François Ozon nous explique comment il a bâti le casting transgénérationnel de sa nouvelle comédie.
Mise à jour du 26 septembre 2023 : Après son joli succès en salles (1,1 million d'entrées), Mon Crime est diffusé ce soir pour la première fois sur Canal, et disponible en streaming sur MyCanal jusqu'au 11 décembre. Lors de sa sortie, nous avions rencontré son réalisateur, François Ozon, et ses deux actrices principales : Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder.
Article du 9 mars 2023 : Avec Mon Crime, François Ozon renoue avec le cinéma hyperstylisé de Huit Femmes et Potiche. Pour la sortie du film, actuellement en salles, nous avons réuni le réalisateur et ses deux actrices principales, Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, qui s’affrontaient récemment pour le César de la révélation féminine (respectivement pour Les Amandiers et Une jeune fille qui va bien). Un entretien croisé débridé où le cinéaste nous explique pourquoi il a décidé d’adapter une pièce de théâtre des années 1930. Et comment il a choisi de monter un casting hétéroclite autour des deux jeunes comédiennes, avec Isabelle Huppert, Dany Boon, Fabrice Luchini, André Dussollier, Régis Laspalès, Daniel Prévost et même Franck de Lapersonne.
Voici un extrait de cet échange, que vous pouvez retrouver en intégralité dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosque.
Mon crime : un Ozon savoureusement ludique [critique]Première : François, vous parliez de l’énergie des acteurs. Dans ce film, vous mélangez des familles de cinéma ou de théâtre a priori très éloignées…
François Ozon : Quand je fais un casting, je ne me censure pas. Je choisis simplement ceux qui me semblent les meilleurs. Ici, je voulais deux jeunes actrices entourées de vieux cochons mâles de plus de 50 ans… à part Isabelle [Huppert] ! Et j’admire les acteurs de comédie car c’est l’art le plus difficile. Dans un registre dramatique, tout le monde peut finir par être bon. En comédie, la sanction est immédiate. Surtout en termes de rythme. Or j’ai toujours adoré Olivier Broche des Deschiens, ou la dégaine et la diction de Régis Laspalès…
Vous êtes quand même allé chercher Franck de Lapersonne qui n’avait plus tourné depuis son engagement public pour Marine Le Pen en 2017…
FO : Je l’avais toujours trouvé génial chez Valérie Lemercier. Je lui ai fait passer des essais et objectivement c’était le meilleur. Alors pourquoi ne pas le prendre ? Pour moi, tout le monde a le droit à une seconde chance.
Et comment avez-vous choisi Rebecca et Nadia ?
Je voulais des actrices solides car il y avait beaucoup de texte et j’avais besoin de rythme. Nadia, je l’avais repérée dans Seules les bêtes. En la voyant rouler des pelles à Valeria [Bruni Tedeschi], je me suis dit qu’elle y allait fort ! Elle correspondait exactement à ce que j’avais en tête pour Madeleine : une sorte de Marilyn. Pour Pauline, je cherchais une Katharine Hepburn. Mais je n’avais jamais vu jouer Rebecca. Elle est arrivée au casting crevée et sans vraiment savoir son texte…
RM : T’es gonflé ! (Rires.) Je peux me défendre ? Pour ces essais, je devais préparer les deux rôles. J’ai appris 18 pages de texte, et puis, la veille du casting, on m’a dit que j’allais auditionner pour Pauline et dans une autre scène. Je jouais à la Comédie-Française, donc je n’ai pas vraiment de temps. Je suis ressortie en me disant que, en effet, j’avais donné le pire de moi-même !
FO : J’ai vraiment cru que tu n’étais pas motivée. Mais dans un processus de casting, il est toujours essentiel de regarder au calme les vidéos. Rebecca était une évidence. On a refait des essais et ça a marché. Le duo fonctionnait à merveille.
NT : Pour moi ce fut un peu plus stressant parce que je ne viens pas du théâtre comme Rebecca. Je me suis demandé si j’allais être capable de servir ce texte hilarant. Le but était d’être naturelle tout en parlant avec le ton de l’époque.
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