GALERIE
KMBO

Rencontre avec la jeune comédienne qui enchaîne avec bonheur son premier grand rôle dans le film de Romain de Saint- Blanquat et sa première visite à Cannes avec celui d’Antoine Chevrollier

On l’avait repérée voilà deux ans chez Sylvie Verheyde et Sébastien Betbeder. Mais ce mois de mai 2024 marque une étape décisive dans le parcours de Léonie Dahan- Lemort. D’abord avec La Morsure, le conte nocturne à l’atmosphère fantastique de Romain de Saint- Blanquat, où elle incarne, la nuit de Mardi Gras 1967, la jeune pensionnaire d’un lycée catholique persuadée qu’il ne lui reste plus qu’une nuit à vivre et qui décide de croquer à belles dents les heures qui lui restent. Son premier grand rôle sur grand écran où son charisme, sa cinégénie, la puissance toute en finesse de son jeu font merveille. Et hier, elle a connu sa première expérience cannoise grâce à La Pampa d’Antoine Chevrollier, accueilli avec un emballant justifié à la Semaine de la Critique et où dans un second rôle cette fois- ci, elle crève à nouveau l’écran. Rencontre avec une comédienne heureuse.

Avant que vous fassiez vos débuts sur grand écran en 2022 dans Stella est amoureuse, on avait pu vous découvrir sur le petit écran pendant trois saisons de la série Un si grand soleil. Qu’y avez- vous appris ?

Léonie Dahan- Lemort : Une efficacité indéniable ou, plus précisément, la possibilité d’être efficace si un metteur en scène me le demande. Ce fut une vraie école pour moi qui n’avais alors tourné que des courts métrages. Dans le jeu bien sûr mais aussi pour acquérir de l’aisance sur un plateau et me libérer de tout un tas de choses techniques qui peuvent entraver votre interprétation.

On imagine que l’école Sylvie Verheyde, votre réalisatrice de Stella est amoureuse, fut tout autre…

Oui mais ce fut une immense chance de pouvoir connaître les deux car tout se révèle complémentaire. Avec Sylvie, j’ai découvert… qu’il n’y avait pas de règle dans la manière de gérer un plateau ! J’ai expérimenté la liberté dans le jeu qui découle de celle de sa direction d’acteurs. Sylvie n’hésite pas à crier pendant les prises par exemple, à intervenir sans cesse. Et j’y ai aussi surtout noué une amitié qui reste toujours aussi forte aujourd’hui. C’est un peu ma maman de cinéma !


 

Et dans la foulée, vous vous confrontez à un autre type de cinéma, l’univers absurde et poétique de Sébastien Betbeder avec Tout fout le camp

Sébastien m’a permis de me rendre compte qu’à ce moment- là, je me sentais encore un peu entravé par des questions de légitimité. Et que ce n’était pas simple pour moi de trouver spontanément ma place face à des comédiens plus expérimentés que moi. Sébastien m’a aidé à débloquer les choses de ce point de vue- là sur ma manière de composer un personnage, le faire exister et à pouvoir découvrir mon plaisir à jouer la comédie, surtout quand elle est aussi absurde que celle que propose Sébastien.


 

Depuis mercredi, vous êtes à l’affiche de La Morsure, votre premier premier rôle sur grand écran que vous avez décroché par des essais. C’est un exercice dans lequel vous êtes à l’aise ?

Ca a longtemps été une source de stress. Car j’envisageais chaque casting comme la réponse à une question assez basique : vais-je décrocher ce rôle et pouvoir payer mon loyer ? Et puis, au fil du temps, j’ai réussi à voir ce passage obligé autrement : comme un exercice où j’allais pouvoir m’amuser à composer un personnage, comme une manière là encore d’apprendre mon métier, moi qui n’ai pas fait d’école. Aujourd’hui, l’amusement a pris le pas sur la pression. Et forcément, ça permet aussi de décrocher plus de rôles.

Qu’est ce qui vous a séduit dans celui que vous campez dans La Morsure ?

Ce qui est drôle, c’est que j’avais passé des essais pour ce film il y a deux ans déjà et que je n’avais plus eu de nouvelles, alors que j’avais été déjà hyper motivée. Car ils avaient perdu leur financement… Alors quand j’ai eu la chance de repostuler, j’ai de nouveau pu goûter à la finesse de l’écriture de Romain, à sa manière de nous projeter déjà par ses mots dans l’ambiance esthétique qu’il allait développer à l’écran. Et puis ce n’est pas tous les jours qu’on vous offre la possibilité d’incarner une sorcière ! (rires) Bien que situé dans la France de la fin des années 60, ce film et ce personnage parlent directement à la jeune femme des années 2020 que je suis. Le prisme du genre permet ça et Romain y évolue comme un poisson dans l’eau. J’ai pris un plaisir fou à l’accompagner dans la dernière ligne droite de ce projet qu’il a en tête depuis 5 ans, à servir sa vision puissante et précise.

 


 

Et dans la foulée, vous voilà cannoise avec la présentation d’un autre premier long métrage, La Pampa d’Antoine Chevrollier, en compétition à la Semaine de la Critique…

J’y incarne une jeune femme qui est née et a grandi dans le village de Maine- et- Loire où se déroule le film mais qui, en partant faire des études d’art à Angers, se trouve avec décalage avec ceux de son âge qui y sont restés, quand elle revient sur place. Mais au- delà du rôle, ce qui m’a emporté ici c’est la rencontre avec Antoine, la vision très claire qu’il avait de son film, le regard qu’il pose sur cette campagne française où il est né et qu’on voit peu dans le cinéma français. Mais aussi la place qu’il m’a laissée, son écoute sur les idées que je pouvais avoir. Ca donne une confiance incroyable. Et c’est ce qui explique, comme avec Sylvie Verheyde, le lien d’amitié qu’on a tissé. Je suis fière et heureuse pour lui qu’il soit invité à Cannes avec son premier film.

La Morsure. De Romain de Saint- Blanquat. Avec Léonie Dahan- Lemort, Lilith Grasmug, Fred Blin… Durée : 1h27. Sorti le 15 mai 2024