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Pour son premier long métrage, Guillaume Renusson a choisi de s’emparer d’un thème d’une actualité souvent tragique - le sort réservé aux réfugiés clandestins à la frontière franco- italienne - mais avec la judicieuse idée de faire se percuter deux histoires de survivants. Une femme qui a fui l’Afghanistan et tente de traverser la frontière en échappant à la surveillance d’une bande de fachos qui a décidé de faire sa police et un homme qui, rongé par la culpabilité après la mort de sa femme, part s’isoler dans un chalet perdu au milieu de nulle part, dans la montagne. Les Survivants transcende tout à la fois le drame intime et le film sociétal qu’il semble de prime abord développer pour se métamorphoser dans une fluidité jamais prise en défaut en survival alpestre où le duo va devoir rivaliser de courage, d’ingéniosité et transcender ses souffrances pour échapper aux griffes de leurs poursuivants prêts à tout pour les stopper dans leur périple. Mis en scène sans fioriture, à l’os, efficace mais jamais simpliste, Les Survivants s’appuie aussi sur un duo majeur, deux des piliers de l’été ciné 2022 : Denis Ménochet, le héros d’As bestas et Peter van Kant et Zar Amir Ebrahimi, le prix d’interprétation féminine cannoise pour Les Nuits de Mashhad qui pourrait bien décrocher en ce début 2023 une nomination aux Oscars. L’alchimie qui les unit dans ce chemin de croix flirtant en permanence avec une issue tragique tient un rôle essentiel dans la forte impression qui émane de ces Survivants- là.