Un fantasme norvégien qui dénonce de manière un peu grossière les tendances isolationnistes du monde actuel.
La dystopie est un genre fascinant et le concept de The Fortress a de quoi aiguiser notre désir - presque masochiste - d'imaginer le monde de demain, si près, si loin...
Quels sont les défis qui nous attendent ? Quelles horreurs vont nous tomber dessus ? La série norvégienne, qui débute ce soir sur Canal +, nous présente un monde où la Norvège, face aux pandémies et aux vagues migratoires, décide de se couper du reste du monde. Littéralement. Un premier ministre populiste largement élu fait ériger un mur immense le long des frontières du pays. Plus possible de rentrer. Le pays scandinave va désormais s'en sortir seul. Se détourner de l'Europe. Des autres. Ils ont du pétrole. Ils ont d'immenses terres à cultiver. Le pays nordique ainsi choisit la voie de l'auto-suffisance totale. Neuf ans plus tard, le chaos qui règne sur Terre lui donne raison ! Des centaines de milliers d'exilés fuient des pays ravagés par les crises et le dérèglement climatique, frappant désespérément à la porte du mur, tandis que la Norvège est devenue un Eldorado, presque l'Arche de Noé du genre humain...
Le modèle scandinave, si souvent mis en avant, est-il tellement vertueux qu'il peut s'affranchir du reste de l'humanité ? Les auteurs de The Fortress - récompensés au Festival Séries Mania en 2023 - jouent à répondre "oui", dans un prémisse fou et déconcertant. On s'amuse à se faire peur devant ce monde qui va à vau-l'eau et la réponse autoritaire qui en découle. La mise en scène est spectaculaire et procure ce petit frisson dans le dos qu'on attend d'une peinture de ce genre. D'autant que la série a l'intelligence de remettre en question la viabilité d'une telle société, cloisonnée et isolée.
Mais à partir de là, on aurait envie qu'elle casse les codes, déconstruise la géopolitique moderne. Or, The Fortress peine à surfer sur la force de son concept et s'englue dans une dénonciation didactique d'une Norvège fantasmée, dénonçant en filigrane es tendances isolationnistes du monde actuel encore traumatisé par le Brexit. L'intention a beau être louable, le commentaire politique est trop mou et trop convenu.
A ce petit jeu dystopique, on préfère la puissance dramatique d'un Years and Years, qui avait quelque chose de beaucoup plus vibrant. De plus universel aussi. Hasard ou coïncidence, on retrouve d'ailleurs dans The Fortress l'Anglais Russell Tovey, héros de la série de Russel T Davies et qui joue cette fois un migrant britannique en quête d'une vie meilleure en Scandinavie..
The Fortress, en 7 épisodes, à voir à partir du 2 septembre sur Canal +
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