"Oh, ils ont recommencé ?"
Après 28 Hotels Room, l’acteur/réalisateur Matt Ross revenait en octobre 2016 avec Captain Fantastic, l’histoire d’un père qui élève ses enfants en dehors de la société. Nous l'avions rencontré lors du Festival de Cannes, en mai de la même année, où le film était présenté dans la section Un Certain Regard. Nous republions cet entretien à l'occasion de la diffusion du film sur Arte.tv (il est disponible depuis dimanche et jusqu'au 27 juin) et de celle des Visiteurs en Amérique, ce soir sur TMC.
Première : Est-ce qu’une partie de vous est dans le personnage de Viggo Mortensen et rêvez-vous comme lui de cette vie en marge de la société ?
Matt Ross : Oui, j’en rêve un peu. Mais c’est un personnage très extrême. Beaucoup d’éléments de sa vie font partie de la mienne : le yoga, les arts martiaux, la maîtrise de plusieurs langages, la fascination pour Chomsky… Et comme lui, je fête l’anniversaire de la naissance de Noam Chomsky !
C’est marrant, ça me semblait un peu gros dans le film.
C’est pourtant la stricte vérité. J’ai inventé ça car Chomsky est mon héros. Bref, le personnage de Viggo est le père que j’essaie d’être.
Vous essayez d’élever vos enfants de la même façon que lui ?
Je vis dans la société moderne. Mais ma fille était dans les dernières de sa bande d’amis à avoir un téléphone portable par exemple.
C’est un peu la question que pose le film : comment vivre dans la société sans se faire intoxiquer par elle.
On vit soit en dehors de la société, soit dedans. C’est plus facile de dire "je ne mangerai plus du tout de sucre" que de se modérer. Mais c’est en même temps se priver d’un des plaisirs de la vie. Selon moi, il faut réussir à faire l’effort de ne prendre qu’un gâteau et de ne pas manger la boîte. Le personnage de Viggo évolue en se rendant compte qu’il est peut-être dans l’extrême. Et pour en revenir au téléphone portable, je trouve que c’est un objet incroyable mais addictif et parfois dangereux. Donc je fais attention inculquer à mes enfants de se limiter, de réussir à être responsables.
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Et pourtant à côté de ça, vous jouez le patron d’une société qui parodie Google dans la série Silicon Valley.
Ouais, c’est une coïncidence totale ! J’ai écrit le script avant de savoir que j’allais jouer dans la série. J’aimerais beaucoup continuer ce rôle, je prends un pied fou à jouer dans la série et tant que les showrunners voudront de moi, j’en serai. En tant qu’acteur, j’ai pu faire des choses formidables, bosser avec des réalisateurs incroyables comme Martin Scorsese et apprendre énormément sur le métier. Quand on m’engage pour jouer, je donne tout. Mais en fait je suis passionné par l’écriture et la réalisation, je veux faire des films. C’est ça qui me fait vibrer.
Comment gère-t-on autant d’enfants acteurs sur un tournage ? Est-ce que c’est compliqué de réussir à obtenir ce qu’on veut d’eux ?
Un gamin ne peut pas trouver le bon ton à chaque prise. C’est fugace, au moment où ils doivent dire leur texte, ils peuvent avoir oublié leur ligne ou manquer de rythme. Donc parfois j’ai posé la caméra devant eux et je leur ai fait répéter encore, et encore, et encore. En fait le vrai problème avec les enfants ne vient pas de leur façon de jouer, mais du fait qu’ils sont des enfants ! Ils doivent faire la sieste souvent et manger régulièrement, sinon ils s’endorment. Et ça donne des trucs géniaux, parce que des fois ils oublient que la caméra tourne. Comme dans la scène autour du feu de camp, le petit Charlie Shotwell s’est mis à se fouiller le nez. Ce n’était pas du tout dans le script et j’ai gardé le plan parce que c’était super, tellement naturel. Ça, c’est un exemple sympa, mais des fois ils se mettent à fixer la caméra ou à regarder en l’air ! Parce qu’ils oublient !
Je voulais aussi vous parler des Visiteurs en Amérique, dans lequel vous avez joué et…
(Rires) Oui c’est vrai.
Ne vous prenez pas la tête entre les mains comme ça !
Non non, je vous écoute !
Je vous en parle notamment parce que le troisième film est sorti dernièrement en France.
Oh, ils ont recommencé ?
Oui, et je voulais savoir quels sont vos souvenirs du tournage.
Bon, je crois qu’il y a un consensus sur la qualité du film, non ? Alors je vais évoquer les belles choses dont je me souviens, c’est-à-dire parler de vin avec Jean Reno, et manger et boire avec lui et Christian Clavier. J’étais ravi de jouer avec Reno que j’admire beaucoup et Jean-Marie Poiré a été adorable avec moi. Le reste... je le garde pour moi (Rires.)
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