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David, l’androïde de Prometheus interprété par Michael Fassbender, est fasciné par Peter O’Toole dans Lawrence d’Arabie, dont il adopte la raideur aristocratique et la coiffure stricte après de multiples visionnages énamourés du film. Le choix de Ridley Scott d’insérer des images du classique de David Lean est tout sauf fortuit : le réalisateur justifie ainsi son ambition de conjuguer sens du spectacle et portrait intime d’un personnage hors du commun, tout en cautionnant les enjeux de son dernier long métrage, parabole sur la création de l’humanité et l’illusion cruelle du pouvoir absolu. T.E. Lawrence n’est-il pas cet officier anglais qui, se croyant investi d’un pouvoir quasi divin, fédéra les tribus arabes contre les Turcs et fut ainsi à l’origine de la naissance du nationalisme arabe ? Ce Britannique indiscipliné qui obéit difficilement à sa hiérarchie ? Cet illuminé qui fut puni d’avoir péché par excès d’orgueil ? Lawrence d’Arabie fait partie de ces chefs-d’œuvre inoubliables mettant en scène des héros bâtisseurs et fossoyeurs de leur propre légende.Lean de forceÀ film majeur, sortie Blu-ray d’exception. Une édition Deluxe limitée est proposée (elle reprend les bonus des coffrets DVD collectors), accompagnée d’un livre somme inédit plein d’anecdotes et d’images superbes du tournage. On y apprend, entre autres, que les choix judicieux de David Lean furent moins guidés par le génie que par les circonstances : Peter O’Toole et Omar Sharif n’avaient que le chef opérateur Freddie Young et le compositeur Maurice Jarre, tous des troisièmes, voire des quatrièmes choix ! Sans l’incandescence d’O’Toole, le charisme de Sharif, les trouvailles visuelles de Young (rehaussées par la remarquable restauration de l’image en 4K) et la musique de Jarre, Lawrence d’Arabie serait-il aussi accompli ? La question ne se pose heureusement pas.Christophe Narbonne