Dany Boon et Benoît Poelvoorde sur le tournage de Rien à déclarer
Pathé

Le film de Dany Boon est rediffusé ce soir sur TF1. Tourné deux ans après Bienvenue chez les Ch'tis, cette fable contemporaine sur le racisme a bénéficié de moyens très importants.

Rien à déclarer, sorti en 2011 au cinéma, suit la cohabitation forcée entre un douanier belge qui déteste les Français et un douanier français amoureux de la sœur du premier. « L'idée a germé dans mon esprit pendant la tournée des avant-premières des Ch'tis, explique Dany Boon. Je me suis rendu plusieurs fois en Belgique et j'étais très étonné de voir que la zone frontalière était devenue un le no man's land. Quand j'étais étudiant aux beaux-arts en Belgique, dans les années 80, je passais très souvent la douane avec mon carton à dessin et je me faisais souvent arrêter ! »

En choisissant d‘ancrer l’histoire de Rien à déclarer au moment où L'Europe devient plus un seul espace où circulent librement les marchandises et les personnes, Dany Boon rentre de facto dans la catégorie « film d’époque ». Sur le plateau, les hommes et les femmes portent des chemises à gros imprimés, ils conduisent des Simca et des Peugeot... La première chose qui saisit quand on pénètre sur le plateau de Rien à déclarer, c'est l'impression bizarre de faire un bond en arrière. L'action se déroule essentiellement pendant l'hiver, juste avant l’ouvertire des frontières. « On a l'impression que c'était hier, souffle Dany Boon. Il y a l'informatique qui arrive, internet, les téléphones portables. »

Tout cela a un coût : 20 millions d'euros, soit presque le double des Ch'tis. Jérôme Seydoux, le producteur et grand patron de Pathé, venu sur le tournage, se délecte du spectacle. « Après les Ch'tis, confesse-t-il, c'était une évidence de poursuivre la route avec Dany. Tout le monde rêvait de faire le film suivant de l'homme qui a fait 20 millions d'entrées ! Il fallait mettre le budget pour un film d'époque tourné en extérieurs. Il y a beaucoup de boulot sur le décor ! »

C’est essentiellement entre la Belgique et la France que le film s’est tourné. A Macquenoise, une section de la commune belge de Momignies, située en Région wallonne dans la province de Hainaut, une rue entière a été réquisitionnée et « vieillie » par le décorateur Alain Veyssier. C'est comme un studio à ciel ouvert. Cette rue lie deux villages inventés par Dany Boon, Courquain la Française et Koorkin, la Wallonne. L’équipe a construit une boutique de chocolats belges, un primeur, un bar et un restaurant, Le No Man’s Land, tenu par un couple inédit, Karin Viard et François Damiens (qui n’a pas encore hérité d’une fille qui rêve de chanter). Une file de véhicules embouteille l’artère principale de la commune car un douanier tatillon a décidé de faire du zèle. C'est Ruben Vandervoorde, un douanier belge qui déteste les Français. « Mon personnage est pire que francophobe, confie Benoît Poelvoorde. Il faudrait inventer une définition du racisme anti-français pour lui. Faut pas essayer de lui trouver des excuses, c'est un con ! Pour le jouer, c'est pas compliqué, il suffit de regarder autour de soi, il y en a plein. » Pour cet homme, la fin des frontières est un drame. Le film démarre d'ailleurs sur son cri de détresse. Il ne faut pas moins de deux grues et une Steadicam pour suivre l'action. Dans la rue, le premier assistant, Nicolas Guy (un fidèle de Dany Boon depuis son premier film, comme la plupart des membres de l'équipe qui ont tous oeuvré au succès des Ch'tis), gère cent trente figurants, quinze voitures, une caravane, deux quinze tonnes, et… un camion-friterie. Dany Boon s'est même offert un rêve d'enfant pour sa séquence d'ouverture : un plan vu d'hélicoptère. « J'aime les comédies où il n'y a pas que du texte, mais aussi des gags visuels. J'utilise des focales courtes où on voit bien le décor. »

Comme avec Bienvenue chez les Ch'tis, le réalisateur creuse son sillon : faire rire avec la différence pour mieux la valoriser. L’histoire de Rien à déclarer est aussi inspirée de sa vie. « Mon personnage, Mathias Ducatel, précise Dany Boon, est motivé par l'amour. Il est amoureux d'une Belge dont le frère est le raciste Vandervoorde. C'est plus ou moins ce que j'ai connu à travers mes parents parce que mon père était de Kabylie et une partie de ma famille maternelle française a un peu rejeté le mariage mixte. » Le film rassemblera à sa sortie plus de 8 milions de spectateurs.

Bande-annonce :


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