Après la SF, le réalisateur d'Ex_Machina et Annihilation investit l’horreur et signe un conte féministe aux thèmes très contemporains mais nourri de légendes folk éternelles.
Chez Alex Garland, il est souvent question d’un lieu à explorer. D’un territoire à déchiffrer, qui permettra in fine de résoudre une énigme intime. Après le bunker high-tech d’Ex_ Machina, la forêt psychédélique d’Annihilation, le laboratoire quantique de la série Devs, Men propose de visiter un charmant coin de campagne anglaise. Harper (Jessie Buckley) y a loué une maison, pour se reposer et tenter de se remettre d’un événement traumatique, que le film dévoilera par bribes. En se baladant dans les bois alentour, en visitant l’église du village et le proverbial pub local, la jeune femme ne va pas tarder à s’apercevoir que tous les hommes des environs ont la même tête (celle de Rory Kinnear), comme dans une relecture horrifique de La Famille Foldingue, et que la nature, à son passage, semble émerger d’un long sommeil. Men est une fable sur la guérison et le retour à la vie, un écho aux préoccupations féministes de l’époque, un commentaire sur la masculinité toxique – question très contemporaine que l’auteur fond dans une atmosphère d’angoisse immémoriale, convoquant pour ce faire des mythes locaux, des symboles anciens de fertilité et de renaissance (l’Homme vert, la Sheela Na Gig...), et les codes de la folk horror. C’est un genre excessivement visité ces jours-ci (Midsommar, The Witch, The Third Day...) mais Garland parvient à en donner une vision très personnelle, extraordinairement investie, constamment surprenante, parfois très brutale, aussi brillante dans le registre de l’envoûtement que dans celui de la pure terreur.
Men, d'Alex Garland, avec Jessie Buckley, Rory Kinnear, Paapa Essiedu... Au cinéma le 8 juin.
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