Sans filtre
ABACA

Le réalisateur de The Square a gagné une deuxième Palme d’or pour Sans filtre (Triangle of Sadness). Un film qui arrive ce soir en clair à la télévision.

Cinq ans après The Square, le suédois Ruben Östlund a remporté en mai 2022 une deuxième Palme d’or pour Sans filtre. Un prix qui l'a fait rentrer dans un cercle très fermé aux côtés de Francis Ford Coppola, Shōhei Imamura, Bille August, Emir Kusturica, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Michael Haneke et Ken Loach.

Dans ce film, qui arrive ce dimanche sur Arte, il poursuit son exploration ironique du genre humain à travers des personnages friqués embarqués dans une croisière de luxe. Nous l’avions rencontré dans les premiers jours du festival, le jour de la présentation de son long-métrage.

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Etes-vous heureux d’être au Festival de Cannes qui pourrait un décor de votre film avec sa débauche d’argent, d’apparences, de faux-semblants... ?

Ruben Ostlünd : Bien-sûr ! Tout le monde rêve secrètement de vivre dans le luxe. Plus sérieusement, j’adore critiquer le groupe social auquel j’appartiens. Or, ici à Cannes, ce monde du cinéma, c’est le mien. L’idée avec mes films n’est pas de me positionner en surplomb, ni de pointer du doigt des individus particuliers mais d’avoir une vue d’ensemble. Pour Sans filtre, je suis partie d’une histoire qui m’est arrivée ici même, il y a quelques années. De retour du restaurant avec ma femme, nous avons commencé à nous disputer au sujet de l’addition, à l’image du couple au début du film. Vous voyez-bien que je ne suis pas un cynique qui regarde ses semblables avec condescendance. Ils me ressemblent un peu tous.

Sans filtre parle également d’un couple en crise... 

Oui et on peut voir ici que l’amour et l’économie sont étroitement liés.  Le rapport à l’argent est au centre des relations des jeunes héros, Carl et Yaya, il conditionne leur engagement l’un envers l’autre. Yaya se voit au départ comme une sorte de trophée au féminin pour son petit ami. Plus tard, lorsqu’ils se retrouvent sur l’île, il va être question de pêche pour survivre. Les sentiments sont à nouveau pervertis.   

L’action de The Square se passait principalement dans un musée d’art contemporain. Dans Sans filtre, on se retrouve embarqué dans une croisière de luxe. Le décor change, pas le propos... 

Si je vous dis que le prochain se passe dans un vol long-courrier, vous allez dire que je fais sans arrêt le même film et vous aurez raison. Contrairement à ce que vous pensez, j’ai confiance en l’espèce humaine. Elle est capable de faire de grandes choses en commun. En tant que cinéaste, j’adore montrer notre part monstrueuse.


Sans filtre : une farce satirique qui finit par ronronner [critique]