Sous forme de thriller surnaturel, la métaphore de l’effondrement d’une société fracturée par les sentiments d’injustices.
Moloch, polar original avec Marine Vacth et Olivier Gourmet, démarre ce soir sur Arte, et est déjà disponible sur le site de la chaîne. Première vous la conseille.
Toujours désireuse d’explorer, après Ad Vitam ou Une île, le terrain fantastique francophone, Arte a confié à Arnaud Malherbe (cocréateur de Chefs et prochainement réalisateur du film Ogre) la conception de cette série surnaturelle qui s’ancre dans une noirceur contemporaine faite de souffrance sociale et de sentiments de révolte. Réactivant les peurs liées à la divinité biblique Moloch (impliquée dans des sacrifices par le feu), la série se déroule dans une ville côtière et indéterminée où des habitants s’enflamment soudain les uns après les autres. Suicides d’âmes désespérées ? Oeuvre d’un serial killer ? Vengeance de la nature ? L’enquête est menée par une jeune journaliste en manque de reconnaissance (Marine Vacth) et un psychiatre respecté mais traumatisé par le deuil (Olivier Gourmet). La froideur des relations humaines et la dureté d’une société meurtrie par les frustrations donnent corps à une imagerie aux références multiples (allant de La Féline de Jacques Tourneur à Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg) qui dessine une mince frontière séparant justiciers vengeurs et criminels déséquilibrés. Le soin apporté à cette esthétique hallucinatoire fait parfois passer l’écriture des personnages au second plan et n’évite pas quelques facilités dans la description du métier journalistique. Mais, forte de sa métaphore sociétale, la série réussit l’essentiel : faire naître le trouble avec ses figures psychologiquement brisées qui trouveront au bout du fantastique des réponses intérieures.
Moloch – Olivier Gourmet : "La série aborde Dieu"
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