Javier Bardem dans Skyfall : Comment devenir un méchant à la hauteur des précédents ?
Javier Bardem dans Skyfall : Comment devenir un méchant à la hauteur des précédents ?
Gert Fröbe, alias Auric Goldfinger, dans Goldfinger (1965)
"Lorsque j'ai accepté le rôle, mon premier réflexe a été de visionner les films précédents pour voir ce que je préférais chez les différents méchants de la saga. Mais je me suis très vite rendu compte que c'était la pire des choses à faire. En allant sur ce terrain, toute mon interprétation s'alignerait sur ce qu'il y avait eu auparavant. Soit j'allais copier les meilleurs et essayer de les surpasser, soit j'allais m'interdire certaines pistes. Mais jamais je ne réussirais à créer "mon" Silva... C'était stupide ! J'adore certains vilains de la franchise : Jaws, mais aussi Zorin ou Goldfinger. Silva appartient à cette lignée, tout en étant totalement à part. Le script montrait que le personnage était fort et pouvait donner lieu à toutes sortes d'interprétations. Le contraire d'un méchant d'opérette."
Richard Kiel, alias Jaws, dans L’Espion qui m’aimait (1977) et Moonraker (1979)
"Mon méchant de James Bond préféré ? Jaws, sans hésiter. Parce que j’adore Richard Kiel qui fait surgir l’émotion derrière sa mâchoire d’acier. Quand il devient gentil dans Moonraker, c’est formidable ! Derrière le monstre, d’un seul coup on voyait l’être humain... Les vilains manquent souvent d'épaisseur. Jouer le mal pour le mal ne m'intéresse pas. C'est comme incarner un aveugle ou un boiteux, ça ne veut rien dire. Dès la lecture du script, j'ai trouvé que Silva avait tout ce qu'on attend d'un méchant dans un James Bond. Il a une réelle profondeur et une véritable raison d'être, en tout cas je crois ! Ses motivations sont à la fois tordues et passionnantes. Ce qui m'a toujours plu dans ces films, c'est qu'ils sont à mi-chemin entre la réalité et la fiction."
Christopher Walken, alias Max Zorin, dans Dangereusement vôtre (1985)
"Ce n'est pas la première fois qu'un acteur se fait décolorer les cheveux pour incarner un méchant dans la saga : Christopher Walken l'avait déjà expérimenté dans Dangereusement vôtre. Mais maintenant, je peux vous le dire : j'ai toujours rêvé d'être blonde et, grâce à Skyfall, c'est enfin devenu réalité. (Rire.) Plus sérieusement, l'idée est de Sam Mendes. Quand il m'a expliqué les raisons de ce choix, quel sens ça aurait dans le film, et surtout que cette perruque permettait de rendre un hommage à Zorin (le personnage de Christopher Walken), j'ai tout de suite accepté. Les méchants dans les James Bond se caractérisent souvent par un détail physique particulier : la cicatrice du Chiffre, la blondeur de Zorin, le téton de Scaramanga... Silva s'inscrit dans cette tradition, mais pas seulement."
Jonathan Pryce, alias Elliot Carver, dans Demain ne meurt jamais (1997)
"Le look du personnage vous fait penser à Julian Assange ? Le rapprochement est malin, mais je n'en dirai pas plus... En revanche, c'est vrai que les meilleurs vilains de la saga ont toujours joué sur la paranoïa et les peurs des spectateurs. Ce ne sont pas uniquement des clowns ou des méchants au comportement outré. Dans chaque volet, les ennemis de 007 incarnent les préoccupations de l'époque qui les a vus naître. Prenez par exemple Elliot Carver (nabab murdochien dans Demain ne meurt jamais)." (...)
Mads Mikkelsen, alias Le Chiffre, dans Casino Royale (2006)
"(...) ou, dans une certaine mesure, Le Chiffre, qui finance le terrorisme international dans Casino Royale ? Ces échos à l'actualité contribuent aussi à la richesse de la franchise. Pour ce qui est de Silva, vous verrez bien !"
Javier Bardem, alias Anton Chigurh, dans No Country for Old Men (2008)
"Chigurh, avec les Coen, on l’a travaillé comme un symbole. Le symbole désincarné de la violence et du mal. Il a différentes couleurs. Il s'agissait moins d'un personnage que d'une idée. Il surgissait de nulle part pour personnifier la destinée violente et funeste des autres protagonistes. Il fallait que je le joue en deux dimensions, c'était très intellectuel... Paradoxalement, Silva est plus humain. Il a davantage, comment dire, d'allure, de relief. Ne me demandez pas d'élaborer, je ne sais pas bien moi-même ce que je suis en train de raconter ! (Rire.)"
Javier Bardem, alias Raoul Silva, dans Skyfall (2012)
"Disons que l’idée c’était de trouver un terrain d’entente entre réalité et fiction. Avec un hommage aux vilains de la saga... Le film en tant que tel est très puissant et il brasse des thèmes très forts. Le personnage qu’on m’a offert était dense et il y a vraiment des scènes... Waouh... Spectaculaires. Et puis : Sam Mendes à la réalisation, le James Bond des 50 ans... Comment dire non ? (...) Quand j’ai lu le script, je savais que c’était un James Bond. Mais je voulais savoir ce qu’il y avait à jouer. Et Silva était vraiment intéressant."
Javier Bardem, alias Raoul Silva, nous explique le secret pour être "un bon(d) méchant" face à l'agent 007.
Skyfall, deSam Mendes, sera rediffusé en ce lundi férié sur France 3. L'occasion de replonger dans les archives du magazine Première, qui avait interrogé le vilain de ce 23ème opus lors de sa sortie, en octobre 2012.
S'il ne voulait rien nous dire de l'intrigue de ce blockbuster, Javier Bardem, qui s'est effectivement révélé effrayant face à Daniel Craig, revenait sur quelques exemples de grands méchants de la franchise qui l'avaient marqué, mais aussi sur la figure maléfique phare de sa propre filmographie : Anton Chigurh, dans No Country for Old Men (2008).
Propos recueillis par Gaël Golhen
L'histoire de Skyfall : Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…
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