Le beau récit initiatique de James Ivory est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
La deuxième adaptation d’E.M. Foster sur grand écran
Chambre avec vue met en scène Lucy, une jeune Anglaise de bonne éducation qui en vacances à Florence en 1905 tombe sous le charme d’un jeune Britannique particulièrement séduisant. Ce récit initiatique autour du passage de l’adolescence à l’âge adulte est adapté d’un roman de l’écrivain britannique E.M. Forster, ami proche de Virginia Woolf, disparu en 1970 à l’âge de 91 ans. Le tout premier qu’il ait écrit de sa vie, à l’âge de 21 ans, pendant un voyage en Italie au coeur de l’hiver 1901 et qui ne sera publié que 7 ans plus tard.
C’est en 1946 que le cinéma s’intéressa pour la première fois à Chambre avec vue. La Fox propose d’en acquérir les droits pour 25000 dollars mais Forster décline. Le studio fait monter les enchères mais rien n’y fait : Forster n’a guère d’appétence pour le cinéma et aucune envie d’y voir une de ses œuvres transposée. A sa mort, en 1970, ceux à qui confie l’héritage de ses droits littéraires (le board du King’s College de Cambridge) restent sur la même ligne… jusqu’à ce que dix ans plus tard un nouvel exécuteur testamentaire ne soit nommé. Et lui décide un beau jour d’inviter James Ivory et son producteur Ismael Merchant à évoquer de possibles transpositions de Forster au cinéma. Là, le tandem va piquer sa curiosité en expliquant leur envie de mettre en images l’oublié Chambre avec vue plutôt que La Route des Indes, considéré comme le sommet de son œuvre. James Ivory lui explique trouver l’atmosphère trop proche de Chaleur et poussière qu’il venait de tourner. David Lean s’en chargera en 1984 juste avant donc qu’Ivory ne s’empare de Chambre avec vue en 86. La première de ses trois adaptations de Forster avant Maurice en 87 et Retour à Howards End en 92.
Le moment Daniel Day-Lewis
Pour incarner le jeune homme de bonne famille pompeux qui demande Lucy en mariage avant de se faire éconduire, James Ivory a choisi Daniel Day-Lewis. Ce dernier n’est jusque là apparu que dans Ghandi de Richard Attenborough et Le Bounty de Roger Donaldson. Mais cette année 1986 va changer la donne pour lui grâce à deux rôles aux antipodes : le très snob Cecil de Chambre avec vue donc et l’ex skin- head homo amoureux d’un businessman pakistanais dans My beautiful Laundrette de Stephen Frears. Deux performances aussi remarquables que remarquées qui auraient pu lui valoir sa première nomination aux Oscars. Mais Day-Lewis avait précisé d’emblée aux productions des deux films que faire campagne ne l’intéressait pas ! Il attendra 1990 et My left foot pour sa premièr statuette et en a à ce jour remporté deux autres pour There will be blood et Lincoln.
La révélation Helena Bonham Carter
Comme pour Daniel Day Lewis, Chambre avec vue fut un game changer pour Helena Bonham Carter, jusque là uniquement héroïne d’un petit film indépendant de Trevor Nunn, Lady Jane. Elle a alors 19 ans. Ivory dit l’avoir choisie pour son intelligence, sa beauté et son esprit vif qui correspondaient exactement au personnage de Lucy. Elle deviendra par la suite une habituée des adaptations d’E.M. Forster : par deux fois à nouveau sous la direction d’Ivory (Maurice et Retour à Howards end) mais aussi dans L’Amour en larmes de Charles B. Sturridge en 1991.
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