Rencontre avec l'acteur écossais adoré, qui montre sa face sombre (et ses muscles) dans la production Blumhouse Speak No Evil.
Première : Speak No Evil repose en grande partie sur votre performance de mec amical qui révèle peu à peu un visage menaçant…
James McAvoy : C’est un rôle génial, parce que tu joues avec les spectateurs. Tu fais en sorte qu’ils t’aiment, tu les divertis et, petit à petit, ils se mettent à te détester. Puis ils se détestent eux-mêmes de t’avoir bien aimé au début !
Quand vous recevez un script, est-ce que vous vous dites "Pourquoi moi ?" ?
Oui. Et si je ne trouve pas la réponse, je ne fais pas le film. Parfois, je pose la question au réalisateur, mais c’est surtout pour m’entendre dire à quel point je suis un acteur génial ! (Rires)
Et dans le cas de Speak No Evil, alors, pourquoi vous ?
Je sais que je peux marcher sur le fil entre drôle et tragique, héroïque et flippant. Le personnage que je joue, Paddy, est l’incarnation d’une forme de masculinité toxique vraiment horrible. Engager un acteur qui exprime déjà ça aurait été redondant. Moi, je suis quelqu’un de sensible, très en contact avec ma part féminine. Dans la vie, je ne suis pas particulièrement menaçant physiquement, avec mon putain de mètre 70 ! Déjà dans Le Dernier Roi d’Ecosse, j’interprétais un sale type, mais mon air juvénile et naïf brouillait les pistes.
Rien à voir avec Paddy, donc ?
Si, bien sûr. Jouer, ça consiste d’abord à identifier ce qu’il y a du personnage en toi.
Et qu’y a-t-il de lui en vous ?
L’orgueil. L’ego. La sexualité. Un sentiment d’injustice. La fierté ouvrière. Tout ça est en moi, mais pas de façon aussi excessive. Nous avons tous de la violence en nous. C’est le sujet du film, d’ailleurs : cette animalité qui nous habite et qu’on choisit d’étouffer pour vivre en société.
Vous dites que vous n’êtes pas intimidant physiquement, mais vous êtes super balèze dans Speak No Evil. On a l’impression de retrouver la Bête de Split et Glass…
Merci ! Glass, c’était il y a six ans déjà. J’avais minci entre temps. Puis mon deuxième enfant est né, et je me suis dit qu’il fallait que j’arrête d’utiliser l’excuse des enfants pour ne pas me maintenir en forme. Je me suis donc mis à manger énormément et à lever de la fonte. Flexion sur jambes, soulevé de terre, la totale… Je faisais ça depuis un an quand le script de Speak No Evil est arrivé. Ça tombait bien !
Speak No Evil est un remake. Vous connaissiez le film danois original, Ne dis rien ?
Non. Je l’ai vu après le tournage, et les deux films sont intéressants à comparer, à la fois similaires et différents. On comprend pourquoi ça a tapé dans l’œil de Jason Blum, c’est de l’horreur très divertissante, mais qui a aussi quelque chose à dire sur la société.
Jouer un type aussi inquiétant que Paddy, ça consistait à garder vos distances sur le plateau avec votre partenaire Scoot McNairy ?
Pas du tout, on était bons copains. Le tournage était très détendu, malgré la noirceur du film. C’était déjà le cas sur Split. Les deux enfants acteurs étaient protégés de l’horreur de l’histoire, ils couraient partout et s’amusaient comme des fous. Bon, j’en sais rien, peut-être que dans quinze ans, ils diront qu’on a bousillé leur vie, hein !
Speak No Evil, de James Watkins, avec James McAvoy, Mackenzie Davis, Scoot McNairy… Actuellement au cinéma.
Notre critique de Speak no evil
Commentaires