Rencontre avec les trois réalisateurs et les deux scénaristes de ce nouvel opus évènement, désormais disponible en VOD.
Mise à jour du 4 octobre 2023 : Quelques mois après son carton au cinéma (1,7 million d'entrées en France), la suite animée de Spider-Man débarque aujourd'hui en VOD (notamment sur Première Max). Lors de de sa sortie, nous avions rencontré les concepteurs du film, qui planchent sur le troisième volet, Spider-Man : Beyond the Spider-Verse, espéré pour 2024.
Article du 2 juin 2023 : Il est de retour ! 5 ans après New Generation, Spider-Man revient créer l'événement dans Across the Spider-Verse, une nouvelle aventure passionnante qui mêle action testostéronée et teen-movie tout en accordant une place considérable au personnage de Gwen Stacy, égal féminin de Miles Morales. Les deux héros devront se battre aux côtés d'une équipe réunissant plusieurs héros, dont des Spider-Men punk, gamer, indien ou même vampire, pour contrer les plans de La Tâche, figure diabolique qui menace l'équilibre du Spider-Verse... Rencontre avec les cinq (!) têtes pensantes derrière ce deuxième volet, qui est sorti ce mercredi dans les salles françaises : les trois réalisateurs Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson, et les deux scénaristes et producteurs Phil Lord et Chris Miller.
Quel effet ça fait de revenir dans le monde de Spider-Man, 5 ans après le premier volet ?
Kemp Powers : J’ai eu l’honneur de travailler sur Soul, l’un des derniers films des studios Pixar, et aussi sur les deux Spider-Man animés pour Sony. Une chose que les deux studios ont en commun, c’est de proposer des films qui me permettent d’être personnel en tant qu’artiste, et qui s'adressent par la même occasion à tous les spectateurs autour du monde. Across the Spider-Verse est personnel car je suis moi-même un père. Mon fils avait l’âge de Miles Morales au moment où j’ai commencé à travailler sur le film. Cette histoire de coming-of-age ne concerne pas seulement les adolescents, mais aussi les parents.
Chris Miller : Nous avons commencé à travailler sur ce film juste après la sortie du premier volet ! Cela fait du bien d’être sorti de cet univers aujourd’hui, même s’il nous reste encore un film à terminer !
Comment avez-vous construit le Spider-Verse ?
Justin K. Thompson : Nous savions que l’histoire de Miles allait s’étoffer par rapport au premier film. Les histoires de coming-of-age sont toujours importantes. Notre héros doit apprendre deux fois plus de choses qu’un simple enfant. Il doit aussi être Spider-Man ! Nous nous sommes d'abord intéressés à sa trajectoire d’un point de vue émotionnel, en se basant sur nos comics préférés, ainsi que sur les Spider-Man qui pourraient l’aider au mieux dans sa quête. Nous avons aussi demandé à plusieurs membres de l’équipe de nous aider à choisir.
Phil Lord : Nous avons eu besoin de 1000 personnes seulement ! 753 artistes, pour être exact, qui nous ont aidé à finir ce film !
Chris Miller : Chaque monde présenté permet de développer une nouvelle intrigue autour de Miles, avec différentes styles d’animation qui donnent cette impression de rentrer dans les tableaux de différents artistes. Nous avons commencé avec le monde de Gwen, qui est presque entièrement basé sur les comics. Le processus était très ambitieux.
Est-ce que la victoire d’Everything Everywhere All At Once aux Oscars, et sa vision du multiverse, ont bousculé quelque chose durant la préparation du film ?
Joaquim Dos Santos : Pour être honnête, durant la phase de réalisation, nous faisions en sorte de ne pas regarder ce qu’il se passait autour de nous. On essayait simplement de concevoir le meilleur film possible, ce qui relève d’un très long procédé. On voulait faire en sorte que chaque spectateur puisse se reconnaître dans l’odyssée de Miles Morales, en faisant attention à tous les détails.
La représentation semble très importante dans le film, avec la présence d’un Spider-Man punk, ou encore d’un Spider-Man indien…
Justin K. Thompson : Spider-Man est un personnage qui appartient à son public. Si Spider-Man doit être un personnage qui appartient à tout le monde, nous devons faire en sorte que tout le monde puisse être Spider-Man. Cela nous paraissait nécessaire, étant donné que Miles voyage dans le Spider-Verse. Nous voulions montrer que tout le monde peut porter un masque. Mais ce qui nous paraissait réellement important, c’est la manière dont on peut justement porter ce masque.
Chris Miller : C’était également important pour nous d’inclure le Spider-Man indien, qui est l’un des premiers Spider-Man alternatif que Miles voit en traversant le Spider-Verse. Dans Le Magicien d’Oz, quand Dorothy se retrouve pour la première fois dans le pays d’Oz, la différence entre le noir et blanc et la couleur est importante. Nous nous sommes donc interrogés sur les différences entre le Spider-Man américain et le Spider-Man indien, qui nous permettent d’observer les richesses du Spider-Verse.
Phil Lord : Le Spider-Man indien provient directement des comics. C’est un personnage plutôt positif, qui donne cette impression que tout va bien dans sa vie. Notre idée était de choisir des personnages qui reflétaient des cultures, des perspectives et des points de vue différents.
Comment les différents Spider-Man ont été choisis pour le film ?
Kemp Powers : Les comics fournissent beaucoup d’inspiration. Mais il y a également plein de personnages que nous avons inventés ! Les comics nous ont surtout permis d’avoir une idée des différents mondes vus dans le film. Contrairement au premier volet, où les Spider-Man apparaissaient dans le monde de Miles, c’est Miles lui-même qui voyage dans les autres univers. Les comics nous ont surtout inspiré visuellement, avec des univers très particuliers que l’on a directement reproduits. Le monde de Gwen ressemble par exemple à une aquarelle. L’animation change selon son humeur. Nous voulions rendre ces personnages uniques.
Vous avez fait le choix de faire revenir Peter Parker, le Spider-Man originel. Pourquoi ?
Joaquim Dos Santos : Ce personnage est l’un des plus populaires de l’histoire des comics. Le faire revenir était important pour nous. C’est comme de retrouver un vieil ami. Tu ne peux pas t’empêcher de sourire en le voyant discuter avec Miles Morales. Tous les personnages apparaissant dans ce film sont là pour accompagner notre jeune héros dans son parcours. La présence de Peter Parker était donc nécessaire pour l’aider à ressentir certaines émotions.
Le personnage de Gwen Stacy est bien plus présent dans cette suite. C’était important pour vous d’avoir une héroïne aussi forte au centre de votre récit ?
Kemp Powers : Oui. Gwen était un personnage secondaire dans le premier film. Nous ne savions pas grand chose sur elle. C’était important pour nous de revenir sur son histoire et sur son monde. Il ne faut pas oublier que Miles est devenu Spider-Man au sein d’une équipe qui a volé en éclats. Le personnage qui lui manquait le plus était clairement Gwen. Nous savions que leur relation allait être importante dans ce deuxième film.
Chris Miller : C’est un personnage qui est tellement cool. Dans le premier film, elle semblait comprendre tout ce qui se passait autour d’elle. Mais personne ne peut rester éternellement confiant. La voir ici plus vulnérable, plus humaine, nous paraissait primordial.
Phil Lord : C’est d’ailleurs l’un des thèmes du film ! Nous montrons aussi que même les bad guys peuvent être en galère !
Le travail sur l’animation est impressionnant. Comment a-t-il été conçu ?
Kemp Powers : C’est un long processus. Le film se construit aux côtés des artistes de Sony Pictures Animation, qui sont de véritables génies. Il faut savoir que réaliser un film d’animation revient à résoudre des problèmes de manière constante.
Pourquoi avez-vous choisi de séparer cette aventure en deux parties ?
Justin K. Thompson : Quand nous avons commencé à travailler sur le film, nous savions que l’enjeu était important et l’histoire forcément très riche. C’était évident pour nous qu’il fallait faire deux films. Nous avons passé beaucoup de temps ces 4 dernières années à faire en sorte que ces deux parties forment une histoire complète. Nous ne voulions pas faire sentir au spectateur que nous coupions délibérément le film en deux.
Phil Lord : Nous avons cette impression que Miles s’apprête à avoir ce qu’il veut dans la première partie, qu’il arrive au bout de sa quête, avant de se retrouver embêté au dernier moment, ce qui nous permet de créer un suspense pour la deuxième partie. Je peux vous garantir que ce troisième chapitre sera un grand film à lui tout seul.
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