Guide du 28 octobre 2020
Le Pacte / Les Films du Losange / Epicentre Films

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

ADN ★★☆☆☆
De Maïwenn

L’essentiel
Maïwenn s’interroge sur ses racines algériennes dans une autofiction portée par des acteurs déchaînés, mais qui vire à l’ego trip inconséquent.

La mort d’un grand-père algérien provoque la tristesse et les retrouvailles de sa famille… ADN commence dans le chaos, une collection d’instants saisis à la volée où s’agitent des personnages dont on va peu à peu finir par comprendre les liens de parenté. Tous sont incarnés par des comédiens déchaînés, parfois outranciers et, il faut le dire, assez irrésistibles : Fanny Ardant en mère toxique, Alain Françon en père facho, Dylan Robert en cousin tchatcheur, Louis Garrel en ex-déconneur… Maïwenn est toujours aussi forte pour capter des moments de vie chaotiques, bruyants, hystériques, et… plutôt marrants, oui, malgré le contexte funèbre.
Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIMÉ

UNE VIE SECRÈTE ★★★☆☆
De Jon Garaño, Aitor Arregi & José Mari Goenaga

Après le décevant Lettres à Franco d’Alejandro Amenábar et l’épatant Josep d’Aurel, un trio de cinéastes espagnols raconte l’histoire singulière d’un partisan républicain qui, pour échapper aux troupes franquistes, décide de se cacher chez lui avec sa femme. Une maison qui va devenir sa prison pendant des décennies, car la peur l’empêchera de mettre un pied dehors tant qu’un voisin pourrait le dénoncer. Bien que desservi par sa longueur, Une vie secrète raconte avec finesse comment l’amour fusionnel de ce couple va être mis à mal, et la parano de cet homme qui finira par douter de sa femme et se faire traiter de lâche par son fils né durant cette période. À quoi bon sauver sa vie si on doit la subir enfermé ? Telle est la question développée par ce récit où brille une fois encore le toujours impeccable Antonio de la Torre.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

GARÇON CHIFFON ★★★☆☆ / ★☆☆☆☆
De Nicolas Maury

POUR. Et si finalement la plus belle preuve de réussite du premier long de Nicolas Maury se trouvait dans ce pour/contre ? Dans cette impossibilité à obtenir un consensus devant une œuvre qui précisément le fuit et par là même séduit autant qu’elle peut agacer. TC

CONTRE. Il y a deux Nicolas Maury dans Garçon chiffon. L’acteur est doué et occupe une place à part dans le cinéma français où il a imposé sa singularité. Le réalisateur, lui, fait ses premiers pas derrière la caméra et force est de constater qu’il ne réussit pas totalement son coup. SB

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100% LOUP ★★☆☆☆
D’Alexs Stadermann

Freddy, un ado membre d’une famille de loups-garous nommée Lupin, se change en caniche le jour de sa transformation rituelle. Exclu de son clan, il doit pour revenir parmi les siens récupérer la « pierre de lune » volée par un glacier italien parano… Voilà un film d’animation ni pire ni meilleur que les autres du point de vue du character design et du rythme des vannes, souvent scatos, et dont on comprend vite qu’il vise un public très enfantin : les adultes vont s’ennuyer poliment, mais les plus jeunes seront probablement ravis devant les aventures du sympathique Freddy. En fait, 100% loup déploie dans ses effets de matière et de lumière le B.A.-BA d’animateurs compétents, dotés d’un matériel suffisant. Autant dire que c’est très propre, mais rarement brillant.
Sylvestre Picard

ISRAËL, LE VOYAGE INTERDIT : PESSAH
★★☆☆☆
De Jean-Pierre Lledo

Ce quatrième et dernier volet du documentaire fleuve de Jean-Pierre Lledo sur sa découverte d’Israël et sa confrontation avec les préjugés s’articule autour de la célébration de la fête de Pessah – où les Juifs commémorent l’exode hors d’Égypte – pour comprendre ce qui fait la résilience et l’âme de ce peuple. Le réalisateur qui a vécu en Algérie toute sa vie essaye, en compagnie de sa fille, d’analyser le rejet d’Israël par les pays arabes. Il découvre une société multiculturelle, dialogue avec Ron Havilio, le réalisateur de Fragments Jérusalem… Chacune de ses rencontres s’étend à chaque fois dans la longueur, ce qui explique la durée de ce documentaire complexe. Comme le cinéaste, le spectateur fait un voyage au long cours pour revenir sur une histoire occultée.
Sophie Benamon

SOUS LES ÉTOILES DE PARIS
★★☆☆☆
De Claus Drexel

Six ans après avoir traité des sans-abri dans son documentaire Au bord du monde, Claus Drexel renoue avec le sujet en passant par le prisme toujours casse-gueule du conte, qui pousse souvent à charger un peu trop la barque. Comme c’est le cas ici avec la rencontre entre deux solitudes – une SDF qui vit depuis des années sous un pont parisien, et un migrant de 8 ans perdu et séparé de sa mère sur le point d’être expulsée. Les intentions sont nobles mais le contraste entre la rudesse de la situation et un ton faisant la part belle aux bons sentiments – sans pour autant verser dans le misérabilisme ni l’angélisme – n’est pas toujours des plus heureux. Le récent Fahim de Pierre-François Laval souffrait exactement des mêmes limites. L’exercice du conte social ne tolère pas l’à-peu-près.
Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

VORTEX ☆☆☆☆☆
De Christophe Karabache

Huit films en huit ans. Christophe Karabache, réalisateur underground passé par le cinéma et le documentaire expérimental, tourne vite. Trop vite. Dans son nouveau long métrage, il orchestre la rencontre sanglante et vénéneuse entre un tueur incestueux (sic) et une femme mystérieuse organiquement liée à la nature qu’elle abreuve de son sang menstruel (re-sic). Gore et pornographique, provocateur en diable, Vortex commence par la voix off de l’homme qui vomit pompeusement sa haine du monde (« Ayant détesté toute ma vie les capitalistes avec l’universalisme impérial totalitaire et refusé de m’engager avec les gauchistes antilibéraux, (...) je reste confus »), avant de continuer sur un mode panthéiste et barbare, quasiment muet. Gaspar Noé et Carlos Reygadas revus à la truelle par Jean-Pierre Mocky.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
The Craft -Les nouvelles sorcières, de Zoe Lister-Jones
Vivante !, d’Alex Ferrini
Le bon grain et l’ivraie, de Manuela Fresil
Contre vents et marées, de Jean-Philippe Jacquemin

Reprises
À bout de souffle, de Jean-Luc Godard
Glengarry, de James Foley
L’avventura, de Michelangelo Antonioni