Quand Première défendait l'humour ravageur des Visiteurs, il y a 30 ans
Première/Gaumont

Jean-Marie Poiré était au coeur du dossier spécial comédie du magazine, en février 1993. Puis en mai, "Clavier Ier" était en couverture.

"- C'est sensationnel comme il raconte bien, on a l'impression d'y être.
- Mais où ?"

En ce 27 janvier, Les Visiteurs fête son 30e anniversaire. Vous avez dit culte ? Ce film de Jean-Marie Poiré a fait un carton phénoménal à sa sortie, attirant 13,7 millions de spectateurs dans les salles françaises. Un succès qui se fit dans la durée, la comédie médiévale avec Jean Reno et Christian Clavier ne battant pas de record au démarrage, ni de façon hebdomadaire, mais se maintenant à une excellente moyenne... jusqu'au mois d'octobre ! Les Visiteurs marcha principalement grâce au bouche à oreille, attirant du public sans discontinuer durant plusieurs mois, et les spectateurs apprenant par coeur ses répliques au fil des revisonnages. Depuis, chaque diffusion télé est un événement, un carton d'audience assuré. 

Les Visiteurs est à (re)voir sur Première Max

Parmi les défenseurs du film, Jean-Jacques Bernard écrivait à sa sortie dans Première (n°191, février 1993) : "Jean-Marie Poiré et Christian Clavier, coauteurs déjà approuvés par tant de monde, frappent une nouvelle fois fort et juste. Car la vraie comédie est bien là, dans sa folie redoutable et destructrice qui parle à tous, au même instant. On a trop souvent à la bouche, aujourd'hui, et pour le moindre soupçon de drôlerie, ce mot de 'comédie' qui justifie toutes les demi-teintes et demi-portions du rire. Ici, pas besoin de se prendre la tête pour rire (l'auteur prend pour exemple le gag de la soupière sur la tête de Michel Peyrelon, ndlr). Le zygomatique redevient un muscle réflexe. Et instantanément moral. C'est connu, le gag réalise pour nous -et avec plus de vigueur- tous les interdits que notre inconscient refoule. Et plus ça va vite, plus on aime, plus on est reconnaissant à Poiré et à ses acteurs de leur timing frénétique." Saluant aussi ses "effets spéciaux remarquables", il terminait sa critique en insistant sur les nombreux talents réunis au casting, notamment du côté des rôles féminins (Marie-Anne Chazelle, Isabelle Nanty et Valérie Lemercier, toutes géniales en "femmes tourneboulées"), et ajoutait : "Enfin, Réno, superbe et rectiligne hidalgo, dépasse de sa haute tête tous les déboires de l'histoire aux côtés d'un Clavier redoublant d'énergie. Aussi leur duo s'impose-t-il en bienfait pour l'humanité, comme le rire en toute époque."

Les Visiteurs dans Première 1993
Première

 

"C'est dingue !"
Cette critique élogieuse était au coeur d'un numéro consacré justement à la comédie, avec Dustin Hoffman en couverture (pour Héros malgré lui, de Dustin Hoffman) et cette accroche : "Le rire ce héros". Jean-Marie Poiré figurait en bonne place au sein de ce dossier spécial, et détaillait en interview auprès du même journaliste quels étaient pour lui les recettes d'une bonne comédie, et pourquoi son duo avec Christian Clavier marchait si bien. Il avouait par exemple d'emblée : "Il y a chez moi un docteur Jekyll très méchant et très haineux envers la société", et décryptait son humour "méchant" : "On rit des malheurs des autres, c'est un plaisir de supériorité. Mais on ne rit pas de la mort. La mort est la seule chose triste. (...) La prétention et la vanité sont pour moi une des premières sources comiques. J'adore l'autorité bafouée."

Les Visiteurs raconté par Christian Clavier au première Cinéma Club

Insistant sur son admiration sans bornes pour Blake Edwards, citant des gags incontournables de Certains l'aiment chaud ou Boire et déboires, puis parlant de Gérard Oury (La Grande vadrouille) comme d'un "auteur" phare de la comédie, et d'Etienne Chatiliez (La Vie est un long fleuve tranquille) comme d'un réalisateur doté "d'un vrai talent d'auteur", il expliquait avoir "une vraie complicité" avec son co-scénariste des Visiteurs : "Ecrire avec Christian est un fou rire non stop. On joue toutes les scènes. (...) Clavier est très talentueux, et comme auteur d'idées, et comme auteur de dialogues." Il ajoutait ne pas avoir voulu faire la même erreur que sur Opération Corned Beef (1991) en lui offrant un nouveau rôle aux côtés de Jean Reno : "J'avais donné à Jean trop de scènes de la même nature comique que celle de Christian Clavier qui est un clown de la trempe de Bourvil ou Fernandel. Or, Jean Reno ne peut pas lutter sur ce terrain. Là, je lui ai demandé de jouer un hidalgo, car il a un chic fantastique, une distinction naturelle remarquable. Il a donc été sincèrement le personnage de Godefroy de Montmirail, et, du coup, c'est la contradiction entre les deux qui doit faire rire, c'est l'ambigüité qu'il y a dans la descendance et dans le progrès."

Quelques mois plus tard, en mai 1993, Clavier trônait justement en couverture de notre magazine, élu "Clavier Ier, roi du rire". La rédaction ne s'y était pas trompée : après le carton plein des Visiteurs, l'acteur a de nouveau battu des records au box-office grâce à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, en 2002, Les Bronzés 3 : Amis pour la vie, en 2006, et Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, en 2014. Il est ainsi devenu le seul comédien français à avoir franchi à quatre reprises les 10 millions d'entrées au box-office.

Christian Clavier : "Beaucoup de gens trouvent que c’est compliqué de m’interviewer"

L'histoire des VisiteursEn l'an de grace 1123, le comte de Montmirail et son fidèle écuyer, Jacquouille la Fripouille, se retrouvent propulsés en l'an 1992 après avoir bu une potion magique fabriquée par l'enchanteur Eusaebius, censée leur permettre de se défaire d'un terrible sort.

Bande-annonce :


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