A la base, il y a le bouquin formidable de Caryl Ferey. 464 pages de violence âpre, une odyssée dans l’Afrique du Sud post-Apartheid collé au basques de deux flics borderlines - Ali, le black traumatisé et Brian, l’afrikaner hanté par ses démons. Une plongée dans les eaux troubles d’un pays qui n’a pas encore réglé ses comptes et a du mal à se regarder en face… Et puis il y a ces scènes de malades qui restent gravées en mémoire pour très longtemps - une scène de plage d’une sauvagerie insoutenable et cette fin qui voit un homme assouvir ses fantasmes de violence tout en découvrant la futilité de ses désirs de vengeance.C’était un imposant roman noir c’est désormais un film. Jérôme Salle - à qui l’on doit les picaresques Largo Winch - a remisé son style bien lustré et sagement explosif pour coller au bouquin de Ferey. « J’avais une double pression, nous confie Salle. Je ne voulais pas décevoir l’auteur, mais au fur et à mesure, je ne voulais pas décevoir l’homme. L’histoire est tellement forte il fallait juste que je sois au service de cette histoire ». Sec, nerveux, hyperréaliste, son Zulu est du coup un film qui lorgne du côté des thrillers 70’s plutôt que du blockbuster popcorn. Parfait. Mais l’arme fatale du film, c’est Orlando Bloom. Dans Zulu, Orlando n’est plus un elfe. Il est devenu un homme. Avec sa barbe dégueulasse, son haleine chargée de bière, ses lunettes qui lui bouffent le visage et sa démarche brutale, instinctive, il montre un côté charnel, sans filtre, qu’on ne lui soupçonnait pas. Il réussit à éviter le cliché grâce à une authenticité impressionnante. Le poster boy fait place à l’acteur. Un bon acteur même… « je ne suis pas un grand acteur, mais je vais m’améliorer ».