Ce qu’il faut voir en salles
L’ÉVÉNEMENT
TWISTERS ★★★☆☆
De Lee Isaac Chung
L’essentiel
Efficace, investi, spectaculaire, et même un peu touchant : le nouveau Twister remplit consciencieusement son contrat pop-corn.
Tiens, Twister revient. Le film originel de Jan de Bont fut l’un des très gros succès de l’été 1996 mais 28 ans plus tard, le film catastrophe a perdu de son innocence pop-corn, et on ne peut plus produire un film de tornades géantes sans avoir en tête la multiplication d’événements climatiques extrêmes que le monde connaît aujourd’hui. Mais l’heure a beau être grave, il s’agit avant tout de délivrer un grand spectacle fédérateur, peut-être un peu moins insouciant que l’original, mais tout aussi programmatique : un crescendo de scènes de tornades plus spectaculaires les unes que les autres. Certains films tirent leur gloire de la façon dont ils respectent une formule, et Twisters est de ceux-là. Dépêché sur son premier blockbuster, Lee Isaac Chung, repéré grâce au succès du joli drame indé à saveur autobio Minari réussit tout, sans génie, certes, mais de façon pro et carrée : les portraits de personnages, les scènes d’action qui décoiffent, l’atmosphère sympathiquement country-rock, au service de la peinture d’une Amérique divisée, certes, mais au fond pas si difficile à réconcilier que ça.
Frédéric Foubert
Lire la critique en intégralitéPREMIÈRE A AIME
SANTOSH ★★★☆☆
De Sandhya Suri
Thierry Cheze
Lire la critique en intégralitéMAD FATE ★★★☆☆
De Soi Cheang
Entre le choc Limbo et lCity of Darkness (en salles le 14 août), Soi Cheang a tourné un autre film: l’histoire d’un astrologue un peu frappé, qui prend sous son aile un ado borderline fasciné par le tueur en série qui rôde dans la ville… Là où Limbo et City of Darkness frappent notamment par leur storytelling très pur, très direct, Mad Fate prend un malin plaisir à brouiller les pistes et les récits, comme s’il voulait jouer avec la notion même de destin tel que tente de le manipuler l’astrologue. Le film oscille entre plusieurs pôles, allant de chocs visuels balaises, les parlottes et les séquences de magie charlatanesques parfois hilarantes. Mais au final, le résultat est un peu plus Mad que Fate et on aurait aimé qu’il choisisse plus nettement son camp.
Sylvestre Picard
Lire la critique en intégralitéDÎNER A L’ANGLAISE ★★★☆☆
De Matt Winn
Les temps sont durs pour Tom et sa femme Sarah. L’architecte hier prisé vient de connaître un échec retentissant. La maison où ils vivent est devenu hors de les moyens et contraints à la vendre, ils organisent un ultime dîner avec un couple de proches. Une soirée qui tourne au cauchemar quand, après s’y être imposée, Jessica, une ancienne amie, écrivaine à succès que jalouse Sarah (persuadée qu’elle a plus que des vues sur son homme) va se pendre dans le jardin ! S’il venait aux oreilles de l’acheteur du lieu, ce geste signerait inéluctablement l’annulation de la vente. Débute alors un festival de stratagèmes pour ramener en douce le corps de Jessica de chez elle. Et si ce récit aurait sans doute eu plus de puissance sur scène, l’humour pince sans rire so british qui s’y déploie, le sens des quiproquos et une galerie de personnages bien plus retors que leur apparence ne peut le laisser croire font de ce Dîner à l’anglaise une satire piquante de la middle class britannique.
Thierry Cheze
DOS MADRES ★★★☆☆
De Victor Iriarte
Il y a 20 ans, Vera était séparée de son fils à la naissance. À l’hôpital, alors qu’elle l’a vu naître, on lui a annoncé que l’enfant était mort et son dossier a disparu des archives. Comme si cet accouchement qu’elle a pourtant vécu n’avait pas existé. Comme beaucoup de mères dont les enfants ont été enlevés par la dictature franquiste - on estime aujourd’hui que 300 000 pourraient être concernés -, elle va alors rechercher ce fils qu’elle n’a pas pu connaître. Dos madres se vit comme un film-enquête assez bien orchestré sur la détermination d’une mère à retrouver son fils et, plus encore, à rattraper le temps perdu. Il vaut surtout pour son sujet et sa manière de le traiter par le prisme de deux points de vue différents, celui de la mère biologique puis de la mère adoptive. Dommage que son rythme trop lent empêche d’être pleinement conquis par ce récit qui se révèle aussi une importante leçon d’histoire.
Emma Poesy
Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première GoPREMIERE A MOYENNEMENT AIME
EAT THE NIGHT ★★☆☆☆
De Jonathan Vinel et Caroline Poggi
Eat the Night accomplit un petit exploit de cinéma, pas si anodin : représenter de façon réaliste un faux jeu vidéo dans l’espace de sa fiction -ce que tous les films qui l’ont tenté ont foiré (les fans d’Avalon peuvent écrire à la rédac pour se plaindre). En l’occurrence, il s’agit de Darknoon, un MMORPG de fantasy qui se situe entre World of Warcraft et League of Legends, et qui obsède la jeune Apolline, tandis que son frangin et partenaire de jeu préfère vendre des drogues de synthèse dans l’underground environnant Le Havre. Mais si tout ce qui concerne Darknoon est bien fichu, le reste du film est un polar post-Refn (lumières fluo, musique techno, vrombissements de moto) beaucoup trop fabriqué pour convaincre. La preuve, c’est que c’est en échappant à l’artificiel que le film trouve une scène géniale : le processus de fabrication de pilules de drogue, amoureusement filmé en temps réel. Ne faîtes pas ça chez vous.
Sylvestre Picard
LES TRICHEURS ★★☆☆☆
De Louis Godbout
Ce devait être un week- end tranquille. Une partie de golf comme ils ont l’habitude d’en jouer réunissant une prof de yoga, son mari et l’associé de ce dernier dans une entreprise de résidences pour personnes âgées qui va être soudain perturbé par l’arrivée d’un quatrième homme. Un mystérieux inconnu au charisme singulier tout sauf là par hasard dont on va peu découvrir le pourquoi de la présence et qui va confronter le trio à des vérités enfouis dont le surgissement ne sera pas sans dommage. La belle idée du québécois Louis Godbout est de faire de ses Tricheurs un drôle de huis clos à ciel ouvert avec des personnages prisonniers de ce green de golf paradisiaque où les règlements de compte en cascade vont occuper l’espace et se cogner à des murs invisibles. Fable noire et grinçante autour des apparences qu’on se donne pour briller aux yeux de tous, ce film souffre cependant de soucis de rythme ou d’une gestion pas toujours maîtrisée de l’absurde et du comique de répétition (toutes les scènes avec le surveillant du club, Bavarois en culotte courte obsédé par les règles et l’autorité…). Mais l’interprétation de Christine Beaulieu, sa capacité à distiller de la folie douce à son personnage de prof de yoga gomme nombre de ces défauts.
Thierry Cheze
PREMIÈRE N’A PAS AIME
KARMAPOLICE ★☆☆☆☆
De Julien Paolini
Le geste témoigne d’une envie de cinéma indéniable, d’un désir de s’éloigner du naturalisme pour raconter un quartier parisien, celui de Château rouge, loin des images d’Epinal et par le seul prisme sociétal. Et pour cela, Julien Paolini (Amare Amaro) suit les pérégrinations d’un flic en burn nout, dont la réalité du terrain et une intervention qui a mal tourné ont mis en mal son idéalisme. Un homme comme en suspension pour tenter de rééquilibrer son karma et dont l’amitié avec une figure du quartier spécialiste des trafics boiteux va l’entraîner plus près des rives de l’enfer que des cieux paradisiaques. On aimerait aimer ce film pavé d’intentions fortes. Sauf qu’il ne parvient hélas jamais à les déployer de manière singulière, ployant sous ses références (de Tchao Pantin au cinéma des Safdie) et miné par une écriture de personnages trop archétypale. Sur ce terrain- là, Goutte d’or de Romain Cogitore ou le trop méconnu La Vie de château de Cédric Ido avaient eux su toucher juste.
Thierry Cheze
Et aussi
Le Larbin, de Alexandre Charlot et Franck Magnier
Presque légal, de Max Mauroux
Reprises
Les Chariots de feu, de Hugh Hudson
Les Tsiganes montent au ciel, de Emil Loteanu
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