Le film de Laurent Cantet a bien mérité sa Palme d'or.
François est un jeune professeur de français dans un collège difficile. Dans sa volonté d'instruire sans pour autant domestiquer, François n'hésite pas à aller chercher les adolescents là où ça fait mal, les mettant souvent face à leurs limites afin de les motiver. Quitte à prendre parfois le risque du dérapage.
Palme d'or au Festival de Cannes 2008, César 2009 de la meilleure adaptation, nommé à l'Oscar du meilleur film étranger en 2009, Prix Lumières du meilleur film la même année... Entre les murs, de Laurent Cantet, a accumulé les récompenses et les nominations pour les plus grands prix. Rien de plus normal tant le film séduit par son humanité et son portrait juste du monde du collège d'aujourd'hui. Avec son coscénariste et monteur Robin Campillo, Laurent Cantet a adapté le roman de François Bégaudeau en laissant une part d'improvisation. De quoi donner de brillantes joutes verbales entre les élèves et le prof incarné par l'auteur du livre.
"Portrait d’une humanité plurielle et imparfaite, état des lieux d’une démocratie à traiter avec vigilance, Entre les murs est un film plein, dense, qui questionne le monde", écrivions-nous dans notre critique sur ce long-métrage touchant et si réaliste. Le film avait tellement plu à Première qu'il avait eu le droit à deux critiques publiées dans le magazine et sur le web. Les voici :
Entre les murs conseillé par Isabelle Danel : De ce monde clos que chacun de nous connaît ou a connu, Laurent Cantet donne une vision à la fois synthétique et ouverte. Immense. En compagnie de son coscénariste (et monteur) Robin Campillo, il a gardé du texte initial l’essentiel et recréé une ambiance nécessaire aux improvisations dans le cadre d’ateliers théâtre. Au fil du temps, un groupe de vingt-quatre assidus s’est formé et des « caractères » ont émergé. Les improvisations ont été induites plus que dirigées par François Bégaudeau, ex-prof, écrivain, journaliste, coauteur du film et acteur à part entière. Sur l’imparfait du subjonctif, la question de l’autoportrait, le football, l’idée de la honte, la définition de l’insolence, la différence entre l’oral et l’écrit, ou le choix d’un prénom dans un exemple écrit au tableau, chacun y va de sa réaction. Il manque à ce film le silence pesant et l’ennui cuisant, mais les joutes verbales sont brillantes, les élèves d’une vivacité encourageante, et le prof manie la langue avec une ironie mordante et une certitude (feinte ?) qui le fait parfois déraper. Gentil, pas gentil ? Compétent et foutraque, tolérant et injuste, sûr de son bon droit et en proie au doute. Comme ses élèves, comme tout le monde, quoi. Portrait d’une humanité plurielle et imparfaite, état des lieux d’une démocratie à traiter avec vigilance, Entre les murs est un film plein, dense, qui questionne le monde.
Entre les murs conseillé par Gaël Golhen : Une palme pour Entre les murs de Laurent Cantet ? On ne fera pas la fine bouche (le film le mérite amplement), mais dans un festival qui a proposé des objets cinématographiques audacieux (Il Divo ou Gomorra), on s’étonnera de ce choix minimaliste… Si Sean Penn avait prévenu (la palme 2008 sera politique ou ne sera pas), on reste surpris qu’un film sélectionné au dernier moment, traitant d’un micro sujet sociétal (la vie d’une classe de quatrième dans un collège difficile) s’en tire avec tant d’honneur. Entre les murs plante sa caméra dans la vie d’une classe de quatrième. Avec une approche résolument documentaire (DV, acteurs non-professionnels, regard objectif), Cantet écoute la parole des enfants et des profs, regarde vivre sa classe, dissèque les succès comme les échecs du système scolaire tout en évitant les pièges du manichéisme ou du didactisme. Dans le genre (docufiction édifiante), c’est un sans faute…
Entre les murs est à retrouver ce soir à 20h55 sur France 4.
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