V/H/S/Beyond : Kate Siegel, la muse de Mike Flanagan, réalise son premier film d'horreur

L'héroïne de Pas un bruit et Hill House suit les traces de Ti West ou Adam Wingard en écrivant et dirigeant un segment de ce 7e opus de la saga horrifique.

"Ce que j'aime avec V/H/S, c'est son côté segmenté, et bagarreur (scrappy, en VO). Vous êtes entourés de gens qui sont passionnés par ce qu'ils font, mais qui n'ont pas le budget d'un Marvel, ce qui fait que tout le monde s'intéresse à l'aspect créatif, essaye de résoudre chaque problème ensemble. Je me suis sentie très chanceuse d'arriver dans une machine aussi bien huilée pour mon premier job en tant que réalisatrice. En plus, V/H/S est une saga connue pour avoir toujours soutenu des jeunes metteurs en scène pour leur offrir l'opportunité de réaliser leurs rêves."

Kate Siegel prépare en ce moment Stowaway, un segment du septième film V/H/S, qui suit une jeune mère et physicienne (Halle Halley) découvrant un OVNI et décidant de l'explorer en faisant fi du danger. Entertainment Weekly dévoile ses premières images, et la comédienne de The Haunting of Hill House, fraichement passée à la réalisation, en profite pour détailler ses ambitions, et rappeler tout l'amour qu'elle porte au cinéma d'horreur. Tout en saluant ses prédécesseurs, cette franchise horrifique ayant précédemment accueilli Ti West (futur réalisateur de X), Adam Wingard (The Guest, Godzilla vs Kong), Matt Bettinelli-Olpin ou Tyler Gillett (aux commandes ensuite de Scream 5 et 6). Sans oublier Scott Derrickson (Sinister, Black Phone...), qui a lui participé à son avant-dernier opus, V/H/S 1985, revenant aux "petits" projets horrifiques qui lui ont permis de se faire la main avant de signer chez Marvel pour Doctor Strange.

"J'ai toujours rêvé de faire un film dans l'espace"

"J'adore le concept de l'espace, pour commencer, confie Siegel. J'aime Interstellar, j'aime Alien, j'aime cette idée qu'un vaisseau n'est rien d'autre qu'une maison abandonnée... dans l'espace, donc."

Quand Josh Goldbloom lui a proposé de réaliser un segment de V/H/S, elle a d'abord hésité, puis s'est immédiatement penchée sur une histoire d'OVNI. Ses idées colleraient-elles au concept de cette saga horrifique ?

"C'est ce que j'ai préféré quand on s'est rencontrés, détaille-t-elle à propos du producteur de la franchise. Peu importe les idées folles que je lui proposais -je lui ai quand même parlé d'une comédie musicale, et de je ne sais plus quoi d'autre- il était enthousiaste, il me répondait : 'Cool, cool, cool. Ecris un pitch et reviens me voir avec.'"

"J'avais entendu dire par un ami que Kate voulait passer à la réalisation, commente Goldbloom. Je sais que c'est avant tout une actrice, mais je connaissais aussi son expérience de scénariste, avec Mike, sur Pas un bruit. (…) D'emblée, ce qu'elle nous a proposé était dingue, l'un des trucs les plus fous que j'ai pu lire de ma carrière. C'était chaotique, et en même temps très complet. Sur le papier, on avait l'impression qu'elle avait imaginé un court-métrage de 100 millions de dollars."

L'influence et le soutien sans failles de Mike Flanagan

Kate explique cependant que la première fois que Josh lui a proposé de travailler sur V/H/S, elle a d'abord refusé :

"Avant cette expérience, quand des gens me demandaient si je voulais réaliser un film -je ne parle pas de producteurs, hein, mais de ma maman, par exemple- je répondais : 'Wow, c'est énormément de travail, et mes journées sont super et déjà bien remplies. Je peux me permettre de faire la sieste à 14h, de jouer avec mes enfants entre deux apprentissages de texte...' En gros je répondais : 'Je suis une fille un peu flemmarde avec une vie bien remplie. C'est gentil, mais non merci.'"

"Je savais, étant donné que je travaille étroitement avec mon mari, tout ce que ça demandait, poursuit-elle. J'ai conscience de l'effort que ça demande. De l'énergie. En évoquant le projet avec mon manager au téléphone, j'étais en train de lui dire que je m'en sentais incapable, et j'ai entendu Mike arriver derrière moi en criant : 'Si, tu peux le faire ! Vas-y, ne refuse pas ça.' Je lui ai dit : 'Je peux te rappeler ?'"

Mike Flanagan, qui préparait de son côté Life of Chuck, une nouvelle adaptation de Stephen King après Doctor Sleep (avec Kate en tant qu'actrice, d'ailleurs), lui a alors présenté V/H/S/ Beyond comme "le bon premier pas" en tant que réalisatrice. 

"Il m'a dit : 'Tu seras soutenue, et en même temps, tu seras libre d'être créative. C'est un excellent projet pour débuter.', détaille Kate. Personnellement, je m'étais toujours dit que si je devais passer à la réalisation, je ferais d'abord un court-métrage. Parce qu'on ne peut pas se lancer dans la confection d'un menu entier si on ne sait pas faire cuire des œufs, n'est-ce pas ?"

En suivant ses conseils et en signant finalement pour Stowaway, Kate Siegel savait qu'elle pourrait s'appuyer sur l'expérience de la mise en scène de son mari.

"Bien sûr que je me suis tournée vers Mike pour lui demander de m'aider à écrire un film si jamais je me lançais dans la réalisation, avoue-t-elle. Il m'a donné de bons conseils, tout simplement parce qu'il voulait me protéger. Il m'aime, il souhaite que ça se passe bien pour moi. Donc oui, il m'a aidée à concevoir la structure de mon histoire, et ça a été une bonne base pour tourner ce premier film. J'ai ce privilège que les autres n'ont pas : je vis avec Mike Flanagan."

Transmettre sa propre énergie

Kate Siegel reconnaît sans langue de bois l'influence de son mari sur sa première réalisation :

"On a toujours été dans la collaboration, en fait. On s'est rencontrés sur Mirrors, puis on s'est mariés. Quand on a fait Pas un bruit, à la fin de la fabrication de ce film, c'est là qu'on a compris qu'on devrait s'épouser. Pour nous, les deux sont liés (le cinéma et la vie privée, ndlr). C'est notre façon de parler d'amour. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne se chamaille pas. On n'est pas toujours d'accord et sur ce film non plus, évidemment. Mais j'ai su lui dire que c'était important qu'il puisse rester mon étoile du nord, et moi la sienne. Notre collaboration a besoin d'être franche, ainsi on peut sortir ensemble de nos zones de confort."

"Je sais bien que certains pensent que je travaille seulement parce que je suis embauchée sur les projets de mon mari, ajoute-t-elle. Je suis très au courant de ce genre de raisonnements. Mais vous savez quoi ? La vérité, c'est que si on ne me reprochait pas ça, ce serait autre chose. 'Elle travaille uniquement à cause de bla bla bla.' Certains adorent vous rabaisser simplement parce que vous bossez, ils veulent se rassurer quand eux-mêmes ne font pas exactement ce qu'ils veulent. J'ai dû laisser de côté tout cela. Sur Midnight Mass, ça m'est arrivé d'être dans ma caravane entre deux scènes et de me dire : 'Je vais tout faire foirer parce que la seule raison pour laquelle je suis sur cette série, c'est mon mari.' Alors qu'au fond, c'est ok. Je crois que toutes les actrices soufrent de ce genre de syndrome de l'imposteur. Personnellement, je me sens surtout chanceuse de pouvoir travailler avec mes amis sur des projets ambitieux."

L'actrice principale de son segment de V/H/S Beyond, Alanah Pearce, défend cependant la façon de travailler très personnelle de Kate Siegel, en donnant un exemple précis. Suspendue dans le vide durant plusieurs minutes pour tourner une scène, elle a vu sa réalisatrice faire son possible pour qu'elle soit la plus confortable possible malgré sa position peu agréable.

"Je n'avais encore jamais vu de metteur en scène venir s'agenouiller à côté de moi sur un sol tout sale, comme ça, et commencer à me masser pour s'assurer que je me sente un petit peu mieux, étant donné que la scène demandait une position si peu confortable, raconte-t-elle. C'était tellement gentil ! Tout au long du tournage, elle m'a transmis son énergie de maman."

V/H/S/ Beyond n'a pas encore de date de sortie française, mais le film vient d'être dévoilé au public du Fantastic Fest d'Austin, au Texas. Aux Etats-Unis, il sortira en VOD, via son distributeur Shudder, juste avant Halloween.