Le réalisateur du prochain film d’animation Dreamworks, présenté au Festival d’Annecy, nous décrypte la nouvelle bande-annonce qui vient d’être dévoilée.
Quatre ans après le live action L’Appel de la forêt, Chris Sanders (Lilo & Stitch, Dragons, Les Croods) retourne chez Dreamworks dans un nouveau film d’animation original, adapté du roman de Peter Brown : Le Robot Sauvage.
L’histoire est celle de Roz (doublée par Lupita Nyong’o), un robot de haute-technologie échoué sur une île dont elle ne connaît rien. Comme le montrait le premier trailer sorti il y a quelques mois, pour survivre, elle apprend à communiquer avec la Nature et finit par ne faire qu’un avec elle, s’affranchissant de sa programmation.
Bande-annonce pleine de poésie du Robot sauvage, le prochain DreamworksCette fois-ci, l’intrigue se dévoile dans une nouvelle bande-annonce qui met en scène les voix originales dont Pedro Pascal (Game of Thrones, The Last of Us, Mandalorian) en un petit renard sauvé par Roz. Protectrice et élève de l’environnement, Roz devient ce robot sauvage.
Accompagné du producteur Jeff Hermann (Kung Fu Panda 4), le réalisateur nous a livré sa vision des robots dans l’animation.
Chris, votre dernier film d’animation, Les Croods, est sorti il y a onze ans. L’animation vous a manqué ?
Chris Sander : Oui beaucoup. Je reviens dans une famille que j’aime. Il y a des artistes talentueux et des gens extraordinaires chez Dreamworks. Et je sais que ce que je dis peut sonner tout fait, mais c’est la vérité. Quelqu'un m'a dit un jour que Dreamworks était le meilleur endroit pour faire de l’animation. Nous pouvons faire n’importe quoi, mais nous ne pouvons pas tout faire. Cela veut dire : décide de l’histoire que tu veux raconter et nous allons la concrétiser.
L’histoire que vous avez décidé de mettre à l’écran est celle d’un robot nommé Roz. L’animation déborde de ce type de personnage. Entre Wall-E, Le Château dans le Ciel et Le Géant de fer, etc.
Jeff Hermann : Lorsque nous avons commencé à travailler sur le film, il y a eu un moment où nous avions un grand tableau blanc sur lequel nous mettions des images de chaque robot créé ces dernières années au cinéma auxquels nous pensions, et nous les avons rassemblés pour permettre à Chris de faire un tour d’horizon de qui existe, de nous dire ce qu’il trouvait réussi ou moins réussi, et nous demander ce que nous aimions chez chacun de ces robots. Tout cela, dans le but d’y puiser l’inspiration. Et un grand nombre de ceux que vous avez cité, figuraient sur ce tableau – en particulier Le Château dans le Ciel. Evidemment, vous pouvez voir certaines ressemblances avec Roz, et certaines d’entre elles sont des hommages délibérés de notre part aux robots du passé.
C.S : Là où nous avons eu de la chance, c’est que, si vous regardez les illustrations de Peter Brown, elles sont à la fois précises, mais aussi un peu vagues – ce qui est très utiles. Il a un style graphique incroyable avec des formes claires et solides. Il n’y a pas trop de détails, ce qui nous a laissé de la place pour inventer. Le résultat est à la fois formidable et classique à la fois – quelque chose d’unique. Et je trouve qu’elle est très bien comme ça.
J.H : Une des choses auxquelles Chris tenait beaucoup était de ne pas avoir beaucoup de détails au niveau du visage, juste des traits simples et basiques. Nous ne voulions pas de bouche articulée ou quoique ce soit de ce genre. Nous voulions tout simplement que ces yeux soient comme la fenêtre donnant sur la Terre afin de permettre au spectateur de voir à travers elle.
Justement, Roz débarque sur cette île dont elle ne connaît rien. Chris, à la sortie des Croods, vous aviez dit à Première : "Je suis intéressé par le fait de créer des personnages qui se retrouvent plonger dans l’inconnu, un monde mystérieux, grand et vrai". On pourrait en dire autant du Robot sauvage ?
C.S : Absolument. C’était une de nos lignes directrices qui nous a poussé à atteindre le style que vous voyez, en ce qui concerne la forêt. Nous avions besoin de ce sentiment concret d’un élément technologique disparu dans la nature. Et il était crucial pour les artistes de créer un environnement plus pictural et organique – et je dirais même un environnement dans lequel elle ne parvient pas à s’intégrer au début. En réalité, nous avons délibérément donné à Roz cette apparence high-tech lorsqu’elle se réveille sur la plage. Et dès lors qu’elle progresse dans l’histoire, elle devient de plus en plus usée. Elle obtient une patine, a de la moisissure, des égratignures et des bosses. A la fin du film, comme dans le livre, elle devient véritablement une créature de la forêt qui appartient à cet endroit.
Est-ce qu’on peut dire au fond que Roz ressent l’appel de la forêt ?
C.S : (rire) Absolument oui ! C’est toute l’idée. A un certain point de l’histoire, elle se rend compte qu’elle n’est pas à sa place. Elle a un moyen de partir, mais elle retarde son départ pour accomplir sa mission. Et dans le film, tout comme le livre, cela représente un risque. Plus elle reste longtemps sur place, plus elle succombe. Mais aussi, plus elle reste, et plus elle se rapproche de sa mission et de la petite oie qu’elle recueille. Elle finit par croire pour plusieurs raisons qu’elle appartient à cette île avec les animaux.
Lorsqu’on regarde la bande-annonce, on remarque que l’animation est différente de celle qu’on retrouve dans Dragons ou Les Croods. Expliquez-nous un peu le processus derrière tout ça.
C.S : Voyons voir. Comment tu décrirais cette animation ?
J.H : Dès le départ, nous avons tous ressenti à quel point cette histoire était unique et nous voulions que cela se reflète visuellement dans le film. Que vous soyez complètement immergé, sans être distrait par l’environnement.
C.S : Une des choses que nous avons remarqué en cours de route c’est que l’animation venait très rapidement. Je pense que c’est parce que nos animaux étaient des animaux. Dans la plupart des films, les animaux conduisent des voitures, ont des téléphones portables, un travail, etc. Alors que les nôtres sont juste des animaux à l’état sauvage. Roz communique avec eux. Il y a là un peu d’anthropomorphisme car ils parlent. Mais leur comportement reste réaliste. Nous avons Bambi, ou des films de Myazaki avec de vrais animaux. C’était notre opportunité d’en faire autant. C’est une histoire incroyable, et je peux le dire car elle nous vient du livre de Peter Brown et c’était notre travail de la transposer à l’écran.
Pour survivre, Roz apprend à connaître le monde qui l’entoure auprès des animaux et par la suite elle devient elle-même professeur de la Nature pour l’oiseau qu’elle prend sous son aile. Ce n’est pas plus comment entrainer son dragon, mais comment entrainez son oie !
C.S : (rire) Vous nous avez donné tout ce qu’il nous faut pour faire un nouveau film merci beaucoup ! Tout le monde est soit un enfant, soit un parent. Les parents eux-mêmes étaient aussi des enfants autrefois. Et dans le voyage qu’entreprend Roz avec ce petit oiseau, il y a quelque chose auquel nous pouvons à la fois comprendre et nous identifier. C’est aussi captivant. Roz accepte cette responsabilité alors qu’elle n’est pas programmée pour cela. Tout de suite, vous vous demandez, est-ce qu’elle va réussir ? Parce que les robots sont des êtres vulnérables, nous nous soucieux d’eux. Et je pense que quiconque regarde Roz s’inquiète pour elle. Elle est dans une situation dangereuse et elle a cette innocence. Alors quand elle adopte ce petit, elle a la force et la volonté de réussir, et lui est convaincu parce qu’il l’adore. Elle ne sait pas exactement ce qu’elle fait. J’ai ressenti la même chose quand ma fille est née.
Le Robot Sauvage sortira au cinéma le 9 octobre. Parmi les voix originales, on retrouvera également : Kit Connor, Stephanie Hsu et Mark Hamill. Voici la bande-annonce :
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