Affiche sorties de films mercredi 4 août 2021
Gaumont/ Le Pacte/ Metropolitan Filmexport

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT

OSS 117 : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE ★★☆☆☆

De Nicolas Bedos

L’essentiel

Le troisième volet des aventures d’Hubert Bonnisseur de la Bath, moins débridé que les deux premiers, nous a laissé sur notre faim.

Dire qu’on attendait le retour d’OSS 117 avec impatience tient de l’euphémisme ! On le retrouve cette fois- ci au début des années 80 pour une mission en Françafrique où il se retrouve de plus contraint de faire équipe avec un jeune collègue 0SS 1001. Nicolas Bedos succède derrière la caméra à Michel Hazanavicius. L’élégance de sa mise en scène n’est jamais prise en défaut pas plus que la composition impeccable de Jean Dujardin et sa complicité avec le rookie Pierre Niney. Et pourtant quelque chose cloche. Le fait que le scénario semble faire suivre chaque vanne audacieuse ou gonflée sur l’Afrique et les Africains par une scène qui ressemble à une justification ou une excuse. Est-ce l’époque qui a changé et conduit à s’auto- censurer pour ne pas crouler sous les polémiques ou le bad buzz ? Alerte rouge en Afrique noire avance en tout cas avec un frein à main. Le résultat n’est en rien désagréable mais en- deçà du film qu’on avait espéré.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIMÉ

DE BAS ETAGE ★★★☆☆

De Yassine Qnia

Le résumé de ce premier long métrage tient en une phrase : Mehdi, un petit voyou trentenaire dont les cambriolages avec ses complices rapportent de moins en moins, tente de reconquérir la mère (Souheila Yacoub, épatante) de son petit garçon. Mais de cette phrase, Yassine Qnia - tire un film infiniment romanesque dont la modestie revendiquée traduit avec superbe la pudeur de son personnage principal. De bas étage est la chronique d’une impasse annoncée. Où comment ce Mehdi qui veut tout contrôler dans sa vie comme dans celle de ses proches perd précisément peu à peu le contrôle et va être le dernier à s’en rendre compte. Nulle trace ici de spectaculaire tant dans la description des cambriolages que dans celle du quotidien d’Aubervilliers où se déroule l’intrigue. Yassine Qnia ne juge pas plus qu’il n’excuse, il donne simplement à voir comment emprunter les chemins qui paraissent les plus simples – passer du temps avec la femme qu’il aime et leur fils qu’il chérit – se révèle impossible quand on est formaté par l’idée que tout « travail » normal rapportera moins et l’enfermera plus que l’illégalité. Le tout porté par un formidable acteur qu’on est heureux de voir pour la première fois porter tout un récit sur ses épaules : Soufiane Guerrab (Patients).

Thierry Cheze

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MESSE BASSE ★★★☆☆

De Jean- Baptiste Drapeau

Après la mort de sa mère, Julie quitte sa campagne natale pour aller s’installer dans une petite ville de province et suivre des études d’aide-soignante. Sur place, elle trouve une chambre à louer dans la grande maison d’Elisabeth, veuve depuis près de 20 ans. L’harmonie des premiers jours va vite laisser la place à un climat plus étrange entre ces deux femmes, fuyant chacune, à leur manière, la réalité. Elisabeth qui refuse d’admettre la mort de son mari, Julie qui n’envisage l’amour qu’absolu. Car, entre elles, va se dresser un troisième personnage. Victor, le mari défunt d’Elisabeth à qui celle- ci parle comme s’il était toujours en vie avant de matérialiser sa présence par un mannequin de cire qui va finir de faire basculer le rapport entre les deux femmes devenant peu à peu rivales. Le drame bourgeois quitte alors les rives du réalisme pour voguer dans un mélange d’onirisme et d’angoisse. Mais si cette ambivalence fonctionne de manière aussi fluide, c’est aussi grâce à la part laissée à ses deux magnifiques interprètes, Jacqueline Bisset et Alice Isaaz. Elles maintiennent intact ce lien avec une certaine réalité romanesque, renforçant par ricochet toute l’ambiguïté recherchée par un cinéaste qui confirme après Just Philippot (La Nuée) et les frères Boukherma (Teddy) la vigueur de cette nouvelle génération du cinéma de genre made in France.

Thierry Cheze

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NADIA BUTTERFLY ★★★☆☆

De Pascal Plante

C'est un moment de bascule passionnant et marqué d’une violence sourde. L'approche de la fin de carrière d'un grand sportif et la peur de l'horizon incertain qui se rapproche après des années tendues vers un unique but : aller plus vite, plus haut, plus fort que ses adversaires. La quasi- totalité d'entre eux refusant de l’évoquer au moment où il se produit, le cinéma doit donc, pour le raconter, passer par la fiction. Avec l’exigence qu'elle soit extrêmement documentée. C'était le cas voilà peu de l’excellent Cinquième set. Et c'est à ce que s'emploie tout aussi remarquablement Pascal Plante avec ce film labellisé Cannes 2020. Lui s'intéresse à la nage papillon. A 23 ans, son héroïne Nadia (impressionnante Katerine Savard) a décidé de prendre du recul après les JO pour se consacrer à ses études de médecine. Plante décrit le temps douloureux des séparations avec sa coach, ses coéquipières du relais... Ces ultimes soirées où on se lâche un peu plus, en se sentant libre de balancer ss quatre vérités sur la relation entre sportives - où la compétition et le narcissisme rendent impossible la profondeur de la sororité affichée – comme de s'autoriser quelques substances festives interdites. Plante raconte ce sas de décompression en distillant de jolies parenthèses poétiques (sa manière de jouer avec les motifs de l'eau) dans des scènes d’un réalisme jamais pris en défaut. Sa mise en scène discrète laisse toute la place à cette tragi-comédie humaine où ceux qui continuent ne veulent pas entendre celle qui s'en va. Pour ne pas se projeter dans ce moment à terme inévitable.

Thierry Cheze

AMERICAN NIGHTMARE 5 : SANS LIMITES ★★★☆☆

De Everardo Gout

Et si une fois la Purge (12 heures durant lesquels tous les crimes sont autorisés) annuelle passée, des dizaines de milliers de timbrés refusaient de revenir au monde « normal » et en profitaient pour essayer d’éradiquer tous les immigrés présents sur le sol américain ? Tourné durant le mandat de Donald Trump, ce cinquième volet d’American Nightmare - imaginé comme une dystopie - résonne étrangement depuis l’attaque du Capitole. Le high concept amusant des débuts de la franchise laisse désormais place à un futur pas tout à fait improbable, où les suprémacistes blancs prennent le pouvoir par les armes. On y suit un couple de Mexicains installés aux États-Unis et une riche famille propriétaire d’un ranch, forcés de s’unir pour tenter de rejoindre le Mexique, qui accepte durant quelques heures d’accueillir les réfugiés américains (!). Un renversement assez fascinant qui a le bon goût de tenir jusqu’à la dernière scène, et fait passer le jeu de massacre habituel au second plan. Le scénario de James DeMonaco (créateur de la saga) slalome astucieusement entre les clichés, dommage que le réalisateur Everardo Gout peine à retranscrire visuellement la tension et l’ampleur de la situation. Cependant pas de quoi fuir cet ultime (?) volet, qui a le mérite de revivifier une franchise qu’on pensait exsangue après quatre films et une série.

François Léger

POUR L’ETERNITE ★★★☆☆

De Roy Andersson

« Le temps passe à une vitesse folle » constate l’un des personnages de Pour l’éternité – ce qui fera sans doute beaucoup rire les détracteurs de Roy Andersson, ceux qui trouvent que le temps, justement, ne passe jamais aussi lentement que dans les films du Suédois philosophe. L’auteur de Chansons du deuxième étage redéploie ici son dispositif habituel : longs plans- séquences exprimant l’absurdité de l’existence, cadres fixes, dominante de beige… La nouveauté, c’est cette voix- off féminine (celle d’un ange ?) qui plane sur ces saynètes déprimantes et leur confère une grâce inédite. Car derrière l’implacable constant de la finitude et la vanité des choses, Roy Andersson nous dit qu’il y a de la beauté et de la grandeur partout, même dans les situations les plus pathétiques. Il suffit de bien regarder. Et pour ça, oui, il faut accepter de prendre son temps…

Frédéric Foubert

LE SOUPIR DES VAGUES ★★★☆☆

De Kôji Fukada

Il revisite L'Etranger mystérieux de Mark Twain en s’essayant à un Hiroshima mon amour en Indonésie où le tsunami remplace le motif de la bombe atomique. Tout Kôji Fukada tient dans cette idée du mélange des genres pour explorer de manière à chaque fois différente la thématique qui l’obsède : l'idée de la connaissance de soi qui passe à travers celle de l'autre. Après le thriller (L'Infirmière), la comédie sociale (Hospitalité), place au conte poétique où une Japonaise part à la recherche de ses racines en rendant visite à sa famille installée à Sumatra, ravagée 10 ans plus tôt par un tsunami. Et où elle rencontre un homme mystérieux, retrouvé sur la plage et qui commence à accomplir des miracles. Figure christique ou symbolique de l'animisme cher aux Japonais ? Le Soupir des vagues inspire plus de questions qu'il n'apporte de réponses mais laisse le spectateur libre de choisir sa piste pour l'explorer. Une bulle de poésie.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

ICE ROAD ★★☆☆☆

De Jonathan Hensleigh

Scénariste d’Une journée en enfer, Jumanji ou Rock, Jonathan Heinsleigh est passé à la réalisation en 2004 avec The Punisher, suivi depuis de Welcome to the jungle et Bulletproof gangster, sortis directement en DVD en France. Son quatrième long a, lui, droit aux grands écrans chez nous, bien que dispo sur Netflix de l’autre côté de l’Atlantique. Il nous conduit dans le Grand Nord canadien où, après l’effondrement d’une mine de diamants qui piège 30 hommes en sous- sol, trois conducteurs de camion expérimentés (deux hommes et une femme, incarnés par Liam Neeson, Laurence Fishburne et Amber Midthunder) vont tenter d’acheminer sur place le matériel nécessaire au sauvetage de ces mineurs. Une expédition où ils mettent leurs propres vies en jeu car elle nécessite de conduire sur la route de glace – qui donne son titre au film – couvrant la quasi- totalité du lac Winnipeg et menaçant de fondre à chaque instant. Cet hommage assumé au Salaire de la peur de Clouzot fonctionne parfaitement dans toutes les scènes d’action pure, de suspense sur glace. Hélas, Heinsleigh a tenu à y ajouter une histoire de méchants – forcément méchants – propriétaires de cette mine qui avec l’aide de leur méchante compagnie d’assurance – forcément méchante – va tout faire pour que les mineurs meurent sans révéler le deal qu’ils avaient fait à certains d’entre eux pour gagner en rentabilité en mettant leurs vies en danger. Ces course- poursuites- là, vues et revues en bien plus spectaculaires, abîment dans la dernière ligne droite la tension et les rebondissements malins de la première partie. Dommage

Thierry Cheze

DREAM HORSE ★★☆☆☆

De Euros Lyn

Dans son petit village gallois, la vie s’écoule paisiblement pour Jon Vokes entre ses doubles jobs de caissière (le jour) et de serveuse dans le pub local (la nuit) et un mariage où la passion a disparu depuis bien longtemps. Trop paisiblement. Alors pour s’en affranchir, elle va décider de se lancer dans une aventure sortant précisément des sentiers battus : fonder avec les habitants de son village un syndicat ouvrier pour acheter une jument, la faire saillir par un étalon et faire du poulain qui va naître, Dream Alliance, un crack des hippodromes. C’est donc cette histoire a priori rocambolesque et pourtant bel et bien vraie que le gallois Euros Lyn (réalisateur de nombreux épisodes de Dr Who) a choisi de raconter pour son premier long métrage, sorte de croisement entre Pur- sang, la légende de Seabiscuit et Les Virtuoses. Le récit s’y déroule certes hélas sans grande surprise au fil de rebondissements qu’on voit venir de loin jusqu’à une fin forcément heureuse. Mais cela ne gâche pas le plaisir pris devant cette comédie sociale britannique et ses personnages fauchés et mal fagotés qui vont aller défier les propriétaires très chics et friqués des concurrents de Dream Alliance. Une vengeance du pot de terre contre le pot de fer qui doit aussi beaucoup à la toujours impeccable Toni Collette dans le rôle central.

Thierry Cheze

LA MORT DU CINEMA ET DE MON PERE AUSSI ★★☆☆☆

De Dani Rosenberg

On ne niera pas l’ambition de l’israélien Dani Rosenberg pour son premier long métrage. Celui d’un double mélange. Entre fiction et documentaire. Entre une réflexion sur la création artistique et un journal intime. Il y raconte l’histoire d’un jeune réalisateur souhaitant diriger pour son nouveau projet son père qui tombe gravement malade. Et, en parallèle, Rosenberg filme son propre père, lui-même malade et refusant que sa fin de vie programmée soit fixée sur pellicule. Le tout entrecoupée de films de familles de Rosenberg et de l’angoisse née d’une menace d’une attaque militaire iranienne sur Tel- Aviv. La Mort du cinéma et de mon père aussi est riche donc mais aussi relativement confus. On devine ce que Rosenberg ambitionne à travers ces récits entremêlés : une allégorie de cette société israélienne ballotée entre angoisses bel et bien réelles et paranoïa et où la vie politique se révèle aussi tourmentée que les relations familiales. Mais tout cela reste par trop théorique sans qu’on y retrouve par exemple la puissance cinématographique dont peut faire montre son compatriote Nadav Lapid (primé à Cannes en 2021 avec Le Genou d’Ahed) sur un exercice similaire.

Thierry Cheze

LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS ★★☆☆☆

De Samuel Tourneux

Parmi les nombreuses adaptations sur le grand et petit écran du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, l’animation avait déjà été de la partie avec un long métrage australien en 1972 et une série nippo- espagnole qui avait fait les belles heures des après- midi des gamins des années 80. Auteur de plusieurs courts métrages avec les Minions, Samuel Tourneux s’y emploie à son tour pour son premier long métrage… en mode animalier. Passepartout est en effet un ouistiti naïf, fils d’une maman surprotectrice qui l’empêche de réaliser son rêve : partir à l’aventure à travers le globe. Jusqu’au jour il va se retrouver dans les valises de Phileas… Frog, explorateur vanneur et arnaqueur partant relever un pari à plusieurs millions : établir le nouveau record du tour du monde en 80 jours ! Le jeu de mots Fogg/ Frog donne le ton du film : une comédie sympathique réservée aux plus jeunes qui, sans révolutionner l’animation, propose un spectacle tonique avant hélas de sacrifier dans sa dernière ligne droite aux canons du film familial classique - bonne morale finale, inévitable choré sur une chanson pénible… – auxquels on avait pourtant pensé échapper, vu la manière dont Tourneux avait semblé tourner en dérision tous ces codes jusque là.

Thierry Cheze

SECRET DE FAMILLE ★★☆☆☆

De Cristiane Oliveira

Joana, 13 ans, vit ses premiers émois d’adolescente et a besoin de percer le mystère de sa grand-tante, Rosa : pourquoi cette femme qui lui servait de boussole dans une famille compliquée, est-elle morte vierge ? Une obsession comme point de départ de ce joli récit d’apprentissage, dans lequel Joana va jongler avec ses pulsions, le deuil, les préjugés, son éducation religieuse et surtout ses espoirs, fracassés contre un Brésil en mutation mais encore incapable d’accepter ses contradictions. « Comment devenir soi-même ? », interroge en creux ce film aussi doux que violent, peut-être un peu trop contemplatif pour son propre bien.

François Léger

Les Sentiers de l’oubli **

De Nicol Ruiz Benavides

Dans la campagne chilienne, une femme âgée, dont le mari vient de mourir, tombe amoureuse de sa nouvelle voisine, chanteuse dans un bar appelé Porvenir (L’Avenir). Au grand dam de sa fille et des commères du voisinage… Dans la lignée du récent Deux de Filippo Meneghetti, Les Sentiers de l’oubli propose une histoire d’amour entre femmes septuagénaires, élégamment filmée, dans un mélange de naturalisme et de stylisation, bordé par les fantasmes et le fantastique. On aime ce cabaret au bout d’un pont dont on se demande un instant s’il n’existe pas que dans l’imagination des personnages, et surtout l’idée que ce bout de province ordinaire est régulièrement survolé par des ovnis ( !) – une allégorie du sentiment qu’ont ces femmes s’émancipant au soir de leur vie d’être des extra-terrestres. Mais le rythme du film, très indolent, et les péripéties, assez convenues, auraient gagné à être un peu musclés.

Frédéric Foubert

 

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Fendas de Carlos Segundo

Tom Medina de Tony Gatlif