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Soutenu par Diego Luna et Gael García Bernal, Miss Bala traîne une réputation d’uppercut de festivals. Autant dire que, dans le registre du gros film de petit malin, on redoutait le pire (film-dossier vériste, misérabilisme, voyeurisme, pathos, cultisme, indignation facile). Mais, miracle : le sujet, déjà puissant (une reine de beauté, obligée de pactiser avec le mal, découvre les arcanes d’un pays à feu et à sang), est développé comme une parabole dostoïevskienne sur la corruption d’une âme innocente par la société. Gerardo Naranjo ose une mise en scène aérienne, presque douce, pour traiter d’un sujet dur, enchaînant les plans-séquences comme son compatriote Alfonso Cuarón dans Les Fils de l’homme. Les mal-lunés crieront sans doute à l’exercice de style poseur. On leur aurait donné raison si cette virtuosité formelle n’épousait pas le point de vue de l’héroïne ambiguë (victime et complice malgré elle), si elle ne faisait pas décoller le récit d’une réalité « sang pour sang » noire et si elle ne proposait pas une approche onirique de dérive kafkaïenne, un peu dans la logique surréaliste du Dementia de John Parker (1955). Au-delà de la dénonciation du système et de la description d’une culture mexicaine imperméable à la loi, Miss Bala n’est ni plus ni moins qu’une variation contemporaine d’Alice au pays des merveilles dans laquelle une beauty queen, naguère cachée dans des pétales de rose, se perd avec nous
dans les dédales d’un songe horrible, une couronne de sang sur la tête, avant un réveil d’une cruauté inouïe.
Toutes les critiques de Miss Bala
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Gerardo Naranjo s'ajoute à la liste des cinéastes mexicains à suivre de près grâce à ce thriller à forte dimension humaine. (...) Un portrait sans compromis, sombre mais nuancé, qui érige "Miss Bala" en film choc. Pour une fois que le terme n'est pas galvaudé...
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Cette frénésie paraît légèrement artificielle, au début, puis plus du tout. Gerardo Naranjo signe une mise en scène presque fluide malgré les retournements de situation : la fuite en avant vire au tourbillon, à la ronde vertigineuse.
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Tragédie implacable,Miss Bala de Gerardo Naranjo passe du film social et intimiste au pur film d'action,en laissant toujours place au suspense.
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« Miss Bala » reste un polar très efficace, qui siffle comme une balle.
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par Romain Le Vern
L'intérêt du film réside dans sa mise en scène hallucinante, à la fois instinctive, mentale et hyper travaillée, privilégiant les plans-séquences pour inscrire l'action dans la durée. .
A travers son nouveau long métrage, "Miss Bala", le réalisateur mexicain enquête avec une précision documentaire sur la corruption et la violence quotidienne qui gangrènent le pays.
"Miss Bala", formidable fiction qui raconte le conflit entre les narcos et ce qui tient lieu d'appareil d'État au Mexique, réussit à déjouer [la] surenchère spectaculaire pour revenir au coeur de la tragédie, à la vie des survivants, à la mort des victimes.
Si la mécanique narrative plombe un peu le récit, le réalisateur signe le formidable portrait d'un pays soumis au bon vouloir des barons de la poudre.
Un drame saisissant d'où émerge une actrice à suivre : Stephanie Sigman.
On retient l'originalité du point de vue et l'impact de la mise en scène. Immersion garantie !
Stefanie Sigman, Cendrillon au prince pas vraiment charmant, éclaire ce drame sombre d'une beauté qui causera la perte de son personnage.
Beauté publicitaire et brutalité du réel : deux facteurs a priori paradoxaux, mais aux retentissements médiatiques comparables, dualité seyant bien à une double peinture saisissante, mais non sans ambiguïtés.
A force de ne rien vouloir épargner à son héroïne (et du même coup au public), le film finit par anesthésier toute capacité d'indignation.
Dommage,(...) que la conclusion en question soit d’un didactisme lourdaud, avec rappel du nombre de victimes occasionné chaque année par le trafic de drogue. En cela redondant et longuet, Miss Bala ne tient pas toutes les promesses affichées par sa belle réputation et son thème aguicheur, mais tient la route grâce à un impeccable sens de l’action et un casting convaincant. Nul doute que le cinéaste se fera une place bien au chaud à Hollywood.
Sans ménagement, le réalisateur vous propulse, d'un bon coup de crosse, dans les entrailles d'un Mexique gangréné par la corruption, pourri par le trafic de drogue et défiguré par la violence quotidienne endémique. Sa force (...) tient à sa mise en scène aussi redoutable qu'une mitraillette Uzi (...) on pourrait résumé Miss Bala au calvaire d'une gamine qui se fait violenter pendant 113 minutes d'affilée. Sans doute une version mexicaine de la Journée de le Femme.