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A l’origine, Manifesto est une installation cinématographique de l’artiste Julian Rosefeldt. On y voit Cate Blanchett interprétant 13 personnages, allant du punk au sans-abri, en passant par une scientifique, une présentatrice télé ou une veuve. Chacun d’entre eux récite, à sa façon, des manifestes connus, politiques, artistiques ou autres, dans des segments d’une durée fixe de 10min et 30 secondes. Ainsi retrouve-t-on ceux de Tristan Tzara, Karl Marx, Lars Von Trier, Jim Jarmusch, Paul Eluard ou Guy Debord, par fragments, pour évoquer, en tout, 12 grands courants de pensée ou artistique allant du situationisme au Pop Art, en passant par le surréalisme ou le dadaïsme. Projetée pour la première fois à l’Australian Center for the Moving Image à Melbourne en 2015, puis à Berlin et à New York, l’oeuvre qui tenait plus de l’art contemporain que du septième (art) a finalement eu droit à sa version salle, réarrangée en 90 minutes. Si, de prime abord, le parti-pris semble pompeux et peu adapté à la salle, la présence de Cate Blanchett valide ce passage par la case cinéma. On retrouve son charisme, sa voix grave et le physique caméléon, dont elle avait déjà usé dans I’m not there en incarnant Bob Dylan. Mais c’est surtout le fond, cette capacité à amener ces manifestes connus sur des terrains très triviaux (un enterrement, un journal de 20h…) qui leur permettent de résonner sous un jour nouveau, dépourvus des aprioris que l’on pourrait avoir sur eux. Les mots sonnent, et on les écoute comme si on les entendait pour la première fois.