Découvrez notre critique de We need to talk about Kevin, qui sera projeté en séance de 22h30 ce soir à Cannes.
Du ciel, on voit une masse de corps indistincte bouger. Serré, organique, ce magma de chair, recouvert d’un linceul rouge qui pourrait être du sang, avance lentement. Et de cette fusion étrange sort progressivement Tilda Swinton… qui se réveille. A l’orée de We need to talk about Kevin, il y a 15 ou 20 minutes impressionnantes. Un quart d’heure où le film prend progressivement sens, et sort d’un indicible chaos mental. Le spectateur comprend 1/ que la structure sera faite d’aller et retours temporels balèzes, 2/ que Lynne Ramsay a un sens de l’image monstrueux et 3/ que Cannes 2011 vient vraiment de commencer.
We Need to talk about Kevin impose l’écossaise Lynne Ramsay comme une maniériste de haute volée : plans au cordeau, sens du montage terrassant, mélange des genres vénéneux…Le film commence fort. Très fort. Trop fort ? Une fois posé, le concept a du mal à tenir la longueur et surtout révèle un peu ses limites. Le film est parfois outrancier et un brin poseur. Pourtant, ce portrait complexe d’une mère et d’un fils qui s’achève en bain de sang impressionne. Notamment pour la manière dont Ramsay brouille les pistes entre film de genre (les séquences de rêve du début, le bambin diabolique qui ferait flipper Damien) et le film mainstream (une véritable étude psychologique qui se double d’une drame intimiste intense). Ramsay fait le grand écart entre la force intimiste et psycho de Bergman et la folie de Lynch. Balèze on vous dit.
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