L’actrice honorée ce soir aux César avait joué dans plus de 100 films. Notre sélection de ses plus beaux rôles.
Mayerling (1936)
Actrice depuis sa prime adolescence, Danielle Darrieux devient une star à dix-neuf ans grâce au rôle de Maria Vetsera dont la liaison tragique avec l’archiduc Rodolphe d’Autriche (joué par Charles Boyer) incarne le romantisme à l’état pur. Sublimée par la photo noir et blanc d’Armand Thirard et Jean Isnard, Danielle Darrieux se transforme en DD, icône de papier glacé encore un peu tendre.
La Ronde (1950)
Le film du grand come-back pour Danielle Darrieux dont l’image avait été quelque peu écornée durant l’Occupation. Dans ce film à sketches d’Ophüls, la trentenaire qu’elle est devenue interprète une femme mariée frivolement éprise d’un jeune homme dont elle finit par rejeter les avances pour protéger sa vie conjugale. À partir de ce film, elle incarnera à merveille la grande bourgeoisie et son hypocrisie.
La vérité sur Bébé Donge (1952)
En jeune femme idéaliste puis en épouse frustrée, Danielle Darrieux incarne avec brio deux âges de la vie dans cette tragédie conjugale tirée de Simenon. On dit que c’est elle qui imposa Jean Gabin, alors un peu tricard (sa carrière en fut relancée), dans le rôle du mari peu attentionné de Bébé Donge. Rien que pour ça, le cinéma français la remercie.
L’affaire Cicéron (1952)
Pur chef d’œuvre de Joseph L. Mankiewicz, L’affaire Cicéron offre à Danielle Darrieux l’un de ses quelques rôles en anglais. Face à l’impérial James Mason, l’actrice française joue, avec un accent délicieux, une comtesse prête à tout pour conserver son rang à une époque trouble -l’action se passe en 1944. La garce idéale.
Madame de… (1953)
S’il ne fallait en garder qu’un, ce serait sans doute celui-là : en comtesse superficielle, prise au piège de sa frivolité, Danielle Darrieux tient le rôle de sa vie. Jamais un film n’aura capturé avec autant d’évidence l’insouciance fatale de celles qui ont tout et rien à la fois.
Le rouge et le noir (1954)
Dans cette adaptation de Stendhal, Danielle Darrieux est une nouvelle fois parfaite dans la peau d’une aristocrate blessée dans son amour-propre par un jeune et bel intrigant qui fut son amant. À 37 ans, l’actrice est au sommet de sa beauté et de son art subtil de la dissimulation.
Marie-Octobre (1959)
Danielle Darrieux est –quasiment- la seule femme d’un casting réunissant, excusez du peu, Bernard Blier, Lino Ventura, Paul Meurisse et Serge Reggiani. Sorte de cluedo géant prenant place dans une maison bourgeoise où sont invités d’anciens membres d’un réseau de résistance, elle impose à la fois une présence puissamment féminine et une autorité virile.
Les demoiselles de Rochefort (1967)
1967. Danielle Darrieux fête en grande pompe ses cinquante ans et sa période “mère de”. Dans ce registre, son personnage de génitrice exubérante de Catherine Deneuve et de Catherine Dorléac est emblématique. Une véritable passation de pouvoir entre l’ancienne et la nouvelle génération qui se répétera pour le meilleur. D. Darrieux rejouera ainsi la mère de C. Deneuve dans Le lieu du crime, Huit femmes et Persépolis.
Une chambre en ville (1982)
L’œuvre au noir de Jacques Demy, le versant tragique des Parapluies de Cherbourg. Danielle Darrieux y interprète une veuve déchue et alcoolique qui héberge le héros prolo du film (Richard Berry), amoureux de la fille (Dominique Sanda) de cette logeuse intransigeante. L’œil bleu se fait noir mais la prestance est toujours la même.
8 femmes (2001)
Le dernier grand rôle de Danielle Darrieux. Une offrande de la part de son plus grand fan, François Ozon, biberonné à Ophüls et à Demy. La vénérable actrice, âgée de 84 ans, y interprète, de façon déchirante, la chanson finale, « Il n’y a pas d’amour heureux », comme un écho à son passé de jeune héroïne romantique.
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