tout de même à faire tout ce qu'elle a à faire, avec élégance et un soupçon de fougue. Attention spoilers !

L'histoire de The Gifted nous emmène dans un monde où les mutants sont désormais traqués de manière systématique par le gouvernement américain. Plus question de laisser des gens surpuissants s’entretuer et tout détruire au passage. Ils sont désormais arrêtés et enfermés, sans autre forme de procès. Reed Strucker est procureur à Atlanta, spécialisé dans une task force qui s'occupe justement des affaires mutantes. Mais sa vie va basculer le soir où il découvre que ses propres enfants, Lauren et Andy, sont aussi doués d'un certain "talent". Le plus jeune, adolescent tourmenté au lycée, est notamment un télépathe habité par une énorme force. Après qu'il a laissé explosé son pouvoir au beau milieu de la soirée dansante de l'école, les enfants Strucker sont activement recherchés par les autorités. Alors Reed et sa femme Caitlin prennent la fuite avec eux, et demandent l'aide du réseau souterrain des mutants cachés du monde... et que Reed traquait encore hier.


UNE "VIBE" DAYS OF FUTURE PAST

Vous l'aurez compris, The Gifted reste dans la droite ligne des thèmes abordés par les films X-Men de Singer. La série est d'ailleurs directement connectée à la franchise ciné, et il y a une certaine "vibe" Days of Future Past qui ressort clairement de ce premier épisode. Comme si le réalisateur avait eu envie d'explorer un peu plus son scénario de 2014. Plus exactement, il semblerait que The Gifted se situe dans une timeline alternative, peut-être celle où le docteur Bolivar Trask a développé ses Sentinelles et que Wolverine a modifié en revenant dans le passé, au cinéma. Un indice pointe en ce sens : dans The Gifted, l'unité spéciale, qui traque les mutants les plus puissants et les fait "disparaître" s'appelle l'Unité Sentinelle.

D'autres petites références sont faites ici et là aux X-Men et à la "Brotherhood" (l'organisation de Magneto). On nous explique que dans le monde de The Gifted, ils ont disparu. Pourquoi ? Comment ? La série répondra certainement à cette question avec le temps, mais pour l'heure, elle va s'efforcer d'explorer son réseau souterrain de mutants rebelles, qui s'étend à tout le pays. En d'autres termes, des bribes de mythologie sont égrainés ici et là dans ce pilote et ont de quoi satisfaire pleinement les fans de la saga, comme les novices. Une histoire riche et dark se cache derrière cette version télé de l'univers X-Men, qui reprend également les enjeux moraux chers aux comics, à savoir la peur de la différence, la difficile acceptation de l'autre ou encore la réduction des libertés au profit de la sécurité. "Tu te souviens comment c'était avant ? Les mutants qui se battaient entre eux et qui blessaient et tuaient des innoncents au passage ! Les gens voulaient que le gouvernement fasse quelque chose", explique ainsi Reed à sa femme, pour justifier les actions des autorités contre les mutants.

DR

UN LEGION "MAINSTREAM"

De ce point de vue, la série de la Fox rejoint largement l'autre série X-Men du petit écran, diffusé cet hiver sur FX (une autre chaîne du groupe Fox). The Gifted est, à bien des égards, une sorte de Legion "mainstream". Une version grand public, qui n'a pas le grain de folie, la délicieuse originalité, ni la touche de génie de Noah Hawley. Mais elle est certainement plus accessible, plus visuelle aussi.

Parce que The Gifted n'a pas peur de donner aux téléspectateurs ce qu'ils sont venus chercher ici : des super pouvoirs ! Ce premier pilote est truffé de pouvoirs cool, excitants, et parfaitement dessinés à l'écran, grâce à des effets spéciaux très soignés. Un vrai atout pour ce pur drama fantastique, qui mise beaucoup sur son rythme endiablé, de l'action pur jus, et une tension palpable... et qui a aussi la bonne idée de réduire au minimum le quota des incontournables tirades sur l'intolérance et le conformisme. 


 

UNE FAMILLE CHARISMATIQUE ET ATTACHANTE

Mais tout ça ne pourrait pas fonctionner sans des personnages solides. La performance du casting est à saluer, dans ce premier épisode. La famille Strucker est charismatique et attachante, grâce à ses gamins pas trop agaçants et surtout grâce à son duo Stephen Moyer / Amy Acker, qui fonctionne à merveille. Ouf, malgré quelques ressemblances évidentes, on n'est pas dans No Ordinary Family.

Reste que tout cela est assez convenu. La dynamique générale du show a bon vieux goût de super-déjà-vu. Et question dialogues, on est encore loin de la répartie salée de Jessica Jones ou de l'éloquence des Defenders, Fox oblige. À défaut d'être très originale, The Gifted fait le job avec style et c'est déjà pas mal.