Pour ou contre ces nouvelles sorcières ? On compte les points.
C'est l'une des curiosités majeures de cette rentrée des séries : la nouvelle Charmed, reboot ou remake (comme vous voulez) du célèbre classique des années 90, a fait ses débuts à la télé américaine, hier soir. Alors inqualifiable sacrilège ou bonne idée revisitée ? Attention spoilers !
L'histoire n'a pas bougé d'un iota ou presque. Trois soeurs voient leurs pouvoirs apparaître, à la mort de leur mère. Maggie, Mel et Macy sont des jeunes femmes modernes, impliquées dans la société d'aujourd'hui. Jusqu'au jour funeste où maman Vera est attaquée chez elle, et balancée par la fenêtre pour le compte. Trois mois plus tard, Maggie découvre qu'elle peut lire dans les pensées. Macy peut déplacer les objets par la force de son esprit. Et Mel arrête le temps. Harry, un Être de Lumière, va alors leur apprendre la vérité sur leurs origines : elles sont sorcières de mère en filles, et ensemble, elles forment la plus grande puissance magique qui existe : le Pouvoir des Trois, indispensable pour vaincre le Mal et les Démons prêts à envahir la Terre...
Le Pouvoir des Trois est donc toujours là. Les Êtres de Lumière aussi. La maison est identique. Le grenier ressemble à s'y méprendre à l'ancien. Avec le livre des Ombres sur son pupitre, contenant des incantations à répéter en coeur, pour faire exploser les monstres malfaisants... On est bien dans Charmed, il n'y a pas le moindre doute. Et pourtant, la vibe semble indéniablement différente.
Là est la vraie prouesse de ce remake (du moins du premier épisode) : avoir réussi à faire du neuf avec du vieux. la série fantastique est toujours la même qu'il y a 20 ans, mais elle a été finement dépoussiérée, sur la forme, comme sur le fond. Visuellement d'abord, la photo offre une impression de modernité notable. Et les effets spéciaux sont, évidemment, beaucoup plus beaux, à l'image de ce démon givré, à la fin de l'épisode 1, qui surpasse déjà à lui tout seul tous les monstres aperçus dans la série originale.
Sur le fond, les auteurs ont décidé de remettre Charmed à l'heure post-Weinstein et joue sans complexe la carte d'un féminisme exacerbé. Un féminisme du XXIe siècle, incarné avec une vigeur presque politique par les trois héroïnes. De manière grossière d'ailleurs, la série fait une analogie entre le Pouvoir des Trois et la prise des pouvoir des femmes dans le monde actuel. Un discours sociétal un peu balourd, qui ne fait pas franchement dans la subtilité, lorsqu'il transforme, littéralement, un vieux prof pervers abusif en démon, que les filles vont faire exploser par la force du bien... Oui, c'est assez gênant.
Heureusement, les jeunes filles en question ne manquent pas d'intérêt. La créatrice de Jane the Virgin, Jennie Snyder Urman, a su dessiner des personnages féminins forts, complexes, attachants et ancrés dans leur époque. Des personnages qui ne sont - heureusement - absolument jamais des doubles 2018 des soeurs Halliwell, et qui brillent surtout lorsqu'elles partagent la scène avec le "nouveau Leo". Harry, l'Être de Lumière 2.0 de ce remake de Charmed, est incontestablement la bonne surprise de ce pilote. En mentor fun et décontracté à l'accent britannique, Rupert Evans (déjà excellent dans The Man in the High Castle sur Amazon) vole la vedette aux trois sorcières (oui, je sais, c'est paradoxal), en devenant une espèce de Rupert Giles magique avec ses trois Buffy enchanteresses.
Il faut dire que le casting des nouvelles soeurs a un peu de mal à assumer la comparaison avec Alyssa Milano & co. Si Melonie Diaz s'annonce déjà comme la leader de la bande, les deux autres manquent sérieusement de charisme. Et avouons-le, l'alchimie entre les trois est pour le moment loin d'être flagrante. Un problème de taille pour le reboot, s'il n'arrive pas à trouver ici la recette magique de l'originale, et s'il échoue à offrir à ces nouvelles sorcières une complicité évidente et... charmante.
Charmed - saison 1 - chaque dimanche soir sur la chaîne américaine CW.
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