A couteaux tirés [critique]
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"La mécanique du suspense est diabolique, mais le plus impressionnant, c’est la manière, sophistiquée et aérienne, dont Johnson « twiste » les codes du genre."

France 2 diffusera ce dimanche, pour la première fois en clair, A couteaux tirés, de Rian Johnson. Un "whodunit" que Première vous conseille, en attendant ses deux suites, toujours filmées par le même cinéaste et portées par Daniel Craig en Benoît Blanc. Car après le joli succès de cette première enquête, sortie au cinéma fin 2019, Netflix a déboursé des sommes folles pour acquérir les droits de Knives Out et engager ses créateurs...

L'histoire d'A couteaux tirés : Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à la toute dernière minute.

La critique de Première : Depuis Les 8 Salopards et le remake du Crime de l’Orient-Express par Kenneth Branagh, il semblerait que le "film Cluedo" soit de nouveau à la mode. Un drôle de genre, aux contours un peu flous (ses représentants vont du Limier à Huit Femmes) et dont on ignore jusqu’au nom (whodunit ? murder mystery ?). On sait juste que, de loin, il sent l’encaustique et le défilé d’acteurs célèbres en pull de Noël. Bonne nouvelle : le film de Rian Johnson (qui avait besoin de se ressourcer après s’être mis la moitié de la population mondiale à dos à cause de son Star Wars mal-aimé, Les Derniers Jedi) est beaucoup plus retors et amusant que ça. Il y est question de la mort mystérieuse d’un célèbre auteur de romans policiers et de l’enquête d’un super détective répondant au patronyme de Benoît Blanc (Daniel Craig, assez génial en Hercule Poirot sudiste), à la recherche de l’assassin qui se cache dans les rangs de la famille timbrée du macchabée. La mécanique du suspense est diabolique, mais le plus impressionnant, c’est la manière, sophistiquée et aérienne, dont Johnson « twiste » les codes du genre, comme ça, juste pour le plaisir. L’histoire est racontée à travers les yeux de l’infirmière de la victime (extraordinaire Ana de Armas), incitant à voir ce jeu de massacre comme une satire de l’Amérique trumpiste, repliée sur elle-même, au bord de l’implosion. Mais même cette métaphore politique, qui pourrait peser trois tonnes, est légère comme une plume. Preuve ultime de l’élégance d’un crowd-pleaser grand style, vibrant d’une irrésistible énergie iconoclaste.


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