Première
par Sylvestre Picard
Il y a des fantômes (normal), des esprits taquins, du surnaturel dans tous les coins. Okko perd ses parents dans un accident de voiture, la voilà recueillie par ses grands-parents qui tiennent une auberge traditionnelle. Elle y sympathisera avec trois fantômes enfantins qui hantent l'endroit. Malgré son pitch surnaturel, Okko et les fantômes appartient à une école fondamentalement réaliste de l'animation japonaise : l'un des films du réalisateur Kitaro Kosaka était Nasu, un été andalou (2003), sur un coureur cycliste qui fait le Tour d'Espagne. Cette tendance au réalisme -dans le découpage très calme, dans le choix des cadres à distance respectueuse, dans l'humour léger et quotidien- nous permet de nous sentir au plus près de ses personnages. Le sujet complexe et bouleversant (quand on est enfant, comment faire face au deuil ? Comment se construire une place dans le monde quand ceux qui devaient vous élever ont disparu ?) se croise au cours de ses récits multiples et fragmentés (les clients de l'auberge apportent chacun leur mini-récit qui enrichit la trame sans l'affaiblir) d'une belle réflexion sur la tradition et le passé qui évoque évidemment le fameux Your Name. (2016) et sa magie du saké, clef d'un monde étranger et proche. Ici, c'est en découvrant et en transcendant la tradition culinaire du Japon -cette scène finale de festin, bon sang- qu'Okko trouvera un moyen d'échapper au chagrin morbide pour espérer devenir une adulte. On quitte Okko et les fantômes à regret, mais avec un appétit fou.